Les « bons » enseignants pourraient avoir un meilleur salaire

Photo illustrative: Filip Jandourek, ČRo

« Travailler mieux pour gagner plus ». Ce principe pourrait bientôt s’imposer dans les écoles tchèques. Les enseignants sont pour l’heure rémunérés en fonction de leur ancienneté. A l’avenir, les salaires pourraient être liés à l’évaluation de la qualité des enseignements prodigués. C’est du moins ce que propose un projet de réforme approuvé ce lundi par le gouvernement.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
Les enseignants tchèques sont parmi les moins bien payés en Europe. En 2015, le montant moyen de leur salaire mensuel brut atteignait à peine plus de 23 500 couronnes (870 euros). Si une valorisation de l’ordre de 8 % a été appliquée au début de l’année scolaire actuelle, une récente étude de l’institut économique CERGE-EI montre que 80% des enseignants continuent de percevoir un salaire inférieur à celui des autres employés de la fonction publique titulaires d’un diplôme universitaire. Une réalité dont se plaignent la plupart des concernés. C’est par exemple le cas de Heřman Kempfer, qui travaille dans une école primaire à Prague :

« J’ai trois enfants et nous avons un logement à rembourser. Le seul salaire d'enseignant ne me suffit pas. En plus de mon temps plein, j’effectue donc quelques heures supplémentaires à l’école et j’ai encore un autre emploi. Je colle des affiches publicitaires… Pourtant, travailler à l’école me plaît. Je pense que j’ai quelque chose à transmettre aux enfants et que cela a du sens. »

Afin de changer cette situation, le ministère de l’Education veut introduire un nouveau système de rémunération des enseignants qui permettrait à les récompenser en fonction de la « qualité de leur travail », plutôt que selon le nombre d’années d’expérience. La ministre Kateřina Valachová explique :

Kateřina Valachová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« L’objectif de cette mesure est d’une part de motiver les jeunes enseignants à entrer dans nos écoles et d’autre part de permettre à leurs collègues plus expérimentés de se développer davantage dans leur profession. »

En pratique, cela signifie que la carrière des enseignants des écoles maternelles, primaires et secondaires serait divisée en trois niveaux. Ainsi, pendant leurs deux premières années d’enseignement, les professeurs seraient qualifiés de « débutants » et recevraient un salaire de base, déterminé par une grille salariale. Ces jeunes instituteurs devraient avoir à leur disposition un collègue plus expérimenté pour les aider et les superviser. Le mentor serait récompensé pour son service par une prime mensuelle de 3 000 couronnes (environ 110 euros). Après deux ans, les enseignants pourraient passer dans la deuxième catégorie, celle des « enseignants indépendants », ce qui leur apporterait 2 000 couronnes supplémentaires par mois (près de 74 euros). Enfin, sept ans plus tard, ils pourraient accéder à la catégorie des « enseignants d’excellence » et recevoir chaque mois de 5 000 couronnes en plus, soit de 185 euros.

La promotion des enseignants serait assurée par des commissions d’attestation, dont la composition serait du ressort du directeur d’établissement pour l’accès à la deuxième catégorie. Les enseignants désireux d’obtenir le dernier grade passeraient eux devant une commission désignée par l’Institut national pour la formation continue, un opérateur du ministère de l’Education. Les critères d’évaluation restent pour l’heure indéfinis, ce que critique notamment l’Association des directeurs des lycées. Présidente de l’organisation, Renata Schejbalová poursuit :

Photo: Jana Šustová,  Radio Prague International
« Il est nécessaire de savoir ce que doit accomplir l’enseignant dans chacun des degrés de ce nouveau système. Nous craignons aussi que la bureaucratie augmente suite à l’introduction de cette mesure et que les bons enseignants ne voulant pas remplir des milliers de papiers passent inaperçus. »

Cependant, malgré les protestations de certains, le projet, qui a été présenté pour la première fois en 2011 et a depuis changé à plusieurs reprises, a été approuvé lundi par le gouvernement et passera prochainement entre les mains des députés. Si le Parlement se prononce en faveur de la réforme, elle pourrait être appliquée dès le 1er septembre prochain pour un coût estimé à 420 millions de couronnes (15,5 millions d’euros) pour la première année.