Les syndicats souhaitent réduire le temps de travail
Réduire le temps de travail quotidien d’une demi-heure pour parvenir à une semaine de 37 heures et demie. Telle est une des priorités actuelles de KOVO, la plus grande fédération syndicale en République tchèque. Mais dans un pays qui possède le taux de chômage le plus faible en Europe et où les entreprises sont confrontées à une importante pénurie de main-d’œuvre, la mesure est-elle envisageable ?
Actuellement, la durée légale de travail hebdomadaire en République tchèque est de quarante heures, le plus généralement répartie sur cinq journées de huit heures, la pause déjeuner n’est pas décomptée. Cette durée est de deux heures et demie moindre pour les personnes travaillant sous terre à l’extraction du charbon, de minerais et de matières premières non métallifères, sur les chantiers des mines et sur les chantiers d’exploration géologique, ou encore pour les personnes travaillant en trois équipes et pour les régimes de travail en continu.
Mais KOVO entend étendre ce régime à l’ensemble des travailleurs tout en conservant les différences existantes selon les professions. Actuellement, environ deux tiers des employés en République tchèque ne travaillent déjà plus en moyenne « que » trente-sept heures et demie, seul le tiers restant étant donc concernés par le régime des quarante heures. Les responsables de KOVO, qui s’inspirent de la loi des trente-cinq heures en France, affirment ne rien réclamer « d’irréel ».
Ce point de vue n’est cependant pas partagé par les employeurs. Selon eux, une réduction du temps de travail aggraverait davantage encore la situation des entreprises, dont beaucoup d’entre elles, notamment dans le secteur industriel, sont confrontées à une quasi-impossibilité d’embaucher faute de main-d’œuvre qualifiée disponible sur le marché du travail. En mars dernier, la République tchèque a affiché, avec 3,5 %, un taux de chômage historiquement bas. Moins de 265 000 personnes étaient inscrites auprès du Bureau du travail comme étant en recherche d’un emploi, soit le nombre le plus faible jamais enregistré ces vingt dernières années. Et les résultats des programmes lancés par le gouvernement pour attirer des travailleurs ukrainiens, mais aussi d’autres pays d’Europe de l’Est, ou dernièrement des Philippines et de Mongolie, restent trop mitigés pour apporter une solution satisfaisante.
La Fédération de l’Industrie et des Transports estime donc que réduire le temps de travail est impossible compte tenu de la conjoncture actuelle, l’économie tchèque n’étant pas encore prête au contraire de celles des pays s’étant déjà engagés dans le processus d’automatisation, de numérisation et de robotisation, changements radicaux que représente la quatrième révolution industrielle.