Elections américaines : les analyses divergentes de la classe politique tchèque
Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, en raison de leur qualité de plus puissant Etat au monde, ont été suivies partout avec une grande attention. C’est aussi le cas en République tchèque où le chef de la diplomatie, le social-démocrate Tomáš Petříček, a salué les résultats obtenus par les démocrates, lesquels laisseraient selon lui présager d’un renforcement des relations transatlantiques.
A environ 7000 kilomètres de la Maison Blanche, au cœur de l’Europe, à Prague, on n’a pas manqué de commenter les résultats du scrutin états-unien. Le ministre des Affaires étrangères, Tomáš Petříček, pense lui que ce sont les démocrates, lesquels tentent de se reconstruire depuis la déroute de Hillary Clinton à la présidentielle, qui l’ont emporté. Selon lui, cela serait une bonne chose pour la Tchéquie :
« Pour moi, en tant que social-démocrate, il est très satisfaisant de voir que les démocrates auront la majorité à la Chambre des représentants, ce qui devrait permettre d’atténuer certaines conséquences des politiques menées par Trump, par exemple dans le domaine du commerce international, ou bien de renforcer les relations transatlantiques. »Le ministre tchèque fait notamment référence à l’introduction ou à la hausse des barrières douanières sur certaines importations, en particulier sur l’acier et l’aluminium depuis l’Union européenne, décidée par l’administration de Donald Trump. Tomáš Petříček évoque aussi peut-être la mise à l’arrêt du projet très controversé de traité visant à la création d’une zone de libre-échange transatlantique. Mais pour Jan Lipavský, du parti des Pirates, la nouvelle distribution du pouvoir aux Etats-Unis ne devrait en fait pas changer grand-chose sur ces sujets :
« Aux Etats-Unis, ce sont le président et le Sénat qui jouent un rôle déterminant en matière de politique étrangère. Or les démocrates ont obtenu la majorité dans une chambre qui est plutôt importante pour la politique intérieure. Donc, personnellement, je ne m’attendrais pas à des changements fondamentaux dans la politique des Etats-Unis d’Amérique. »
Petr Fiala, le président de la principale formation d’opposition de droite, le parti civique-démocrate ODS, a encore une autre analyse. Selon lui, ainsi qu’il l’a indiqué sur twitter, le résultat de ces élections consacrerait plutôt une victoire pour les républicains, eu égard à l’histoire des midterms et, écrit-il, « à la tentative des démocrates de les transformer en vote pour ou contre le président ».C’est en tout cas dans le domaine de la politique intérieure que les choses devraient être plus corsées pour Donald Trump, qui sera contraint désormais de gouverner par décret pour contourner la majorité démocrate à la Chambre des représentants. Voilà qui réjouit le sénateur Jiří Drahoš, finaliste malheureux au début d’année à l’élection présidentielle tchèque :
« Je pense que cela appelle à des politiques équilibrées et à des lois raisonnables. Du point de vue de l’évolution de la société en général et de la démocratie aux Etats-Unis, cela montre qu’il n’y a pas de fatalité. »
Du côté du chef de l’Etat Miloš Zeman, qui ne cache pas son admiration pour Donald Trump, malgré un certain agacement depuis que sa réception à la Maison Blanche ne semble plus d’actualité, on n’a pour l’instant fait aucun commentaire. Son fidèle porte-parole, Jiří Ovčáček, a toutefois relayé le fameux tweet sur le « tremendous success » du président américain et il s’est fendu d’un texte de son propre cru : « Il est énormément amusant d’observer les journalistes postillonnant et furieux, qui sont sous le choc après la victoire de Trump au Sénat ».