En Tchéquie aussi les images chocs arrivent sur les paquets de cigarettes
Des orteils amputés ou des poumons détruits : des images chocs vont bientôt « décorer » les paquets de cigarettes et de tabac également en République tchèque. Ces nouveaux visuels dissuasifs, couvrant au moins 65 % des deux faces du paquet, visent à faire baisser la consommation de tabac et à décourager des jeunes de prendre la mauvaise habitude de fumer.
A partir de la semaine prochaine, les Tchèques pourront donc eux aussi acheter ces nouveaux paquets présentant plusieurs des risques auxquels s’exposent les fumeurs. Comme l’explique la porte-parole du cabinet, Markéta Ježková, il faudra néanmoins encore un peu de temps avant que cette nouveauté s’impose définitivement sur le marché tchèque :
« Les produits de tabac qui ne répondent pas aux critères demandés pourront être vendus encore trois mois après l’entrée en vigueur de cette loi. C’est-à-dire que des paquets de cigarettes sans image choc pourront être en circulation jusqu’au début du mois de décembre. »
Si le ministère de la Santé se félicite de ces changements et estime qu’ils pourraient diminuer de 2% la population des fumeurs, les distributeurs de produits du tabac restent pour leur part plutôt optimistes et n’appréhendent pas une importante baisse de l’intérêt pour leurs biens. C’est d’ailleurs ce que confirme aussi un micro-trottoir effectué par la Radio tchèque dans les rues de Prague. Les personnes interrogées ont presque toutes des propos similaires du type : « aucun effet sur moi », « celui qui veut commencer, commencera », ou encore « ce sont des dépenses inutiles »…On trouve aussi des sceptiques parmi les spécialistes du tabagisme. C’est le cas du sociologue Jaromír Volek de l’Université Masaryk de Brno qui considère ces efforts comme « irréfléchis », « vains » et « incapables de limiter le phénomène ». Il appuie ses affirmations sur l’idée que les effets des visuels dissuasifs n’ont pas été très bien étudiés. Une seule étude, australienne, a été réalisée :
« Cette étude indique que la consommation de cigarettes a baissé de 2 ou 3 % à court terme, c’est-à-dire environ un mois après le lancement de cette campagne. Mais d’autres recherches montrent que l’efficacité à long terme de cette mesure est très faible. Les principaux destinataires sont donc les nouveaux fumeurs qui sont les plus sensibles. »La forme de la campagne est d’autant plus mal choisie, poursuit le sociologue, qu’elle n’aura pas beaucoup d’impact sur les premiers concernés par la montée du tabagisme, les jeunes, pour qui fumer ferait partie de leur quête identitaire et pour qui le thème de la mort peut sembler très éloigné.
Quoi qu’il en soit, quarante-deux images censées être terrifiantes vont prochainement s’efforcer d’encourager les fumeurs à se séparer de leur cigarette préférée. Les frais liés à l’introduction de ces nouveaux visuels, qui seront changés tous les ans, sont évalués de 200 à 300 millions de couronnes (entre 7,5 et 11 millions d’euros).