Soldats tchèques à l'étranger : l'agression russe en Ukraine définit les nouvelles priorités

Le gouvernement a approuvé cette semaine le projet de mandat pour la participation de l'armée tchèque à des opérations extérieures jusqu'en 2024, y compris le déploiement d'un maximum de 1200 soldats à la frontière orientale de l'OTAN, a annoncé la ministre de la Défense Jana Černochová (ODS).

Ce projet devra être encore voté par les députés et sénateurs.

Selon le ministère de la Défense, la proposition concernant les missions à l'étranger n'inclut pas la participation de l'armée tchèque à la mission de formation de l'UE au Mali et en Irak, cours de discussion au sein de l'UE. Le mois dernier, l’armée tchèque a pris à nouveau le commandement tournant de cette mission EUTM Mali pour une durée de six mois.

Jana Černochová | Photo: Jan Schejbal,  Armée tchèque

Toutes les missions en cours sont validées jusqu'à la fin de cette année. « La proposition d'un nouveau mandat est fondée sur les priorités de la Tchéquie en matière de politique étrangère et de sécurité, qui sont considérablement influencées par l'agression de la Russie en Ukraine », a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

Jusqu'à présent, l’armée tchèque est présente en Lituanie et en Lettonie, dans la partie orientale de l'Alliance et, depuis avril, elle commande un groupement tactique multinational de l'OTAN en Slovaquie. Elle peut déployer jusqu'à 650 soldats, tandis que le mandat qui s'achève prévoit jusqu'à 290 soldats pour la région de la Baltique.

95 soldats supplémentaires pourraient être déployés dans les pays Baltes pour assurer la protection de leur espace aérien.

Le ministère a nouvellement proposé que des soldats protègent l'ambassade tchèque en Ukraine. L'équipe de protection doit être composée de 20 personnes au maximum. Dans le passé, des soldats ont ainsi protégé l'ambassade tchèque à Kaboul, en Afghanistan.

 KFOR, FMO, MINUSMA, FNUOD, Irini et Althea

Le gouvernement a également validé d'autres opérations à l'étranger. Dans la plupart des cas, elles prolongent des missions déjà en place, à savoir la KFOR au Kosovo, l'opération Irini de l'UE en Méditerranée, la mission FMO au Sinaï, la mission MINUSMA des Nations unies au Mali et la FNUOD sur le plateau du Golan. Seule la Bosnie-Herzégovine et l'opération Althea de l'UE dans ce pays font l'objet d'une légère augmentation du nombre de soldats.

Photo illustrative: Keith Anderson,  United States Army/Wikimedia Commons,  public domain

La proposition prévoit également le séjour de troupes alliées sur le territoire tchèque. Le ministre a proposé de plafonner cette présence à un maximum de 800 soldats. « Il s'agit uniquement d'une d'assurance en cas d'exercices plus importants ou de mouvements de contingents attendus en lien avec la situation à la frontière orientale de l'Alliance et pour lesquels la limite de 48 heures fixée par la loi pour le passage des forces alliées pourrait ne pas être suffisante », a déclaré Jiří Táborský du service de presse du ministère de la Défense.

« Elle ne concerne pas la résidence permanente des forces armées des États membres de l'Alliance sur notre territoire ou l'établissement de leurs bases militaires », a-t-il ajouté.

L’Etat devrait dépenser environ 1,43 milliard de CZK pour les opérations de l'armée à l'étranger en 2023. L'estimation pour 2024 est d'environ 1,46 milliard de CZK. Le mandat approuvé par le gouvernement et le parlement il y a deux ans prévoyait le déploiement de jusqu'à 851 soldats en 2021 et de jusqu'à 946 soldats cette année.

Ces dernières années, l'armée a envoyé le plus de troupes en Afghanistan, au Mali et dans les pays Baltes. La mission en Afghanistan a pris fin après le retrait des forces alliées il y a un an, tandis qu'au Mali la Force Takuba - dont faisait partie une soixantaine de soldats tchèques – a cessé d’exister le mois dernier.

Le nombre de troupes à l'étranger a augmenté de façon notable ce printemps après l'agression russe en Ukraine, lorsque la Tchéquie a décidé de rejoindre la force multinationale de l'alliance.

Espace aérien slovaque 

JAS-39 Gripen | Photo: Martin Pařízek,  ČRo

Le gouvernement a également répondu favorablement à une demande d'aide de la Slovaquie pour la surveillance de son espace aérien. Le Premier ministre Petr Fiala ayant confirmé que l’armée de l’air contribuera ainsi à protéger le ciel slovaque à partir de septembre et jusqu'à la fin de 2023.

Les détails du déploiement des Gripen seront précisés dans une déclaration conjointe entre la Tchéquie, la Slovaquie et la Pologne.