Plus d’argent, moins d’élèves et inclusion scolaire… C’est la rentrée 2016
Finies, les vacances! Les enfants tchèques ont retrouvé les bancs de l’école ce jeudi 1er septembre. Comme souvent, quelques nouveautés, parmi lesquelles notamment la hausse des salaires des enseignants et l’inclusion des enfants défavorisés, accompagnent cette rentrée. Mais l'année scolaire qui s'ouvre est également marquée par une nouvelle baisse du nombre d’enfants en première classe, l'équivalent du cours préparatoire.
Comme de tradition, les plus hauts responsables politiques du pays se sont, eux aussi, rendus dans certaines écoles en ce jour de rentrée. Parmi eux, le président de la République, Miloš Zeman, était à l’école de Stochov, près de Kladno en Bohême centrale, tandis que le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, a été accueilli dans une école primaire à Jihlava, à la frontière tchéco-morave. De son côté, la ministre de l’Education, Kateřina Valachová, dont la fille aînée accédait en première classe, a rendu visite aux élèves d’un établissement de Brno (Moravie du Sud).
Surtout, cette rentrée est marquée par les effets de la hausse du budget consacré à l'éducation. C’est-à-dire plus d’argent par exemple pour les activités sportives des enfants, mais aussi pour les salaires des enseignants et des employés non pédagogiques, dont les valorisations respectives de 8 et 5 % ont été approuvées en juillet dernier après de longs mois de discussions. Cette augmentation ne fait cependant pas encore sauter les enseignants au plafond. Selon une récente étude de l’institut économique CERGE-EI, 80 % d'entre eux continueront de toucher un salaire inférieur à celui des autres employés de la fonction publique possédant une formation universitaire. En 2015, le montant moyen du salaire mensuel brut des enseignants et des autres employés dans les écoles, qui avait déjà augmenté de 2,2 %, s’était élevé à un peu plus de 23 500 couronnes (870 euros). Bref, cette faible augmentation ne fait pas encore le bonheur de tous, comme s'en plaint Heřman Kempfer, qui travaille dans une école primaire à Prague :
« Ces quelques centaines de couronnes supplémentaires que nous allons recevoir n'auront pratiquement aucun effet. J’ai trois enfants et nous avons un logement à rembourser. Le seul salaire d'enseignant ne me suffit pas. En plus de mon temps plein, j’ai donc pris quelques heures supplémentaires à l’école et j’ai encore un autre emploi. Je colle des affiches publicitaires... Pourtant, travailler à l’école me plaît. Je pense que j’ai quelque chose à transmettre aux enfants et que cela a du sens. »Ce mécontentement est la raison pour laquelle la ministre a indiqué vouloir augmenter de 15 % les salaires des enseignants à compter de l’année 2017-2018 et procéder à la même valorisation également les deux années suivantes, pour parvenir à un montant représentant 130 % du salaire moyen. Cette mesure, qui coûterait à l’Etat environ 45 milliards de couronnes (près de 1,7 milliards d’euros) déplaît néanmoins (forcément) au ministre des Finances, Andrej Babiš, qui bien qu’il se dise favorable à une meilleure rémunération du corps enseignant, ne considère pas les demandes de Kateřina Valachová comme réalistes.
Parmi les autres nouveautés de cette rentrée figurent la possibilité de l’instruction à domicile également pour les enfants du cycle secondaire ou la dernière année de maternelle obligatoire. Mais la plus grande attention est portée à l’entrée en vigueur de la loi qui permet désormais aux élèves ayant des besoins spéciaux, qu’il s’agisse d'enfants avec un handicap physique, mental ou social ou d'enfants surdoués, de fréquenter des écoles « normales », tout en bénéficiant de mesures de soutien gratuites. Par le passé, ce projet d’éducation dite inclusive a suscité de nombreuses controverses dans la société tchèque et fait l'objet de beaucoup de critiques. La ministre Kateřina Valachová poursuit :« Il y a eu un grand débat autour de ce thème tout au long de l’année scolaire passée. Le résultat est que le ministère de l’Education avait raison en affirmant que cette possibilité ne concernerait que très peu d’enfants. Concrètement, seuls 200 enfants, ou plutôt leurs parents, ont décidé de bénéficier de ce soutien. Je crois aussi que les enseignants, de même que les parents et les services scolaires de conseil, sont à présent beaucoup mieux informés et donc que la situation s'est apaisée. »
Le ministère de l’Education a aussi lancé, sur son site Internet, un service d’information sur le sujet et formé un groupe d’experts qui accompagnera dorénavant toutes les familles concernées par ces changements. Car, comme l’a indiqué la ministre dans son discours de rentrée :« L’école ne doit pas être seulement un lieu où l'on s’instruit. Elle doit être aussi un lieu où l'on aime se rendre et où l'on peut découvrir de nouvelles choses, se poser des questions importantes pour chercher ensemble des réponses. »
N'est-ce pas beau, tout ça?