Un « Czexit » affecterait en premier lieu ses partisans
Cette nouvelle revue de presse portera d’abord un regard sur ce qu’un éventuel « Czexit » signifierait pour ceux qui le souhaitent le plus. On se penchera aussi sur l’approche tchèque à l’égard du harcèlement et des agressions sexuelles. Quelques précisions ensuite concernant l’augmentation du nombre de Russes établis en République tchèque. Un mot également au sujet des incertitudes liées aux préparatifs de la meilleure biathlète tchèque, Gabriela Koukalová, pour les Jeux olympiques d’hiver. Nous vous expliquerons enfin à qui appartiennent désormais les plus belles tombes des cimetières pragois.
« Le taux de chômage en République tchèque est actuellement un des plus faibles en Europe. Avec une sortie du pays de l’Union, des centaines de milliers de personnes risqueraient de perdre leur travail en raison du départ d’investisseurs et de la fermeture d’un grand nombre d’entreprises. A noter aussi que 84% des exportations tchèques sont orientées vers les pays de l’UE. Une perte d’accès à ce marché porterait un coup fatal à l’économie tchèque. Sa chute générale se traduirait par un appauvrissement d’une majorité de la population, parmi laquelle en premier lieu tous ceux qui sont partisans de cette idée. »
En sortant de l’UE, la Tchéquie perdrait automatiquement sa qualité de membre du marché européen intérieur dont le pays est fortement dépendant. Un éventuel « Czexit » aurait également de graves retombées sur les investissements en provenance d’Asie. Le texte rappelle que les sociétés étrangères emploient des centaines de milliers de Tchèques qui sont mieux rémunérés en moyenne que par les entreprises locales. Le paradoxe veut que ce soit précisément une majorité des employés manuels qui ont voté lors des dernières élections législatives en faveur du SPD, parti d’extrême-droite qui est le principal partisan d’une sortie de la Tchéquie de l’UE.
La Tchéquie face au harcèlement et à la violence sexuels
L’affaire Weinstein aux Etats-Unis a fait couler beaucoup d’encre, aussi, dans les médias tchèques. Elle les a amenés à vouer une plus grande attention au phénomène du harcèlement et de la violence sexuels en République tchèque. A titre d’exemple, le quotidien Lidové noviny a publié un entretien avec Lenka Simerská, sociologue et experte en questions du genre. En ce qui concerne les droits et les moyens de défense dont disposent les femmes tchèques en cas d’agression de ce type, Lenka Simerská affirme :« Je pense qu’il existe chez nous encore de grandes réserves dans ce domaine. Le nombre de délits de violence sexuelle qui sont annoncés est par exemple très inférieur à l’état réel des choses. Le problème en Tchéquie est l’existence de l’idée reçue, et très répandue, selon laquelle les femmes elles-mêmes sont responsables dans une grande mesure des attaques dont elles sont les victimes. Selon ce raisonnement, elles doivent donc s’occuper elles-mêmes de leur protection. Or, les femmes vivent dans une crainte permanente que les hommes ont du mal à imaginer. En même temps, on constate que l’attitude, tant de la police que des tribunaux, s’améliore. Ils s’efforcent désormais d’agir de façon à ne pas exposer les victimes à de nouveaux traumatismes. »
Pour sa part, l’hebdomadaire Respekt a publié dans sa dernière édition les témoignages de quelques-unes des dizaines de femmes tchèques et slovaques qui se sont jointes à la campagne internationale #MeToo. Cette dernière leur a donné le courage de parler et de partager pour la première fois publiquement leurs expériences négatives sur les réseaux sociaux. Elles espèrent ainsi contribuer à l’amélioration du climat dans la société, un climat qui se caractérise par la méfiance et une sous-estimation des délits à caractère sexuel. Le magazine remarque qu’en se confiant de la sorte et en expliquant en détails ce qu’elles ont vécu, ces femmes font preuve, au risque d’un inconfort personnel, d’un grand courage.
