Les publicités le long des autoroutes vont-elles bien disparaître ?
Aux yeux de certains automobilistes étrangers, les autoroutes tchèques présentent cette particularité d’être bordées de très nombreux et volumineux panneaux publicitaires. En vertu d’un amendement passé en 2012, ceux-ci devraient cependant disparaître, au nom de la sécurité routière. « Devraient », car des sénateurs viennent de saisir la Cour constitutionnelle pour en demander l’annulation…
« De notre point de vue, le drapeau national est très symbolique. C’est un symbole que nous respectons. Il n’est pas possible de le confondre avec quelque affiche publicitaire que ce soit. Selon nous, avec ce drapeau, nous respectons la loi. Donc, d’après notre interprétation, ce ne sont pas des surfaces publicitaires, puisqu’il n’y a plus de publicité. »
Parlementaire à la Chambre haute pour le mouvement des citoyens patriotes, Václav Chaloupek ne voit pas forcément d’un bon œil ce raisonnement impliquant le drapeau tchèque. C’est bien lui pourtant qui a pris la tête du groupe de dix-sept sénateurs à avoir déposé une plainte devant la Cour constitutionnelle pour demander l’annulation de certains paragraphes du nouveau texte de loi. Il estime que les droits de propriété et d’entreprendre pâtissent de ce coup porté à la publicité :
« Ce qui me gêne, c’est qu’on favorise l’intérêt général sur les droits constitutionnels de certains citoyens, qui sont ainsi bafoués. Et, à l’avenir, cela pourrait s’avérer être un dangereux précédent. »Václav Chaloupek pense aussi qu’il y a d’autres moyens de renforcer la sécurité des automobilistes. En 2012, lors de l’adoption de cet amendement à la loi sur les voies de communication terrestres, c’est cet argument de la sécurité routière que les parlementaires avaient mis en avant. Ils étaient alors peu à invoquer l’incommensurable laideur de ces panneaux publicitaires, qu’on trouve par exemple à foison sur l’autoroute D1, entre Prague et Brno, et qui font la promotion d’un bien de consommation quelconque, du motel du coin ou bien du politicien engagé dans la campagne électorale du moment.
Pour le ministre des Transports Dan Tok, la loi a ainsi été votée et il est du devoir de tous de la respecter. Le texte interdisait la pose de nouveaux panneaux et donnait un délai de cinq ans pour retirer ceux déjà existant. Ce délai prend fin ce vendredi et certains s’étonnent de l’opportunité de mener ces actions de protestation au dernier moment, à l’image du juriste Aleš Gerloch, spécialiste en droit constitutionnel :
« Il est clair que toute cette contestation aurait dû avoir lieu plus tôt. Cela aurait d’ailleurs pu être résolu législativement puisque depuis le vote de l’amendement, des législatives ont été organisées. Si ce changement présentait des inconvénients, et pas seulement en lien avec la constitution, cela aurait pu faire l’objet d’une modification de la loi. Il est maintenant sans doute trop tard. »Les annonceurs auront normalement encore de quoi travailler puisque, d’après les conditions posées par la loi, ce sont seulement quelque 3 000 panneaux publicitaires qui devraient être supprimés, sur les 25 000 qui ornementent l’ensemble des routes tchèques. Sans la coopération des professionnels du secteur, l’entreprise risque cependant de prendre un sérieux retard. Voilà qui désespère Jan Rýdl, le porte-parole de la Direction des routes et autoroutes, qui souligne : « Cela fait cinq ans que les propriétaires sont au courant qu’ils allaient devoir retirer leurs panneaux ! ».