Sudan, le dernier rhinocéros blanc mâle du Nord est mort
Il consituait l’un des derniers espoirs de conservation de l’espèce des rhinocéros blancs du Nord, lui qui en était le dernier représentant mâle. Mais Sudan s’est éteint ce lundi au Kenya dans la réserve d’Ol Pejeta. Il avait passé 33 ans en République tchèque, au zoo de Dvůr Králové nad Labem.
« Sudan a été euthanasié car il développait des complications dues à son âge comme la détérioration de ses muscles et de ses os associée à des escarres liées à son immobilité. Dernièrement il n’était plus capable de se tenir debout donc je pense qu’il était nécessaire de prendre une décision pour abréger ses souffrances. Voilà pourquoi les spécialistes de Dvůr Králové et d’Ol Pejeta ont décidé, ensemble, de mettre fin à ses jours. »
Il ne reste plus que deux représentants des rhinocéros blancs du Nord dans le monde, la fille et la petite-fille de Sudan. Avec les rhinocéros dits « noirs » et les rhinocéros blancs du Sud, les rhinocéros blancs du Nord forment l’une des trois familles de rhinocéros africains. Cette espèce, qui vivait entre le Tchad, la Centrafrique et la République démocratique du Congo a été décimée par le braconnage. Ces rhinocéros sont les malheureux propriétaires d’une corne qui se revend plus chère que l’or. Les braconniers sont allés jusqu’à tuer un rhinocéros dans un zoo pour arracher sa corne en mars dernier en France dans le zoo de Thoiry dans les Yvelines. En 1976, quand Sudan est capturé au Soudan, dont il a gardé le nom, pour être envoyé au zoo de Dvůr Králové dans l’ancienne Tchécoslovaquie, c’est pour échapper aux braconniers. Alors quand il revient en Afrique en 2009, dans la réserve de 35 000 hectares d’Ol Pejeta au Kenya, pour retrouver un environnement plus proche de son habitat naturel, Sudan et les siens sont surveillés 24h/24 par des gardes armés. Sa corne lui a même été enlevée pour le protéger d’un éventuel acte criminel. Jan Stejskal.« C’est un moment très triste pour nous mais d’un autre côté, je pense que Sudan se souviendra de sa vie remarquable. Quand il fut transféré à Dvůr Králové dans les années 1970, il échappa aux braconniers de son pays natal. Dans notre zoo, il contribua à perpétuer l’espèce en devenant le géniteur de deux rhinocéros femelles ».Aujourd’hui les derniers espoirs pour sauver cette espèce sont dans les mains de la science. Peu avant sa mort, le sperme de Sudan a été prélevé, rejoignant celui de quatre autres mâles. Les scientifiques pensent pouvoir réussir une fécondation in vitro grâce aux ovules de Najin et Fatu, les descendantes de Sudan qui ne peuvent plus enfanter. Jan Stejskal nous donne plus de précisons sur les conditions nécessaires pour faire naître un petit rhinocéros blanc du Nord.
« Les deux dernières femelles sont essentielles pour nos futures tentatives. Elles semblent être toutes les deux de bonnes donneuses d’ovules. Nous espérons retourner au Kenya dans quelques mois avec une équipe d’experts internationaux pour essayer de prélever leurs ovules pour ensuite les envoyer en Italie où nous essayerons de créer un embryon en laboratoire. L’embryon sera ensuite introduit dans l’utérus d’une mère porteuse d’un rhinocéros blanc du Sud. Voilà comment pourrait naître un bébé rhinocéros blanc du Nord. »Si la naissance du premier « bébé rhinocéros éprouvette » pourrait constituer un exploit scientifique, pas sûr que cela suffise à sauver l’espèce. Même en répétant ce processus plusieurs fois, il sera très difficile de recréer une population assez importante de rhinocéros blancs du Nord viable. En avril dernier, Sudan avait fait le buzz en se créant un compte sur Tinder, la célèbre application de rencontres. Le but était d’attirer l’attention sur la situation des rhinocéros blancs du Nord et de récolter des fonds pour financer ces reproductions artificielles qui coûtent plusieurs millions d’euros.