Ces grands panneaux publicitaires le long des routes qui peuvent tuer
En dépit de leur interdiction, les panneaux publicitaires n’ont pas disparu du long des routes et autoroutes tchèques. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse dans laquelle il sera également question des Tchèques qui se sentent de moins en moins européens, du film tchèque qui cherche à sortir de son provincialisme ou encore du premier jeune Tchèque à étudier aux Pays-Bas l’art du nouveau cirque. Et puis nous évoquerons une nouvelle pièce de théâtre qui a pour protagoniste le grand scientifique tchèque Antonín Holý.
« On trouve toujours des centaines de panneaux similaires sur le bord des routes et autoroutes, et ce bien que leur installation soit interdite depuis plus de sept mois. Il faut espérer que la récente tragédie contraigne les autorités à tenir compte de la gravité de la situation et à réagir en exigeant le respect de la loi. Ce n’est pas pour rien que la loi interdit ces panneaux : ils sont un danger pour les automobilistes en les déconcentrant et enlaidissent le paysage. »
Selon l’auteur du texte, notre pays détient la primauté à l’échelle européenne en matière de pollution de l’espace public par les affichages publicitaires, et pas seulement le long des routes. Il est donc grand temps de faire évoluer une situation « qui témoigne d’un mauvais goût certain et d’un manque de culture ». Supprimer purement et simplement ces panneaux est désormais une urgence.
Les Tchèques privilégient l’identité nationale à l’identité européenne
Seuls 34 % des Tchèques, comparé aux 53% d’il y a dix ans de cela, affirment se sentir européens, l’identité nationale étant pour eux largement prioritaire. C’est ce que révèle une enquête menée par l’agence Eurobaromètre ces dix dernières années. Pour mieux comprendre cette tendance, l’hebdomadaire Respekt a donné la parole au sociologue Stanislav Biler :« Depuis longtemps, le milieu public est en proie à ceux qui ont une attitude hostile à l’égard de l’Union européenne. Notre scène politique ne dispose pas de représentants pro-européens, tandis que les politiciens antieuropéens sont nombreux. Dans le meilleur des cas, l’Union européenne est présentée comme une institution financièrement avantageuse ou comme une inadvertance. La majorité des médias, quant à eux, ignorent ce qui se passe à l’étranger. Les informations qu’ils apportent couvrent des curisoités et des événements catastrophiques. On a tendance à prétendre que Bruxelles prend des décisions à notre insu, ce qui encourage le mythe historique selon lequel les Tchèques qui n’assument aucune responsabilité sont toujours victimes des circonstances extérieures. »
La non adoption de l’euro à un moment où son rejet au sein de la société était beaucoup moins radical qu’il ne l’est aujourd’hui, constitue une erreur tragique, selon le sociologue qui conclut en affirmant que « si les Tchèques ne se sentent pas européens, c’est parce qu’ils n’ont pas assez d’aplomb et ne ressentent pas le désir de participer à quelque chose. Une telle approche serait en contradiction avec l’identité nationale des victimes pleurnichardes. »
Faire sortir le film tchèque de son provincialisme
Les portes de la compétition oficielle du festival de Cannes sont fermées pour les films tchèques depuis plus de 45 ans. A près d’un mois de l’ouverture de la 71e édition, c’est le constat que fait le quotidien Hospodářské noviny. Il rappelle que le dernier film tchèque en compétition pour la Palme d’or a été, en 1972, le film « Les Lampes à pétrole » de Juraj Herz, décédé cette semaine à l’âge de 83 ans. Depuis la célèbre nouvelle vague des années 1960 qui l’a fait connaître le dans le monde, le cinéma tchèque fait du surplace. Des sujets tchéco-tchèques, le provincialisme, la superficialité ou encore une forme plate : telles sont les caractéristiques que les critiques attribuent aux films tchèques. Pour savoir quelle est la situation actuelle au moment où seuls des courts et moyens métrages parviennent à percer sur la scène cinématographique internationale, le journal a donné la parole au doyen de la FAMU, l’école supérieure de cinéma de Prague, Zdeněk Holý :« On voit aujourd’hui grandir une nouvelle génération forte de cinéastes dotés d’un grand potentiel créateur qui donne à espérer qu’ils arriveront à s’émanciper du provincialisme qui caractérise le cinéma tchèque. Je veux que la FAMU mise désormais sur la maîtrise du métier, sur des exercices pratiques et sur l’acquis de connaissances techniques. C’est un domaine auquel l’école n’a voué que peu d’attention jusqu’ici. Les réalisateurs de cette nouvelle vague mythique comme Jiří Menzel ou Věra Chytilová tenaient compte de l’importance de la maîtrise des moyens d’expression du film. Notre école doit aussi s’inspirer de ce qui se fait à l’étranger. »
Toutefois, le doyen de la FAMU admet qu’une recette miracle pour voir de jeunes cinéastes tchèques s’imposer dans un proche avenir à Cannes n’existe pas.
