Les soldats tchèques racontent la guerre d’aujourd’hui
Depuis 1990, près de 14 000 soldats tchèques se sont engagés dans des conflits armés à l’étranger. Publié à la fin de l’année dernière, le livre intitulé « Une seconde vie » (Ten druhý život) donne la parole à quelques-uns d’entre eux : des pilotes, parachutistes, contrôleurs aériens avancés, chimistes, tankistes, médecins ou infirmiers, maîtres-chiens ou encore des aumôniers militaires. Des témoignages inédits d’hommes et de femmes sur la guerre au XXIe siècle, au Koweït, au Kosovo, en Irak, en Afghanistan ou au Mali…
Le parachutiste d’élite Daniel Hlaváč, dont l’unité est basée à Chrudim, en Bohême de l’Est, comme beaucoup de ses collègues d’ailleurs, garde un souvenir particulièrement douloureux de la mort de quatre soldats tchèques en juillet 2014 près de la base de Bagram, en Afghanistan.
Daniel Hlaváč qui a participé à huit missions de l’armée tchèque en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et en Afghanistan, est également un photographe passionné. On l’écoute :
« En tant que photographe, je perds l’occasion de faire de belle photos, car il y a des moments où je ne peux pas photographier. Ce livre ne parle pas uniquement de la violence et de la mort. Il parle de notre vie à l’étranger, dans des conditions parfois très difficiles, des moments de tristesse dus au fait que l’on se trouve séparés de nos familles. »
Le livre « Une seconde vie est un prolongement du projet éponyme de plusieurs expositions de photographies de guerre. La photoreporter Jarmila Štuková est l’auteure de la plupart des photographies du livre, dont l’ambition est de présenter les forces armées tchèques dans toute leur diversité. Avec son appareil photo, Jarmila Štuková a suivi les soldats tchèques pendant ses nombreux séjours en Irak, au Kosovo, au Mali et en Afghanistan. On l’écoute :
« Je photographiais les soldats aussi pendant leur travail en République tchèque. Par exemple, avec les soldats de l’unité anti-chimique, j’ai vécu une simulation d’attaque chimique. Personnellement, j’ai beaucoup appris lors de mes reportages. Je dois dire que je ne savais pas grand-chose sur les contrôleurs aériens avancés : ils doivent savoir manipuler les armes, maîtriser parfaitement l’anglais, savoir s’orienter dans l’espace. En même temps, ils doivent avoir une excellente forme psychique, savoir garder leur sang-froid, lorsqu’ils doivent par exemple bien naviguer un hélicoptère. J’ai été tout aussi fascinée par le travail des maîtres-chiens tchèques qui recherchent des armes ou des drogues en Afghanistan et qui y sont très respectés par leurs collègues américains. Un autre moment fort a été pour moi une messe célébrée par un aumônier en Afghanistan, en toute simplicité, dans une petite pièce, en présence de soldats en uniforme, qui tiennent la Bible entre leurs mains… »Tout comme les militaires qui se confient dans le livre « Une seconde vie », Jarmila Štuková avoue avoir été transformée par l’expérience de la guerre :
« J’ai un parcours spécifique. Avant de me tourner vers la photographie et devenir reporter de guerre, je faisais des études de théâtre à la DAMU, à Prague. Pendant longtemps, j’ai été une pacifiste convaincue. Ensuite, en tant que photoreporter, je me suis retrouvée souvent dans des situations qui ne pouvaient pas être résolues de manière pacifique, en instaurant un dialogue. Ces situations nécessitaient une intervention militaire. J’ai alors compris à quel point les forces armées étaient importantes. Une action militaire ne veut pas forcément dire une fusillade. Lorsque j’ai vu des soldats aider les travailleurs humanitaires et les médecins, quand je me suis approchée d’eux et j’ai entendu leurs témoignages, mon opinion sur les forces armées a changé. »Les bénéfices de la vente du livre de photographies « Une seconde vie » seront reversés à l’un des principaux établissements tchèques de soins pour anciens combattants situé à Brno.