La Tchéquie et la Slovaquie dénoncent les inégalités alimentaires en Europe
Presque vingt-cinq ans après leur séparation en deux Etats indépendants, Tchèques et Slovaques se félicitent de l’excellence de leur relation. Celle-ci a été réaffirmée par les gouvernements des deux pays lors de leur rencontre qui s’est déroulée lundi dernier à Lednice, en Moravie du Sud, à proximité de la frontière tchéco-slovaque. Une occasion pour les dirigeants des deux pays d’aborder plusieurs questions d’actualité européenne, telles le rapprochement du niveau de vie en Europe, les rapports entre l’euro-zone et de reste de l’UE, ou encore le problème de la double qualité des aliments.
« Ces rencontres sont vraiment exceptionnelles, et par leur ampleur et par leur régularité. Cela nous permet d’avancer dans nos relations bilatérales. Mais ce qui est plus important peut-être, c’est l’établissement de la confiance. Nous avons besoin les uns des autres au sein de l’UE et des autres organisations. Une confiance réciproque et une bonne connaissance mutuelle, c’est un grand atout pour nos deux pays. »
Les deux Premiers ministres sociaux-démocrates, Bohuslav Sobotka du ČSSD et Robert Fico du parti SMER-SD, se sont tous deux félicité d’une « position stable et forte » de la Tchéquie et de la Slovaquie dans l’UE et dans l’OTAN. Robert Fico n’a pas hésité à se félicité du succès « historique » de son propre gouvernement comme de celui de son homologue tchèque, succès lié aux « chiffres que présentent aujourd’hui la Slovaquie et la République tchèque en terme de croissance économique, de discipline financière, de chômage ou encore de progression des salaires réels ».
Devant les journalistes réunis à l’issue de cette rencontre tchéco-slovaque au château de Lednice, le Premier ministre slovaque s’est également réjoui des aspects positifs de l’entrée de la Slovaquie dans la zone euro, en 2009, en précisant que Bratislava ambitionnait d’intégrer le « noyau de l’euro-zone » :« Au sein de ce groupe, il sera question d’un rapprochement des systèmes sociaux et fiscaux. Nous estimons en Slovaquie, et c’est aussi une position de mon gouvernement, que cela constituerait une immense faute de ne pas participer à ce rapprochement, de rater ce train. »
Et le chef du gouvernement slovaque de rassurer son homologue tchèque qu’il soutenait pleinement la proposition de Bohuslav Sobotka de créer un statut d’observateur qui permettrait à la République tchèque ainsi qu’aux autres pays qui n’utilisent pas l’euro comme monnaie nationale de ne pas être écartés de la prise de décisions au sein de l’euro-zone.
Un autre sujet discuté au cours de cette réunion tchéco-slovaque a été celui de la double qualité des produits et aliments, dénoncée à travers l’Europe centrale. En juillet dernier, le Premier ministre slovaque a posé un ultimatum à la Commission européenne pour qu’elle agisse face aux produits de moindre qualité vendus dans les États membres de l’Europe de l’Est. Ses homologues tchèques se joignent à son initiative :
« Nous nous sommes mis d’accord sur la convocation d’une rencontre au sommet qui aura lieu à la mi-octobre à Bratislava. Nous voulons y inviter les commissaires européens en charge de ce dossier, en espérant que le président de la Commission européenne accepte, lui-aussi, notre invitation. Les représentants des parlements nationaux et du Parlement européen devraient également y assister, sans oublier les ministres concernés, mais surtout les représentants des institutions nationales et européennes de protection des consommateurs. Car nous ne considérons pas la double qualité des aliments, mais aussi celle des produits dans le secteur du bâtiment par exemple, comme un problème juridique, mais politique qui met en lumière une double attitude vis-à-vis les citoyens de l’UE. »« Nous avons en quelque sorte reconstitué la Tchécoslovaquie », a même déclaré le ministre tchèque de la Santé Miloslav Ludvík (ČSSD) en évoquant un des dossiers de la coopération bilatérale discuté à Lednice : celui de la mise en place d’un programme tchéco-slovaque de transplantation pulmonaire.
Enfin, les ministres et représentants des institutions culturelles se sont penchés sur la programmation des célébrations du 100e anniversaire de la fondation de l’Etat tchécoslovaque. Les festivités auront lieu en octobre 2018 et le Premier ministre tchèque a fait savoir qu’il entendait y faire participer la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, pays sans lesquels le premier Etat indépendant des Tchèques et des Slovaque n’aurait probablement pas vu le jour.