Aimer et étudier l’art du cirque
Aleš Hrdlička est le premier Tchèque à étudier l’art du cirque dans une école supérieure. Inscrit depuis deux ans à l’université Codarts de Rotterdam, il s’est confié à ce sujet au quotidien Lidové noviny :« Tous ceux qui décident d’étudier l’art du cirque sont un peu fous, dans le meilleur sens du terme. Tous mes collègues d’études sont amicaux, ouverts et animés d’un immense élan. Nous pratiquons le cirque un peu partout où nous nous trouvons : nous faisons des arbres fourchus, nous nous balançons, nous jonglons avec les objets disponibles, nous jouons tout le temps. Les gens qui font du cirque sont forcément un peu différents des autres. En Tchéquie, j’étais considéré comme ‘un cinglé’, tandis qu’ici je suis entouré de gens qui sont aussi dingues que moi-même, ce qui est merveilleux. »
Lorsque ses études aux Pays-Bas seront terminées, Aleš Hrdlička veut non seulement voyager mais espère également pouvoir transmettre son expérience acquise à l’étranger à tous ceux qui s’intéressent au nouveau cirque. Un mouvement de spectacle qui n’est en Tchéquie encore qu’en phase de naissance et qui, d’après ses propres paroles, « permet aux gens de se détendre et d’oublier leurs soucis ». De même, il veut se consacrer aux activités de la filiale tchèque de l’organisation Magiciens du monde, dont il est le co-fondateur.
Le scientifique Antonín Holý – protagoniste d’une pièce de théâtre
Les pages culturelles des journaux ont voué une grande attention à une nouvelle pièce du théâtre Dejvické divadlo, une des scènes les plus populaires de Prague. Elles apprécient tout autant la mise en scène fort réussie que le fait que la pièce intitulée « Molécule élégante » rende hommage au biochimiste Antonín Holý, un des plus grands scientifiques tchèques de l’histoire. Il est l’inventeur du médicament contre le virus HIV qui permet à des millions de personnes dans le monde d’être traitées avec succès, pendant que ses brevets rapportent chaque année plusieurs milliards de couronnes à l’Académie des sciences. Le site echo24.cz a cité l’auteur de la pièce, Petr Zelenka, qui a expliqué son intérêt pour Antonín Holý :« Avec Otto Wichterle, l’inventeur des lentilles de contact, Antonín Holý devrait être le scientifique tchèque le plus connu dans le monde, mais ce n’est pas le cas. J’espère bien que ma pièce pourra contribuer à sa popularité. »
Un article publié dans le journal Lidové noviny souligne que l’histoire de la vie du chercheur Antonín Holý, décédé en 2012 à l’âge de 76 ans, est dans cette nouvelle pièce présentée comme une aventure saisissante. Son auteur estime à son tour :
« Petr Zelenka a bâti un merveilleux monument vivant qu’Antonín Holý a bien mérité. Force est en effet de constater qu’il y a toujours beaucoup de Tchèques qui ne savent pas grand-chose de ce scientifique de génie qui a inventé des médicaments utilisés dans le monde entier pour traiter non seulement du SIDA mais aussi de bien d’autres maladies. »