Prague reconnaît l’opposant vénézuélien Juan Guaido comme « président en charge »
Chef de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido a été reconnu président par intérim par une dizaine de pays de l’Union européenne, dont la République tchèque. Une reconnaissance annoncée, lundi, par le vice-Premier ministre tchèque Jan Hamáček. Prague a ainsi suivi l’exemple de l’Espagne notamment, pays où résident environ 200 000 Vénézuéliens et premier Etat européen à reconnaître, lundi matin, la légitimité du président autoproclamé Juan Guaido.
Le chef de la diplomatie tchèque Tomáš Petříček explique :
« Il est clair que la dernière élection présidentielle au Venezuela ne s’est pas déroulée conformément aux standards internationaux. Son résultat n’a pas été reconnu par l’Union européenne et il n’a fait qu’aggraver la profonde crise politique, économique et humanitaire que le pays est en train de traverser. Je rappelle que ces dernières années, environ trois millions de Vénézuéliens ont fui le régime de Nicolas Maduro pour s’installer dans les pays voisins. »
« Nous avons dit dès le début que seule l’organisation d’élections présidentielles anticipées, libres et démocratiques, peut sortir le Venezuela de cette crise. Nous estimons que ces élections, refusées par Nicolas Maduro, doivent être organisées par l’Assemblée nationale, issue quant à elle du scrutin démocratique. Elles permettront aux Vénézuéliens de décider librement de leur avenir. »
Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, qui s’est autoproclamé, le 23 janvier, « président en exercice » du Venezuela, a immédiatement salué, sur son compte Twitter, la décision du gouvernement tchèque de reconnaître sa légitimité. Celle-ci a aussi été soutenue par le vice-Président tchèque du Parlement européen, Pavel Telička ou encore par les représentants du parti conservateur TOP 09. En revanche, le Parti communiste partage, sans surprise, la position de la Russie, l'un des principaux alliés de M. Maduro. Par l’intermédiaire du vice-Président du KSČM, Stanislav Grospič, les communistes tchèques ont dénoncé les reconnaissances du président par intérim Juan Guaido, évoquant « une infraction au droit international » et « une ingérence dans les affaires internes du Venezuela ».Le 7 février aura lieu, à Montevideo, la première réunion du groupe de contact international constitué par l'UE pour favoriser l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle au Venezuela. Huit Etats membres de l’UE font partie de ce groupe, ainsi que la Bolivie, le Costa Rica, l'Équateur et l'Uruguay. L’eurodéputé tchèque Pavel Svoboda du parti chrétien-démocrate, qui souhaite lui aussi une solution rapide et pacifique au conflit au Venezuela, reste toutefois légèrement sceptique quant au résultat de ces négociations :
« Il est tout à fait positif que l’UE essaie de jouer le rôle d’intermédiaire. Cela pourrait montrer aux autorités vénézuéliennes qu’elles n’ont que peu de soutien au sein de la communauté internationale. En même temps, le Groupe de Lima qui réunit une dizaine de pays latino-américains et le Canada, ne voit pas vraiment d’un bon œil cette initiative européenne. Elle est accueillie avec réserve surtout par les pays qui ne soutiennent pas le régime Maduro. Je ne suis pas sûr que les négociations de ce groupe de contact soient couronnées de succès. »La situation au Venezuela sera sans doute au menu de la visite du chef de la diplomatie tchèque Tomáš Petříček aux Etats-Unis, prévue pour fin février.