Le nombre de Russes établis en Tchéquie augmente
Le nombre de ressortissants russes titulaires d’un permis de séjour de longue durée en Tchéquie augmente régulièrement. Environ 15 000 en 2004, ils sont aujourd’hui près de 34 000 à bénéficier de cette autorisation. Ainsi, après les Ukrainiens et les Vietnamiens, les Russes représentent de par leur nombre le troisième groupe d’immigrés dans le pays. Quel est l’attrait de la Tchéquie pour les Russes dont une grande partie vit notamment à Prague et quelles sont leurs principales motivations? En s’appuyant sur une étude concernant l’intégration de la communauté russe dans le reste de la société, l’hebdomadaire Ekonom indique à ce propos :« Le désir d’avoir une vie meilleure au sein de l’Union européenne. C’est ce qui apparaît, outre des raisons politiques, comme la principale motivation des ressortissants russes ayant pris la décision de déménager vers la République tchèque. D’autres motivations entrent en jeu : le taux de corruption élevé en Russie, le meilleur niveau des soins de santé, la possibilité de faire des études en Tchéquie. Par ailleurs, les jeunes de moins de 25 ans constituent une importante partie de la communauté russe, 4 500 d’entre eux étant inscrits dans des universités tchèques. »
La majeure partie des Russes qui vivent en Tchéquie appartiennent aux classes sociales supérieures, un cinquième d’entre eux à peine exerçant un emploi peu qualifié. D’après les données recueillies par l’hebdomadaire Ekonom, il y aurait dans le pays près de 12 000 sociétés détenues par des propriétaires russes, ce qui constitue 15% de l’ensemble des sociétés locales sous le contrôle de ressortissants étrangers. Des liens historiques, une bonne situation stratégique, autant d’atouts que présente la Tchéquie pour les hommes d’affaires russes qui leur sert aussi de pays d’expansion vers les marchés occidentaux.
Les JO d’hiver sans ou avec la biathlète Gabriela Koukalová ?
La plus grande vedette du biathlon tchèque, Gabriela Koukalová, sera-t-elle guérie de ses blessures et en forme pour pouvoir défendre les couleurs nationales aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang qui se tiendront du 9 au 25 février ? Voilà une question qui alimente depuis un certain temps déjà les pages sportives des journaux et préoccupe l’opinion publique. Ce n’est pas étonnant : la championne mondiale Koukalová, 28 ans, est un des plus grands espoirs de l’équipe nationale à cet événement sportif. Dans un article mis en ligne sur le site aktuálně.cz on peut lire :« A l’approche de la saison olympique, la meilleure biathlète demeure enveloppée d’un grand mystère. Touchée depuis quelques mois à un mollet, elle a été contrainte de limiter ses entraînements. La saison que Gabriela Koukalová avait annoncée comme étant probablement la dernière de sa riche carrière est donc menacée. La biathlète sera-t-elle capable de rattraper son retard pour pouvoir se présenter aux Jeux olympiques qui devraient, d’après ses propres paroles, constituer le point culminant de sa carrière sportive ? Nul ne saurait en ce moment répondre. On peut simplement dire que Koukalová ne reprendra probablement pas la compétition avant janvier. »
D’après l’auteur de cette note sportive, l’absence éventuelle de Gabriela Koukalová aux JO d’hiver serait pour elle-même, pour l’équipe bathonienne et pour des centaines de milliers de ses admirateurs tchèques « une tragédie sportive ». Mais si, comme il l’écrit, la biathlète réussit à relever ce nouveau défi, il s’agira d’un nouvel épisode extraordinaire dans la série de ceux par lesquels elle séduit depuis cinq ans déjà ses fans et les médias. Elle a déjà fourni les preuves de ses capacités par le passé.
Le mode est à l’achat de belles pierres tombales
D’après un des récents numéros du quotidien Mladá fronta Dnes, certains des plus belles tombes situés dans les cimetières pragois portent désormais des noms pour le moins étonnants. Après avoir appartenu dans le passé à des familles et à des personnalités respectées, ils sont aujourd’hui, de plus en plus souvent, en possession de gens du milieu du lobbying et de la politique qui ont pris l’habitude de les acheter de leur vivant. Cité en premier dans l’article, le lobbyiste Ivo Rittig, soupçonné de pratiques douteuses, a ainsi acheté et reconstruit un beau tombeau-chapelle néogothique au cimetière d’Olšany. L’auteur évoque encore plusieurs autres noms de lobbyistes généralement connus du public, liés tantôt à la société énergétique ČEZ tantôt à la politique municipale pragoise. Et de conclure sur un ton laconique :« Les responsables des cimetières de Prague voient ces initiatives d’un œil positif, car la majorité des tombeaux opulents ont été abandonnés et se trouvaient dans un état délabré. Leur reconstruction permet donc de les sauver. »