Retour en Antarctique pour les chercheurs tchèques
Dix-sept scientifiques, la plupart de l’Université Masaryk de Brno, se sont envolés ce jeudi vers le sud de notre planète, et même très au sud, puisqu’ils rejoignent la station polaire Gregor Mendel, sur le continent antarctique. Ils devraient y passer trois mois afin d’étudier la faune locale ainsi que l’impact du réchauffement climatique dans la région.
Les chercheurs étaient au nombre de six l’an passé, quinze il y a deux ans ; ils sont cette fois-ci dix-sept du voyage, parmi lesquels deux collègues de Turquie et de Slovaquie. Ils sont donc plus nombreux et les objectifs scientifiques sont en conséquence plus ambitieux, en particulier dans certains domaines de recherche. C’est ce qu’a expliqué avant le départ le géographe Daniel Nývlt, membre de l’expédition :
« Les spécialistes en physiologie végétale sont bien plus nombreux que lors des expéditions des années précédentes. Ils ont donc conçu un programme de recherche bien plus vaste qu’auparavant. Outre l’étude directe de la physiologie des mousses et des lichens de différentes espèces qui font l’objet de recherches depuis longtemps, il va y avoir une tentative de cartographier l’extension des plus petits végétaux parce qu’on en trouve aucun sur notre île. On les trouve seulement dans les zones les plus chaudes de l’Antarctique, principalement dans les îles Shetland du Sud. »
Il s’agit de comprendre comment se comportent ces organismes végétaux face au bouleversement du climat. Car en plus d’étudier l’effet de l’intensité des rayons UV sur différentes matières, une large partie du travail des scientifiques s’oriente autour de la compréhension des conséquences du réchauffement climatique. Et de façon surprenante, depuis quelques années, les températures ont tendance à baisser aux alentours de la station Gregor Mendel. Pour Daniel Nývlt, c’est un phénomène qui mérite quelques précisions :« La péninsule Antarctique, près d’où se trouve l’île James Ross, a été entre les années 1970 et 1990 l’endroit où le réchauffement climatique a été le plus rapide. Et depuis dix-douze ans, on y assiste à un refroidissement. Mais il faut dire que la variabilité d’une année à l’autre est relativement élevée. Nous voulons donc recueillir des données pour pouvoir les comparer avec d’autres lieux de l’Antarctique où ces données sont disponibles. »
L’an passé, l’expédition scientifique tchèque de l’époque expliquait avoir relevé une température de 17,8 °C sur l’île James Ross pour le mois de mars 2015. Il s’agit là de la température la plus élevée jamais enregistrée sur le continent antarctique : voilà qui exprime bien la variabilité dont parle Daniel Nývlt. D’ailleurs, la région où se situe la station polaire tchèque n’est pas épargnée par d’autres bouleversements liés au changement climatique :
« Le problème principal, c’est la sécheresse, car il y a de moins en moins de précipitations sur notre région qui est protégée du vent par la péninsule Antarctique. Et si les glaces et le pergélisol commencent à fondre, la zone va perdre beaucoup de l’eau qui s’y trouve. Cela va constituer pour les organismes vivants sur place un problème bien plus grand que le réchauffement du climat. Les précipitations sont en effet très faibles, autour de 450 mm. Cela correspond au point le moins arrosé en République tchèque. Mais sur l’île, où il y a tout de même du vent, ces précipitations sont repoussées vers la mer par les vents. »Pour comprendre tous ces phénomènes naturels, les scientifiques de cette nouvelle expédition ne devront donc pas chômer avant leur retour prévu à la mi-mars.