Le boom des naissances hors mariage en République tchèque
L’Office tchèque des statistiques a publié cette semaine de nouvelles données relatives à l’évolution démographique en République tchèque, où vivent désormais 10 564 900 habitants. Malgré un taux de fécondité toujours très faible, la population tchèque a augmenté de 11 000 personnes depuis le début de l’année 2016, une hausse qui s’explique essentiellement par un solde migratoire positif. Un autre chiffre est aussi intéressant à observer : au cours des six premiers mois de l’année, près d’un enfant sur deux est né d’une femme célibataire. D’après les spécialistes, ce nombre de naissances hors mariage, qui croît progressivement depuis 1989, constitue une des tendances démographiques les plus marquantes en République tchèque.
« Ce chiffre ne concerne pas uniquement les femmes célibataires, mais aussi les femmes divorcées et les veuves. Néanmoins, les femmes célibataires sont à l’origine de 90% naissances hors mariage. Il s’agit le plus souvent de naissances de premier rang, tandis que les enfants de deuxième rang naissent le plus souvent au sein de couples mariés. Ce qui est important, c’est le niveau d’instruction. Chez les femmes dont le niveau d’instruction est le plus faible (neuf ans de scolarité), on enregistre 75% de naissances hors mariage. Tandis que chez les femmes ayant une formation universitaire, les naissances hors mariage représentent 27% du total des naissances. »
Une situation bien différente de celle de l’ex-Tchécoslovaquie socialiste : en 1989, l’année de la Révolution de velours, seuls 8% des enfants étaient nés de mères célibataires. Jitka Rychtaříková explique :« Sous le régime communiste, la situation était similaire : le pourcentage de naissance hors mariage était nettement plus élevé chez les femmes ayant un faible niveau d’instruction que chez les femmes diplômées. Mais il est vrai que, de façon générale, le nombre d’enfants nés hors mariage était très bas. Car sous l’ancien régime, le mariage était bien vu dans la société, tandis qu’aujourd’hui, il est plutôt perçu comme une obligation, un engagement. Aussi, par le passé, la femme et l’enfant étaient plus protégés par la législation, ils avaient plus d’avantages sociaux qu’aujourd’hui. »
A l’échelle européenne, la République tchèque ne fait pas figure d’exception : d’autres pays, comme la Hongrie ou les Pays-Bas, affichent à peu près le même nombre de naissances hors mariage. En Islande, ce chiffre est encore plus élevé et dépasse 66% des naissances. Jitka Rychtaříková :« Evidemment, il s’agit d’un phénomène général qui touche toute l’Europe. En France aussi, le nombre de naissances hors mariage se situe autour de 50%. Mais la situation de ces enfants, leur situation légale, de droit, est différente. Par exemple, en France, il existe le PACS. En République tchèque, souvent, les femmes qui n’ont pas de partenaire stable restent seules avec un enfant. La majorité des mères célibataires ne sont donc pas diplômées, elles se trouvent dans une situation économique difficile, elles ont un partenaire instable, risquent d’être au chômage. Donc, apparemment, nous avons les mêmes chiffres, mais la situation est très différente à travers l’Europe. »