Le président Zeman de nouveau critiqué pour ses déclarations anti-Roms

Miloš Zeman, photo: Khalil Baalbaki, ČRo

Le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR) a adressé, lundi, une lettre ouverte à Miloš Zeman dans laquelle il lui reproche ses propos discriminatoires envers les Roms. Ce n’est pas la première fois que le président tchèque est la cible de critiques pour des déclarations considérées comme racistes.

Miloš Zeman,  photo: Khalil Baalbaki,  ČRo
« Les déclarations de monsieur le président ne sont absolument pas racistes. » Le Château de Prague, par la voix de son porte-parole Jiří Ovčáček, a beau s’en défendre et prétendre le contraire, nombreux sont ceux qui estiment que Miloš Zeman a, une fois encore, dépassé les bornes et ont exprimé leur indignation. Selon le CEDR, sa dernière déclaration en date menace même les valeurs de la démocratie. Lors d’une visite dans une commune des environs d’Olomouc, en Moravie, la semaine dernière, le chef de l’Etat a affirmé que la majorité des chômeurs dans la région, où le taux de chômage s’élève à quelque 5 %, étaient des Roms et regretté une époque révolue :

« Sous le communisme, les Roms devaient travailler. Le plus souvent, ils travaillaient comme terrassiers, et lorsqu’ils refusaient de travailler, ils étaient qualifiés de personnes que le travail répugne et on les mettait en prison. »

Le CEDR, organisation qui combat le racisme envers les Roms et dont la mission consiste à faire en sorte que les Roms puissent bénéficier des mêmes droits que tout autre citoyen en Europe, a qualifié le discours de Miloš Zeman de manifestation de haine et de racisme. Le CEDR, qui dispose d’un statut consultatif auprès du Conseil de l’Europe et qui a mis en ligne la lettre rédigée en anglais sur son site (cf. : http://www.errc.org/press-releases/open-letter-to-czech-president-on-racist-comments-about-roma), a également rappelé que le président tchèque avait pour mauvaise habitude de recourir à cette rhétorique anti-Roms. L’année dernière, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision privée Barrandov, en réponse à une question sur les recommandations faites par l’ONU à la République tchèque au sujet de l’intégration insuffisante des Roms dans la société majoritaire, il avait ainsi critiqué les politiques qui visent à favoriser l’intégration des membres de la minorité rom, estimant que ceux-ci n’étaient pas les victimes d’une discrimination systématique :

« Je pense que la discrimination positive des Roms n’a aucun sens. Cela ne devrait pas exister, car même positive, la discrimination positive reste une forme de discrimination. Cela signifie que nous ne devrions favoriser ni défavoriser personne et que nous ne devrions pas faire de distinctions entre différents groupes de personnes. J’aime utiliser le terme ‘inadaptables’ et je les définis comme des gens qui refusent le travail qui leur est proposé, et ce même s’ils sont en excellente santé. Et que 90 % de ces gens soient des Roms est probablement la vérité. Mais il peut aussi y avoir parmi eux 10 % de fainéants blancs et nous devons nous comporter avec eux exactement de la même façon. »

Photo:  Filip Jandourek,  ČRo
Sur ce point, le CEDR rappelle que, depuis 2015, le terme « inadaptables » (« nepřizpůsobivý ») est une désignation officielle en République tchèque. Par ailleurs, toujours concernant cette déclaration précise, qui avait déjà fait suite à d’autres propos anti-Roms prononcés par le président de la République et d’autres personnalités politiques tchèques (cf. Pr exemple : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/memoire-rom-le-camp-de-lety-la-tentation-des-politiques-tcheques), le Conseil gouvernemental en charge des affaires de la minorité rom avait déjà protesté à l’époque. Une lettre ouverte avait alors également été publiée, dans laquelle les membres du Conseil estimaient que le président d’un pays ne peut pas se permettre de faire de déclarations de ce type sans disposer de données et de chiffres précis. Ils regrettaient que ses propos apportent de l’eau au moulin de tous ceux défendant des opinions négatives, Miloš Zeman ayant ainsi fait, toujours selon eux, l’étalage de son incompétence en matière de respect et de protection des droits de l’homme.