Recrudescence inquiétante de la rougeole en République tchèque

48 cas de rougeole à Prague depuis le début de l’année, dont 22 enfants malades, 70 cas en tout dans le pays. C’est un nombre record sur quatre mois à peine. Face à la recrudescence de cette maladie infantile, les autorités sanitaires tchèques tirent la sonnette d’alarme, craignant un retour de la rougeole sous forme d’épidémie. En cause notamment, la perte de confiance de certains parents dans la vaccination.

La rougeole | Photo: Archiv Centers for Disease Control and Prevention Public Health Image Library,  public domain
C’est un phénomène généralisé en Europe, et qui touche également la République tchèque : la rougeole connaît une résurgence sans précédent ces dernières années. Considérée à tort comme une maladie bénigne, cette dernière se transmet essentiellement par voie aérienne. La personne contaminée devient contagieuse la veille de l’apparition des premiers symptômes, et le reste cinq jours encore. Fièvre, fatigue, toux, éruption cutanée caractéristique dont la couleur lui donne son nom, sont les différentes manifestations de la maladie. Une seule personne malade pouvant contaminer quinze à vingt personnes, la recrudescence de la maladie a de quoi susciter l’inquiétude des autorités.

Aujourd’hui, la seule protection efficace contre la rougeole est la vaccination, obligatoire chez les enfants en bas âge en République tchèque, comme le rappelle une médecin de l’hôpital d’Ostrava :

Photo : ČT24
« Nous utilisons un vaccin combiné rougeole, oreillons, rubéole. Nous vaccinons les enfants à partir de l’âge de treize mois, une seconde dose étant administrée avant l’entrée à l’école primaire. »

Si les enfants en bas âge sont les plus vulnérables à l’infection, la maladie touche également de plus en plus les adultes, chez lesquels l’évolution peut également s’avérer grave. Ce sont d’ailleurs les adultes qui sont le vecteur le plus important de la diffusion du virus. Plus on avance en âge, plus le nombre de personnes vaccinées tend à diminuer, le problème majeur étant les adultes qui n’ont pas reçu la deuxième dose de vaccin étant enfants : plus sensibles à la maladie, mais également plus mobiles, ils sont davantage susceptibles de propager la rougeole.

Virus de la rougeole,  photo : Public Domain
Les hôpitaux tchèques ont justement choisi de vacciner leurs employés de manière préventive, ou de tester leur résistance au virus. Une façon d’éviter la contagion, comme cela est arrivé à cette infirmière d’Ústí nad Labem il y a quatre ans :

« J’avais très mal aux jambes, puis très mal à la tête. J’étais extrêmement fatiguée. J’ai ensuite commencé à avoir une éruption cutanée sur le visage qui a fini par se répandre sur tout le corps. »

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, la recrudescence de la rougeole en Europe est liée à la baisse de la couverture vaccinale. Celle-ci n’atteindrait plus le seuil nécessaire de 95 % de la population totale, le principe de ce seuil étant que la minorité de personnes non vaccinées est protégée par l’immunité du reste de la population, empêchant, de fait, la contagion.

Presque éradiquée il y a quelques années, la rougeole a fait un retour en force, notamment en raison de la circulation de personnes venant d’autres pays où la vaccination n’est pas généralisée. Autre problème pointé du doigt par les autorités sanitaires tchèques et européennes, la montée de la méfiance de certains parents vis-à-vis de la vaccination pour leurs enfants, comme le déplore Roman Chlíbek, secrétaire scientifique de la Société tchèque de vaccination :

Roman Chlíbek,  photo : Adam Kebrt,  ČRo
« De nombreuses personnes croient aux théories du complot qui se diffusent ensuite facilement. Ces gens pensent qu’il s’agit d’informations scientifiques sérieuses mais ce n’est pas le cas. En République tchèque, les enfants qui attrapent la rougeole ont en général moins de trois ans. C’est une population qui en général n’a pas été vaccinée car les parents ont essayé de retarder la vaccination au maximum. »

La rougeole reste l’une des principales causes de mortalité chez les enfants du monde entier. Si dans une majorité de cas, la guérison est sans séquelles, le virus peut toutefois avoir de graves conséquences. Les complications de la maladie peuvent entraîner des encéphalites ou une infection grave des poumons, voire la cécité.