Migration : le groupe V4 et l’Allemagne souhaitent aider le Maroc
Angela Merkel était à Bratislava, jeudi, où elle a rencontré les dirigeants des quatre pays réunis au sein du groupe de Visegrad (V4). Avec ses homologues d’Europe centrale, la chancelière allemande a discuté du cadre financier pluriannuel de l’Union européenne, des prochaines élections au Parlement européen, de numérisation ou encore de la politique étrangère et de défense de l’UE. L’occasion aussi pour l’Allemagne et le V4 d’annoncer la préparation d’un programme commun d’aide au Maroc.
« Les pays du V4 et l’Allemagne ont décidé de mettre en place un projet concret au Maroc. Notre objectif est de cerner les origines de la migration et d’apporter des solutions concrètes. Désormais, nos experts se pencheront sur le projet, pour que nous puissions annoncer, d’ici quelques semaines, la forme concrète de sa réalisation. »
Peter Pellegrini a eu beau insister sur le mot « concret », ce programme d’aide n’en conserve pas moins des contours très flous, comme l’a reconnu le Premier ministre tchèque. C’est pourtant Andrej Babiš en personne qui a initié ce projet, en bon connaisseur du Maroc, où il a vécu et travaillé dans les années 1980. On l’écoute :
« C’est une proposition que j’ai faite spontanément. Les pays du V4 ont investi plusieurs dizaines de millions d’euros dans la lutte contre la migration illégale, mais personne ne sait très bien comment cet argent a été utilisé. Si la République tchèque doit continuer à financer ce genre de projets, elle le fera de manière concrète, pour que le pays destinataire le sache. (…) Nous avons choisi le Maroc en tant que pays d’où arrivent actuellement en Europe le plus grand nombre de migrants illégaux. (…) Pour l’instant, il n’existe aucun projet précis, le V4 et l’Allemagne ont juste annoncé leur intention d’aider le Maroc. Maintenant, il faut développer cette idée et entamer des négociations avec les autorités marocaines. »
L’avenir de ce projet, ainsi que des relations entre l’Allemagne et ses partenaires centre-européens en général, dépendra entre autres des résultats des élections européennes en mai prochain. Celles-ci ont également été discutées par Angela Merkel et les Premiers ministres Babiš, Pellegrini, Orban et Morawiecky.« Je m’attends à ce que le futur président de la Commission européenne soit à l’écoute de tous les Etats membres de l’Union européenne, qu’il soit sensible à leurs besoins et qu’il lutte contre la bureaucratie », a indiqué le chef du gouvernement tchèque, précisant que la Tchéquie souhaitait disposer de plus de liberté et de flexibilité dans l’utilisation des fonds européens.
« Nous voulons une Europe forte et nous voulons collaborer en son sein », a déclaré, pour sa part, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, pour qui le V4 constitue même « le noyau » et « la force motrice du développement de l’Union européenne ». Son homologue polonais Mateusz Morawiecki, lui, a tenu à souligner que « les pays du V4 représentent le principal partenaire commercial de l’Allemagne », bien plus important que d'autres pays y compris la France.
Une opinion quelque peu contestée, ce vendredi, par le quotidien tchèque Lidové noviny. Dans un article intitulé « Avons-nous le même poids que la France ? », le journal constate qu’il serait illusoire de penser que le V4 jouirait, aux yeux de Berlin, de la même importance politique que Paris, et ce du fait que la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie adoptent, face à l’Allemagne, des politiques différentes.
Enfin, le sommet de Bratislava a été l’occasion pour les cinq chefs de gouvernement de signer une déclaration commune pour commémorer les trente ans de la chute des régimes communistes en Europe centrale.