Karlovy Vary 2016 : la messe tchèque du cinéma a commencé
Top départ : la 51e édition du festival international du film de Karlovy Vary, la plus grande manifestation du genre en Europe centrale, a débuté ce week-end. La célèbre ville thermale de Bohême de l’Ouest est, durant toute une semaine encore, pleine à craquer de cinéphiles, de cinéastes, de vedettes, de starlettes et comme d’habitude de Russes en villégiature. Radio Prague était de la partie.
Cinéaste majeur de la Nouvelle vague tchèque, Jan Němec est décédé en mars dernier à l’âge de 79 ans. La conseillère artistique du festival Eva Zaoralová l’évoque en ces termes :
« Jan Němec cherchait à faire le cinéma à son goût, même sans argent. C’est vrai que tous ses films ont été reçus avec beaucoup de controverses. Certaines personnes étaient enchantées et d’autres critiquaient beaucoup ses films. Parce que c’était des films qui n’étaient pas créés pour le grand public. »En 2006, Jan Němec recevait un Globe de cristal pour sa contribution au cinéma mondial. Il annonçait alors une « mauvaise nouvelle » selon ses mots, c’est qu’il serait de retour à Karlovy Vary avec un film et qu’il gagnerait la compétition, car « l’important n’est pas de participer mais de participer et de gagner », ajoutait-il. Une prédiction qui va peut-être se réaliser cette année à titre posthume.
A moins que la section compétitive ne soit remportée par le réalisateur James Klein. Montréalais anglophone, le jeune cinéaste présente son premier long-métrage « We’ll still together » en compétition et c’est peu dire qu’à l’approche de la projection, il est plutôt excité :« Pour moi c’est très excitant. Je suis très fier de mon équipe. C’est un grand festival avec une grande histoire. J’ai vu la salle qui peut accueillir 1200 personnes. C’est quelque chose qui m’étonne et je suis très excité juste à l’idée de m’asseoir dans cette salle avec mille personnes et de voir ce qu’ils voient eux, quand rient-ils, pourquoi rient-ils ou ne rient-ils pas. »
James Klein risque bien de présenter son film devant une salle comble. Dès les premières heures de la journée, les festivaliers qui sont parvenus à sortir du lit forment de longues files d’attente aux guichets pour essayer d’obtenir les rares billets encore disponibles ou ceux remis en vente. En conséquence, les onze salles du festival sont systématiquement remplies.
Cela a d’ailleurs bien plu à Philippe Lesage, lui-même réalisateur originaire du Québec, venu montrer son long-métrage « Les Démons », sélectionné dans le choix de la critique du magazine Variety :« C’est vraiment chouette, je suis vraiment content car les salles sont pleines. De voir des gens assis par terre, cela m’a vraiment touché. Parfois, on parcourt des milliers de kilomètres pour se retrouver devant des salles clairsemées. Ici, cela met vraiment de bonne humeur ! »
C’est visiblement un avis partagé par le cinéaste belge Xavier Seron, à Karlovy Vary dans la même catégorie pour le film « Je me tue à le dire », quand on lui demande son expérience du festival :« Très chouette. Vraiment la ville est assez agréable, la programmation du festival est assez intéressante. Donc voilà, c’est déjà des bonnes choses tout ça. »
A Karlovy Vary, c’est un cinéma d’auteur « un peu plus radical » qui est montré, ainsi que le définit la conseillère artistique du festival Eva Zaoralová. Cela correspond à la volonté des organisateurs, mais aussi aux contraintes liées à la concurrence des autres « grands » festivals que sont Cannes, Berlin et Venise, qui raflent prioritairement tous les films.
Cela n’empêche pas la station thermale d’accueillir son lot de grands noms du cinéma mondial : Willem Dafoe, venu recevoir un Globe de cristal des mains du président du festival Jiří Bartoška, ou encore Jamie Dornan, pour son rôle dans le film présenté en ouverture, « Anthropoid », qui revient sur l’opération éponyme visant en 1942 à assassiner le protecteur du Reich en Bohême-Moravie Reinhard Heydrich.Et ce lundi, attention, c’est Jean Reno en chair en os, bientôt en tournage en République tchèque, qui a débarqué à Karlovy Vary pour recevoir lui aussi un Globe de cristal pour sa « contribution exceptionnelle » au cinéma mondial.