A Prague, une conférence sur l’Afrique « jeune et innovante »

Le Palais Czernin, photo: Magdalena Hrozínková

Donner une image réaliste, équilibrée de l’Afrique, présenter ce continent dynamique au-delà des stéréotypes, tel était l’objectif de la Semaine de l’Afrique qui s'achève ce samedi en République tchèque. Dans son cadre, le ministère des Affaires étrangères a accueilli, jeudi, une conférence internationale intitulée « L’Afrique créative, innovatrice et participative ».

Le chef de la diplomatie tchèque,  Tomáš Petříček,  et l'ambassadrice du Ghana,  photo: Magdalena Hrozínková
« La conférence a été bonne pour nous, les Africains, car nous avons vendu l’image de l’Afrique, nous avons incité les Européens à investir. Ils sont nombreux à ignorer que l’Afrique est riche. Alors nous avons voulu montrer cette bonne image de l’Afrique qui n’est pas celle que vous pensez être. »

Représentants d’institutions, d’entreprises, d’organisations à but non lucratif, diplomates, journalistes et artistes, ils ont tous été invités au Palais Czernin, siège pragois du ministère des Affaires étrangères, pour discuter, comme l’a indiqué Isaac Mwenebatu Sumaili, chargé d’affaires à l’ambassade de la République démocratique du Congo, du fort potentiel de l’Afrique dans différents domaines.

En effet, de plus en plus d’entreprises africaines saisissent les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies pour inventer le futur. L’émergence de nouvelles startups africaines et leur capacité à imaginer des solutions pour l’avenir, dans les secteurs de la santé, de l’agriculture ou autres, a été maintes fois évoquée lors de la conférence, notamment par l’animateur éthiopien de l’émission télévisée TechTalk, Solomon Kassa, mais aussi par le ministre tchèque des Affaires étrangères, Tomáš Petříček. On l’écoute :

« Il existe en Afrique de nombreuses startups qui utilisent les nouvelles technologies de manière très innovante et originale. Je pense que les entrepreneurs tchèques pourraient s’en inspirer. Voilà pourquoi je compte visiter, cette année encore, deux pays africains, probablement l’Ethiopie, le Kenya ou la Zambie, avec l’objectif d’emmener dans ces pays des chefs d’entreprises tchèques. »

Le Palais Czernin,  photo: Magdalena Hrozínková

Ceci n’est pas le seul projet africain de Tomáš Petříček pour les mois à venir. Pour le ministre, l’Afrique figure même parmi les priorités de la diplomatie tchèque :

« Evidemment, nous sommes tout autant préoccupés par les conflits militaires, le terrorisme, les migrations et les retombées des changements climatiques. Avec les ministres de l’Intérieur et de la Défense, nous sommes en train d’élaborer des programmes tchèques qui pourraient contribuer à la stabilisation de l’Afrique du nord et de la région du Sahel, qui est liée à la question migratoire. »

« Je rappelle aussi que la République tchèque ouvrira cette année son ambassade au Mali où sont déployés des soldats tchèques. L’objectif est de renforcer notre présence diplomatique et politique en Afrique. Enfin, l’Agence nationale pour le développement encourage la coopération entre les entreprises tchèques et africaines. Nous avons mis en place un programme pilote intitulé Záruka (Garantie). Destiné aux entrepreneurs tchèques, il est censé diminuer les risques d’investissement dans les pays en voie de développement. »

Perspectives pour la jeunesse : un enjeu afro-européen

Nathalie Delapalme,  photo: Magdalena Hrozínková
Intervenante à la conférence pragoise, Nathalie Delapalme dirige, à Londres, la Fondation Mo Ibrahim qui se concentre sur les questions de gouvernance publique en Afrique. Pour elle, ce rendez-vous a été une opportunité d’évoquer un autre sujet encore, celui de l’avenir des jeunes :

« Je trouve que c’est formidable de se réunir ensemble autour d’un sujet d’intérêt commun. Car l’avenir de nos deux continents, africain et européen, est étroitement lié. On ne peut plus parler d’un simple voisinage, mais d’une relation de copropriété. C’est un avenir commun. Effectivement, les 54 pays africains ont chacun une trajectoire différente, mais un sujet les réunit : c’est la jeunesse. Actuellement, plus de 60% de la population du continent a moins de 25 ans. Là encore, il faut impérativement travailler ensemble pour donner des perspectives solides et soutenables à cette jeunesse qui, pour l’instant, a le sentiment d’en être relativement dépourvue. C’est notre enjeu commun. »

Le Palais Czernin,  photo: Magdalena Hrozínková