Première revue de presse de l’année 2017
Cette nouvelle revue de la presse tchèque rappellera tout d’abord la Charte 77, une pétition qui a marqué le coup d’envoi du mouvement dissident en Tchécoslovaquie et dont 40 ans se sont écoulés ces jours-ci depuis sa publication. Autres titres au menu : l’action de volontaires tchèques dans des camps de réfugiés ; la fin prévue des interventions monétaires de la Banque nationale tchèque ; les tentatives de conciliation entre les représentants sociaux-démocrates et le président Miloš Zeman, ou encore la place qu’occupe la Philharmonie tchèque sur la scène musicale locale.
La Charte 77 : lorsque l’oppression devient insupportable
La pétition dénonçant la violation des droits de l’homme sous le régime communiste, la Charte 77, constitue l’acte le plus important et le plus marquant que le pays a pu durant les vingt années de la dite normalisation, entre 1969 et 1989, connaître. C’est ce que souligne un texte publié sur le site echo24.cz en rappel de la publication de ce document fondateur du mouvement dissident tchécoslovaque. Il en a été ainsi en dépit du fait que la Charte n’a été signée que par quelques centaines d’hommes et de femmes et aussi en dépit du fait que son influence sur la vie de la société avant la fin des années 1980 a été très faible sinon nulle. Son auteur explique pourquoi :« Le désaccord, la révolte, l’imprévisibilité et tout ce qui est contraire à la passivité. Autant d’atouts grâce auxquels la Charte 77 a rendu la vie à une époque souffrant d’agonie. Autrement, l’histoire des années 1970 et 1980 aurait été morte et plate, marquée uniquement par des rites comme les congrès, les spartakiades, les plans quinquénnaux, les fêtes de la moisson. Sans la Charte 77, la dictature communiste de l’époque aurait représenté une sorte de tombeau accepté par un commun accord ».
Tout en s’inscrivant dans le contexte des activités d’opposition développées dans les pays de l’Europe de l’Est, la Charte 77 et le mouvement dissident tchécoslovaque ont possédé plusieurs spécificités dont en premier lieu celle qu’ils sont nés comme un signe de solidarité avec la jeunesse underground locale... En rapport avec le 40ème anniversaire de la publication de la Charte 77, une note mise en ligne sur le site aktualne.cz a à ce propos indiqué :
« Chaque oppression, tant qu’elle dure longtemps, se heurte à des limites au-delà desquelles elle devient insupportable pour les gens qui sont dotés d’une certaine dignité et qui doivent alors se révolter. C’est ce qui est advenu chez nous dans les années 1970, les années de la dite normalisation laquelle voulait dissimuler le caractère anormal du régime instauré dans notre pays dès son occupation par l’armée soviétique et celles de ses satellites ».
En attendant le renforcement de la couronne tchèque
Comment sera l’année 2017 du point de vue de la couronne tchèque ? La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt cherche à donner une réponse à cette question, au moment où la politique de dévaluation mise en vigueur par la Banque centrale semble toucher à sa fin, en rapportant :« C’est déjà en été prochain que le cours de la monnaie tchèque par rapport à l’euro pourrait être inférieur à 27 couronnes, ce qui est la limite que la Banque centrale défend depuis novembre 2013 en vue d’encourager les exportations et l’ensemble de l’économie. Il est probable qu’au milieu de l’année, la banque mettrait fin à cet engagement, laissant la couronne flotter librement comme c’était le cas auparavant. Ainsi, au bout de trois ans, on peut s’attendre à son renforcement dans la mesure que d’ici la fin l’an 2018, un euro équivalerait 26 couronnes ».
L’auteur de cette analyse estime que dans une longue perspective, il ne s’agit pas d’une démarche qui serait à même d’élever essentiellement le niveau de vie des Tchèques. D’autant plus qu’avant le début des interventions monétaires et surtout avant la crise financière de 2008, le cours de la couronne a été plus favorable encore. Ceci dit, après une longue dévaluation, même un petit changement sera important, pouvant améliorer, par exemple, les budgets des nombreuses familles tchèques qui aiment passer leurs vacances à l’étranger, que cela soit au bord de la mer ou, en hiver, sur des pistes alpines.
