Zuzana Navarová, le bijou de la scène folk

Zuzana Navarová, photo: Jonáš Hájek, CC BY 3.0

L’une des voix incontournables de la scène folk tchèque reste Zuzana Navarová. Cette chanteuse, compositrice et parolière douée a puisé ses inspirations musicales dans différentes cultures, que ce soit la culture rom ou celle des pays hispanophones. Malgré un début de carrière, qui n’a été remarqué dans les années 1980 que par le public faisant partie d’un cercle passionné mais quelque peu restreint de la scène folk, Zuzana Navarová se fait connaître du grand public au début des années 2000, moment où la radiodiffusion tchèque commence à la considérer comme chanteuse méritant sa place sur scène. L’album que Radio Prague aura le plaisir de vous présenter s’intitule « Barvy všecky », « Couleurs toutes », et a été récompensé du prix Anděl en 2001, dans la catégorie album folk de l’année.

Une musicienne aux inspirations multiculturelles

Zuzana Navarová,  photo: Jonáš Hájek,  CC BY 3.0
Ayant tout d’abord fait des études consacrées à la langue espagnole, Zuzana Navarová se dédie par la suite à la musique, et plus spécialement au chant. Parallèlement à son métier de professeur d’espagnol, elle poursuit ses études au Conservatoire de musique et sort son premier projet solo « Caribe » en 1992. Mais c’est avant tout avec le groupe Nerez, soit Acier inoxydable ou inox en français, que Zuzana Navarová s’offre un début de carrière de musicienne dès les années 1980, dont notamment avec l’album de 1986 « Masopust », « Mardi-Gras » en français.

Zuzana Navarová rencontre son mari sur l’île de Cuba, une île où elle séjourne pendant quelques temps et qui l’inspire profondément dans sa création musicale. Très touche-à-tout Zuzana Navarová devient productrice de la chanteuse rom Věra Bílá et de son groupe Kale, et fait notamment découvrir au grand public la chanteuse Radůza, soit la musicienne que l’on surnomme « la fille à l’accordéon », et à laquelle nous avons récemment consacré un dimanche musical : http://radio.cz/fr/rubrique/dimanche/quand-raduza-chante-la-guerre-en-francais

« Comme ils sont tous pareils,
quand tu te penches sur moi.
Comme ils se ressemblent tous,
quand tu as peur de moi. Tout paraît lointain,
même les baisers, même les claques,
le buisson brûle, le plomb est en train de fondre,
j’entends les mouettes crier. »

Zuzana Navarová, un talent parti trop tôt

Zuzana Navarová et Koa,  photo: Jonáš Hájek,  CC BY-SA 3.0
Zuzana Navarová a participé à de nombreux projets musicaux aux côtés de différents groupes tels que Tres, Koa et surtout Nerez. Aux côtés du guitariste et violoncelliste Vít Sázavský et du musicien Zdeněk Vřešťál, les deux autres membres du groupe Nerez, Zuzana Navarová a co-écrit les chansons parues sur près de douze de leurs albums. Les deux musiciens reformeront en 1997, le groupe Neřež, cette fois-ci et qui veut dire « Ne coupe pas » en français, sans Zuzana Navarová toutefois, mais comme en clin d’œil à la continuation de leur aventure précédente musicale.

L’album, que nous écoutons dans notre émission musicale et intitulé « Barvy všecky », « Couleurs toutes », a vu le jour en 2001 avec le groupe Koa. Un des musiciens du groupe a notamment été le chanteur, accordéoniste et clarinettiste rom aveugle Mário Bihári ainsi que le guitariste et chanteur colombien Iván Gutiérrez, désormais leader du groupe Madera, et avec lequel Zuzana Navarová avait notamment formé le groupe Tres. Avec Koa, Zuzana Navarová a sorti quatre albums et s’est inscrite dans l’esprit du grand public en tant que compositrice à part entière. L’album « Barvy všecky » a été récompensé en 2001 du prix Anděl dans la catégorie album folk de l’année. Malheureusement Zuzana Navarová décède le 7 décembre 2004 des suites d’une longue maladie, à l’âge de 45 ans seulement, et laisse un vide immense sur la scène folk du pays.

« La nuit fluette s’est assise, avec joie elle a fané
Une fille blafarde a couvert la nuit, elle s’est regardée dans le
miroir
Un éclair au-dessus du Parnasse
En vain, le poète lance son lasso
Cette chanson menue avec une voix chétive
S’est altérée, jusqu’à s’atrophier Où êtes-vous mes pirates
De ces nuits amères
Où êtes-vous mes compères
Je balance mes hanches
Où êtes-vous, mes spectres
Des cierges blêmes
Ramenez-moi, tramways
A Vokovice. »