Droit d’asile : la Tchéquie est le pays le plus strict de l’UE

Photo illustrative: Jacqueline macou / Pixabay, CC0

On savait que la République tchèque était plus que réticente à l’idée d’accueillir des réfugiés et à leur accorder l’asile politique – si on en croit les chiffres publiés par Eurostat, elle est tout simplement le pays le moins généreux en la matière. Pour l’année 2018, le ministère tchèque de l’Intérieur n’a répondu favorablement qu’à une demande sur dix, soit le taux le plus bas de toute l’Union européenne.

Photo illustrative: Jacqueline macou / Pixabay,  CC0
165 décisions positives relatives aux demandes d’asile, dont 45 statuts de réfugiés accordés et 120 protections subsidiaires : c’est le bilan de la politique tchèque en matière d’asile pour l’année 2018.

Cela représente un taux de refus d’environ 90% sur les 1385 demandes déposées, bien au-dessus de la moyenne européenne (63%) et classe la Tchéquie en dernière position, derrière la Pologne.

Eurostat montre que ce sont aux ressortissants de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak que l’asile a été le plus fréquemment accordé en Europe l’année dernière, mais pas en Tchéquie selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Ondřej Krátoška :

« Les demandeurs d’asile de ces pays font partie des groupes les plus menacés selon le droit international et ils représentaient 30% des demandes déposées dans toute l’UE. Mais en République tchèque, ils ne représentaient que 7,5% du total des demandes déposées. »

Un quart des demandes d’asile en Tchéquie ont été déposées par des citoyens Ukrainiens, un pourcentage relativement élevé tout comme celui concernant les citoyens de Géorgie (10%), de Cuba (9%) ou d’Arménie (7%).

Photo: Správa uprchlických zařízení ministerstva vnitra
Omid est lui récemment arrivé à Prague de Téhéran, la capitale iranienne, où il a dû tout laisser derrière lui. Il a déposé une demande d’asile et tente de garder espoir, malgré des chiffres qui ne rendent pas vraiment optimistes :

« J’ai été en contact avec des gens de l’opposition politique en Iran et cela n’a pas plu au gouvernement. Tout a basculé d’un coup et j’ai appris que j’étais en danger. Heureusement je n’étais pas en Iran à ce moment-là mais j’ai dû faire le choix le plus difficile de ma vie – quitter mon travail, ma maison, ma famille et mes amis. Maintenant la Tchéquie est mon seul espoir, ils m’ont dit d’attendre, cela peut prendre jusqu’à 15 mois. C’est important que la Tchéquie et l’UE sachent que la situation est très mauvaise en Iran, pas seulement pour moi. »

Hana Franková travaille pour l’ONG tchèque OPU qui vient en aide aux réfugiés. Selon elle, les dossiers ne font pas l’objet d’une étude assez approfondie par les autorités :

Hana Franková,  photo: ČT
« Lorsque nous prenons connaissance du parcours individuel de certains demandeurs, en écoutant et en étudiant les cas, il nous apparaît comme évident que des demandes auraient dû être acceptées, qu’il y avait un danger réel pour la personne. Je pense que le ministère de l’Intérieur fait souvent mal son travail. D’ailleurs les juges donnent parfois raisons aux requérants, mais ils ne peuvent que renvoyer le dossier au ministère, qui peut malgré cela à nouveau rejeter la demande de protection. »

D'après Hana Franková, Prague devrait au moins garantir une autre forme de protection à défaut d’accorder l’asile, comme le font d’autres pays de manière plus systématique avec la protection subsidiaire ou l’autorisation de séjour pour des raisons humanitaires.