Plzeň, une ville francophone
Capitale de la bière, mais également capitale européenne de la culture en 2015, Plzeň est une ville où il fait bon vivre. C'est aussi une ville qui parle plusieurs langues, dont le français. A l'occasion du festival Bonjour Plzeň, organisé récemment dans la métropole de la Bohême de l'Ouest, Radio Prague a rencontré Manon Deboise, directrice de l'Alliance française locale.
« Cela fait un an que je suis à Plzeň, mais je suis arrivée en République tchèque précisément en 2010, quand j'étais étudiante et stagiaire à l'Alliance française de Brno. Je ne connaissais par la République tchèque, je voulais justement découvrir l'Europe centrale. Brno est située vraiment au cœur de l'Europe et j'ai adoré cette ville, j'y ai passé une très bon moment. Je voulais alors revenir en République tchèque et quelques années après, j'ai trouvé une oportunité à l'Ambassade de France, à Prague. Une fois mon contrat de deux ans terminé, je suis allée à Plzeň, en tant que professeur dans un premier temps, ensuite comme directrice de l'Alliance française. »
La vocation de l'Alliance française est culturelle et éducative. Vos étudiants sont-ils nombreux ? Y a-t-il de l'intérêt pour le français à Plzeň ?
« A Plzeň, nous avons évidemment la concurrence de l'allemand et de l'anglais. Notre tâche est de promouvoir le français, de montrer que c'est une langue professionnelle, utile pour les études. Il est vrai que ces derniers temps, nous observons un certain déclin de l'intérêt pour le français dans les universités et dans les lycées. En même temps, certains enseignants me disent avoir plus d'étudiants qu'auparavant. Cela varie donc selon les établissements. A l'Alliance française, nous avons 500 inscrits par an. Il est vrai que l'on retrouve les mêmes personnes, car elles inscrivent pour plusieurs cours. En tout, environ 400 personnes différentes gravitent, au niveau des cours, autour de l'Alliance française. »De quelle manière collaborez-vous avec les établissements scolaires ?
« Nous envoyons dans les écoles des locuteurs natifs qui donnent aux élèves des cours de conversation. Cette année quelque 80 élèves de Plzeň sont concernés, ils ont 45 minutes de conversation par semaine avec un professeur natif d'un pays francophone. »
La communauté française, est elle nombreuse à Plzeň ? Qui sont ces Français installés en Bohême de l'Ouest ?
« C'est une question que l'on se pose beaucoup entre nous, on essaie d'évaluer... Il y a une cinquantaine de Français installés à Plzeň. Pour ma part, j'en connais une dizaine. Beaucoup de Français sont présents de longue date à Plzenň depuis quinze, vingt ans. Finalement, ils sont devenus plus tchèques que français avec le temps. Ils ne gravitent pas forcément autour de l'Alliance française, mais il nous arrive aussi de les rencontrer. Récemment, un Français installé depuis dix-huit ans à Plzeň nous a contactés. C'est un père de famille et comme ses enfants grandissent, il souhaite les rapprocher de la culture française. Nous voulons justement créer un milieu accueillant pour de nouveaux arrivants, un milieu qui leur permettrait de se stabiliser, rencontrer des Tchèques, trouver des amis, trouver du travail peut-être. C'est aussi un des rôles de l'Alliance française : permettre une rencontre entre Tchèques et Français. »Quel est le profil professionnel des francophones à Plzeň ?
« Etant donné le nombre d'entreprises françaises implantées ici, nous avons beaucoup d'ingénieurs et de chefs d'entreprise, quelques chercheurs aussi. Les professeurs de français sont également nombreux, certains d'entre eux étant installés depuis longtemps à Plzeň. Nous avons constitué un groupe d'amis, nous nous retrouvons régulièrement à travers les événements organisés par l'Alliance française. Nous essayons aussi de créer des événements pour les familles francophones qui ont des problématiques communes. Par exemple, les nouveaux arrivants veulent savoir comment s'inscrire au registre des étrangers, comment trouver un appartement, ceux qui ont des enfants s'intéressent aux écoles. L'objectif de nos rencontres est aussi, tout simplement, de briser la solitude. »Au-delà de sa bière mondialement connue, Plzeň est une belle ville historique. Vous vous plaisez ici ? Quelles sont vos coins préférés ?
« Oui, je me plais beaucoup ici. Depuis l'année 2015, où Plzeň était la 'capitale européenne de la culture', il existe ici beaucoup de lieux actifs, beaucoup d'événements et d'initiatives qui sont en train d'être créées. J'aime par exemple 'Le Frenchie'. Pas forcément parce qu'il s'appelle ainsi... C'est un petit café sympathique, un peu hipster, en tout cas très agréable à fréquenter. Plzeň possède également de plusieurs anciennes usines et entrepôts qui ont été rénovés. Par ailleurs, le festival Bonjour Plzeň collabore avec la 'Papírna' qui est une ancienne usine de papeterie. Ce grand bâtiment industriel est devenu un centre culturel. Pareil pour le DEPO 2015, qui était un dépôt de tramways ou encore pour Moving Station, une ancienne gare rénovée. Au-delà de ces lieux alternatifs, Plzeň est connue pour ses théâtres avec lesquelles nous travaillons aussi, je pense en particulier à Divadlo Alfa. Enfin, la brasserie est toujours intéressante à visiter... Les lieux sont vraiment multiples. »Vous connaissez bien Prague, Brno et Plzeň. Y a-t-il, de votre point de vue, une comparaison à faire entre ces trois villes ? Quelle est selon vous leur ambiance ?« Je ne sais pas si je peux me risquer à faire une comparaison, sachant que les Tchèques sont très fiers de leurs villes... Brno est une ville très hipster en ce moment, c'est un petit Berlin je dirais. Prague est la capitale, donc beaucoup de choses y sont centralisées. Plzeň profite encore du projet de la capitale européenne 2015. Toutes ces villes sont très actives. »