En République tchèque, la pollution tue
Dans un rapport publié lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que 90 % de la population mondiale respire un air pollué et que la pollution est responsable de 7 millions de décès prématurés par an. Le phénomène n’épargne évidemment pas la République tchèque, où ce chiffre aurait été de 11 000 morts en 2017, une année où la situation s’est grandement détériorée.
Le problème des particules fines
En termes de pollution de l’air, les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent. En Tchéquie, c’est désormais 68 % de la population qui respire un air malsain, une donnée en augmentation de neuf points sur seulement un an, entre 2016 et 2017, selon le dernier rapport sur le sujet réalisé par le ministère de l’Environnement.C’est le mouvement écologiste Hnutí Duha qui a révélé le contenu de ce document, que le cabinet du ministre Richard Brabec a refusé de commenter alors que le gouvernement doit encore se prononcer sur ses conclusions. Selon ce texte, le nombre de décès prématurés qui peuvent être attribués à la présence de particules fines dans l’atmosphère, une des manifestations de la pollution de l’air, était de 5 700 en 2017. C’est 1 400 victimes supplémentaires par rapport à l’année précédente ! D’après la biologiste Ivanka Matoušková, de l’Université Palacký, la question des particules fines dans l’air est particulièrement problématique dans le cas tchèque :
« Pour ce qui est des particules fines en suspension, les particules PM10 ou PM2,5 ou encore plus petites PM1, en fonction de leurs dimensions, elles peuvent parvenir à une certaine profondeur dans le système respiratoire. Les plus grosses restent dans la partie supérieure de l’appareil respiratoire. Les plus petites peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires où elles perturbent leur fonctionnement, ce qui peut ensuite favoriser le développement de maladies respiratoires aiguës ou chroniques. »
La détérioration de la situation en 2017 est illustrée par le nombre d’épisodes d’alerte au smog. Les autorités météorologiques tchèques en ont identifié 39 l’an passé contre cinq seulement l’année précédente.
Les coupables sont connus
Les causes de la pollution sont connues. Il y a évidemment la circulation automobile, surtout dans les importants centres urbains comme Prague, où la municipalité réfléchit à certaines mesures orientées notamment contre les véhicules circulant au diesel. Le problème, surtout en Moravie et en Silésie, est aussi lié à l’utilisation par les particuliers, pour chauffer leur logement, de vieilles chaudières au charbon. Il persiste alors que, depuis plusieurs années, le ministère de l’Environnement soutient pourtant des programmes pour accélérer le remplacement de ces chaudières.Enfin, certaines activités industrielles et la production d’énergie à base de matières fossiles sont responsables d’une bonne partie des rejets polluants dans l’atmosphère. C’est ce que confirme l’association écologiste Arnika, qui publie chaque année un classement des plus gros pollueurs de République tchèque. Le porte-parole de l’organisation, Jiří Kaňa, commente son nouveau rapport :
« Nous utilisons les données du registre intégré de la pollution, accessible au public et géré par le ministère de l’Environnement. La loi demande en effet aux entreprises à déclarer leurs fuites et leurs émissions de substances dangereuses. Dans le registre de l’an passé, en 2017, c’est l’usine chimique Spolana, de Neratovice, qui était le plus gros pollueur. On trouvait ensuite les centrales thermiques de Počerady et de Prunéřov, au nord de la Bohême. »La Tchéquie loin du compte
Directrice du département en charge de la santé publique à l’OMS, Maria Neira insiste sur la nécessité pour les Etats du monde d’engager la transition écologique vers des énergies propres et renouvelables, pour lutter contre la pollution. La République tchèque, pays réprimandé par Bruxelles au début de l’année pour son inaction face à la pollution, est encore loin du compte.