Les volontaires tchèques toujours prêts à aider les migrants
Il y a près de quatre mille Tchèques qui se sont jusqu’ici rendus dans les Etats européens qui ont été confrontés à la vague migratoire pour aider les réfugiés venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et d’autres pays. Au cours de l’année écoulée ils ont offert leur aide partout où ceux-ci sont restés coincés. Le site aktualně.cz à ce propos précisé :« Les volontaires tchèques ont été présents sur l’île de Lesbos en Grèce, à Idomeni à la frontière greco-macédonienne, dans des camps pour réfugiés en Serbie. Par ailleurs, les volontaires tchèques figurent parmi les derniers volontaires à demeurer encore sur place au moment où, faute de moyens, certaines organisations internationales ont tendance à retirer leurs travailleurs. D’autant plus que la question migratoire ne figure plus à la une de l’actualité méditatique ».
Pourtant, comme le déclare Milan Votýpka, coordinateur de l’organisation Aider les gens en fuite, qui s’est vu former au lendemain de l’éclatement de la dite crise migratoire en 2015, les réfugiés ont toujours besoin d’aide, surtout avec l’arrivée de l’hiver. A l’heure actuelle, c’est en premier lieu dans les camps de Principovac et d’Adasevec en Serbie qui accueillent près de 2 000 migrants, que les Tchèques développent leurs activités. Vêtus de vestes oranges portant l’inscription de Czech Team, ils représentent un groupe national le plus homogène et, aussi, un des groupes les mieux organisés. Le site rappelle qu’en décembre dernier, l’organisation s’est vu apprécier pour ses activités en faveur des droits de l’homme par un prix portant le nom d’Alice G. Masaryková, fille du premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk.
Tentatives de conciliation des sociaux-démocrates avec Miloš Zeman
A l’approche, en mars prochain, du congrès du Parti social-démocrate (CSSD) dont il est le leader, le Premier ministre Bohuslav Sobotka se présente de plus en plus bienveillant à l’égard du président de la République, Miloš Zeman. C’est ce que signale l’éditorial de l’édition de ce mardi du quotidien Lidové noviny en réaction à la décision de Sobotka de lancer au sein de son parti un référendum concernant le soutien de la nouvelle candidatue de Miloš Zeman, au cas où celle-ci sera annoncée. Une démarche que Sobotka avait précédemment rejetée. Le journal rappelle l’hostilité existant entre les deux hauts représentants suite à la candidature ratée de Zeman, en 2003, jugée par ce dernier comme une « trahison » de plusieurs membres sociaux-démocrates. Le journal a dans ce contexte écrit :« Miloš Zeman qui a répondu à cette initiative de Bohuslav Sobotka avec réticence, se retrouve dans une situation unique. Au lieu d’avoir à demander lui-même le soutien de son éventuelle candidature, on voit plusieurs hommes politiques, dont Andrej Babiš, ministre des Finances et chef du mouvement ANO, lui faire des faveurs. Et pour cause, car c’est effectivement Miloš Zeman qui sera censé nommer le futur Premier ministre ».
Reste à savoir, conclut le journal, si la récente initiative de Bohuslav Sobotka va élever la cote du CSSD ou si elle sera en revanche par les sympathisants de ce parti mal vue.
La Philharmonie tchèque respecte son auditorium
A l’heure actuelle, Prague dispose de cinq orchestres symphoniques fixes, parmi lesquels la Philharmonie tchèque se distingue comme le corps le plus reconnu du pays. Dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes, son directeur général, David Mareček, a expliqué en quoi consistait sa spécificité en disant :« La Philharmone tchèque veut se présenter, dans le bon sens du terme, comme un ensemble conservateur. Les fiançailles avec la musique contemporaine sont alors timides, tout en étant régulières. Dans le cadre de notre série de concerts pour abonnés, nous donnons chaque année un concert qui est réservé à la musique contemporaine qui est souvent exécuté sous la baguette de l’auteur de la composition lui-même. D’un autre côté, il n’en faut pas probablement plus pour satisfaire à la demande de nos auditeurs. Voilà pourquoi, nous n’envisageons pas d’élever le nombre de telles productions. En outre, nous organisons des concours pour les compositeurs tchèques avant de présenter la meilleure oeuvre en concert. Mais ce genre de musique ne va jamais prévaloir dans notre répertoire. »
En ce qui concerne le public qui fréquente les concerts de la Philharmone tchèque, son directeur évoque « un auditorium conservateur qui s’attend à des musiques de compositeurs comme, par exemple, Haydn, Mozart ou Janáček et qui est à la fois érudi et exigeant du point de vue de la qualité d’interprétation. »