Zuzana Navarova, la "Superstar" tchèque

Zuzana Navarova (Photo : CTK)

La scène musicale tchèque a perdu une de ses meilleures chanteuses, son public une amie. Oui, Zuzana Navarova, 45 ans, morte mardi des suites d'un cancer, était plus qu'une excellente musicienne : elle était un de ces rares êtres humains à savoir illuminer, à travers ses activités et sa façon d'être, la vie des autres.

Zuzana Navarova  (Photo : CTK)
"Orlice bruit près du barrage. Pardonne-moi, je prie pour qu'on surmonte tout. Pardonne-moi d'être triste et froide... on est en mai et pas en novembre... Je prie pour qu'on surmonte tout, quand tu dors sur ton côté droit..."

Zuzana Navarova  (Photo : Jana Sustova)
Orlice, la première chanson de Zuzana Navarova qui m'a touchée en plein coeur. J'ai acheté son CD Jako Santidevi, le dernier qu'elle a gravé, je l'ai écouté une fois, deux fois, Orlice et les autres chansons, chantées en yiddish, en langue rom, en slovaque, en russe et... il s'est passé quelque chose, avec moi, en moi. La musique, merveilleusement interprétée par son groupe KOA, multi-national et multi-colore, cette musique m'a emballée et les paroles de Zuzana, sa sensibilité et son humour, son amour pour les gens, la vie, le monde, m'ont plu et ému. Dans son univers, j'ai retrouvé le mien. Zuzana Navarova était tant aimée du public, parce qu'elle savait établir immédiatement un lien intime avec lui, parce qu'elle mettait tout son coeur, toute sa personnalité dans son... "travail" n'est pas le mot juste... dans son existence plutôt. Dans sa vocation. "Je me sens bien. Ce que je fais rend plus facile la vie des autres", a-t-elle dit, à l'automne, à la presse.

Zuzana Navarova et Marek Eben  (Photo : CTK)
Dans les pages des quotidiens tchèques, musiciens et critiques retracent sa carrière : ses débuts folk en 1980, ses influences latino-américaines, son premier groupe Nerez et ses mélanges inédits des musiques du monde avec les rythmes tchèques, très remarqués du public professionnel et amateur. Dans les années 90, Zuzana Navarova se produit seule, dans des clubs pragois, avant de remporter ses derniers succès avec le groupe KOA. En plus, elle fait découvrir aux Tchèques et aux étrangers deux musiciennes remarquables : la jeune accordéoniste Raduza et la chanteuse tzigane Vera Bila.

Zuzana Navarova, une star malgré elle, peu soucieuse de la gloire, de l'argent, des récompenses. Une star négligée, à tort, par les médias, une star en jean et en tee-shirt, une Superstar que la République tchèque n'avait pas besoin de chercher.

Auteur: Magdalena Segertová
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