Après l’attaque de Munich, les Tchèques ne maintiennent pas leurs mesures de sécurité

Photo : ČTK

L’attaque avec une arme à feu perpétrée à Munich vendredi soir dernier par un jeune Allemand d’origine iranienne de dix-huit ans psychiquement perturbé a causé la mort de neuf personnes et fait de nombreux blessés. A Prague, les représentants politiques tchèques ont adressé leurs condoléances aux victimes et aux familles. Toutefois, à l’exception de quelques endroits, le dispositif de sécurité mis en place en République tchèque après l’attaque a été annulé samedi, et ce même si selon les informations révélées par la police allemande, l’arme à feu de l’assaillant proviendrait d’un marché noir tchèque ou slovaque.

Après l’attaque de Munich,  photo : ČTK
Dans un télégramme envoyé à son homologue allemand, le chef de l’Etat Miloš Zeman a indiqué qu’il se disait « préoccupé par la montée de la violence en Europe ». Sans être apparu publiquement, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a ajouté que la sécurité était devenue incontestablement une priorité en Europe et qu’il était nécessaire de « commencer à agir ensemble afin que les fanatiques et les despotes ne nous obligent à abandonner notre façon de vivre, libre et démocratique. »

Si aucun Tchèque ne figure parmi les victimes de l’attaque, nombreux sont ceux néanmoins à vivre à Munich, comme Julie Čechotovská :

Photo : ČTK
« Les premières informations révélées ont tout d’abord indiqué qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. Avec mon amie, nous avons donc évité de rejoindre la zone touchée. » Autre Tchèque installé à Munich, Pavel Korcán, qui vit à quelques dizaines de mètres du lieu du drame et est rentré du centre commercial quelques instants seulement avant les premiers tirs, a fait part de son état de choc :

« On ressent quelque chose de complètement différent. Et on réalise aussi qu’au même moment se trouvaient sur place des personnes que nous connaissions. Au début, nous ne savions pas si les personnes que nous connaissons étaient ou pas là-bas ou si certains jeunes, dont s’occupe ma femme à l’école, ne figuraient pas parmi les victimes. »

Jozef Bocán,  photo : Police de République tchèque
Malgré le choc évident, Pavel Korcán, pour lequel l’intervention des forces de l’ordre allemandes a été à la hauteur, affirme ne pas se sentir en insécurité en Allemagne. De son côté, dès l’annonce de l’attaque, la police tchèque a intensifié la surveillance de la frontière avec l’Allemagne, mais a rapidement mis fin à ce dispositif. Porte-parole du présidium de la police de République tchèque, Jozef Bocán a indiqué ce qui a été fait dans les heures suivant le drame :

« Immédiatement après l’attaque à Munich, nous avons renforcé nos contrôles dans différents centres commerciaux du pays. Des mesures de sécurité ont été prises sur la frontière tchéco-bavaroise, où nous avons procédé à des contrôles routiers. »



Photo : ČTK
Dès samedi cependant, la police, après une réunion avec les représentants du ministère de l’Intérieur et des services de renseignement, a annulé les mesures de sécurité à la frontière. Et ce bien que l’assaillant se serait procuré l’arme à feu sur le marché noir sur internet. Selon les enquêteurs, la marque de certification qui figurait sur l’arme était slovaque, ce qui pourrait signifier qu’elle proviendrait de Slovaquie ou de République tchèque. Toujours selon la police allemande, l’arme aurait tout d’abord servi comme une arme factice, avant d’être réparée pour être de nouveau utilisée comme une vraie arme à feu. L’arme a ensuite été achetée sur le darknet, marché noir virtuel auquel on accède à l’aide d’un logiciel particulier. Le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, a justifié la décision de mettre fin au dispositif de sécurité de la façon suivante :

Milan Chovanec,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Les recommandations sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord concernent notamment la décision de maintenir le niveau 1 d’alerte de menace terroriste. Selon nos informations, il n’y a pas de rapport ou de lien direct entre l’attaquant et la République tchèque. »