Les tiques, un fléau microscopique mais dangereux en République tchèque
Chaque année, le printemps en République tchèque est synonyme du retour des tiques, un acarien microscopique mais responsable de maladies particulièrement graves comme l’encéphalite à tique ou la borréliose de Lyme. La République tchèque est une des régions d’Europe les plus touchées, et cette année bat des records, tant en termes de recrudescence de tiques pour la saison, que de cas de personnes touchées par l’encéphalite à tique.
« Les tiques ont besoin de beaucoup d’humidité, grosso modo d’un taux allant de 60 à 80%, mais aussi de chaleur. D’après nos recherches, c’est plutôt à la fin du printemps et à l’automne qu’on trouve le plus de tiques infectées. D’ailleurs, c’est à l’automne qu’on observe une deuxième vague de recrudescence et ce, pour une raison simple : il recommence à pleuvoir, il y a plus d’humidité, mais il fait toujours chaud. »
Si la Moravie du Sud fait partie, selon la chercheuse, des régions tchèques les plus touchées, c’est le pays dans son ensemble qui, chaque année, doit faire face à ce fléau microscopique mais pas moins dangereux. D’ailleurs, des scientifiques ont lancé l’an dernier une carte du pays recensant, sur une échelle de couleurs à six niveaux, les endroits de République tchèque où la présence de tiques est particulièrement forte. Une carte préparée par l’équipe du département de géo-informatique appliquée et de cartographie de la Faculté de biologie de l’Université Charles à Prague, sous la direction de Jan Kolář :
« Nous avons, pour cela, utilisé des données satellites. Evidemment, on ne voit pas les tiques par satellite, mais nous avons essayé d’utiliser le lien qui existe entre la présence de tiques et l’environnement, les conditions dans lesquelles elles évoluent. Or ces conditions sont très diverses, même dans les forêts. Les satellites sont capables de distinguer et d’observer la couverture forestière, même dans des endroits invisibles pour nous, grâce au rayonnement électromagnétique, et ainsi déterminer où sont les lieux probables de présence de tiques. »Cette carte s’avère importante, car hormis les touristes et randonneurs, des professions sont également liées au travail en forêt ou dans des environnements propices aux tiques. Même s’il ne faut pas négliger, en République tchèque du moins, et cette année en particulier, son propre jardin, surtout s’il possède des recoins ombragés et humides.
D’autant que cette année est d’ores et déjà une année record, selon les spécialistes de la question, alors que le niveau d’alerte de présence de tiques est à son maximum pour les mois de mai et juin. Mai 2016 s’est distingué par un triste record de cas d’encéphalites à tique, avec 27 personnes touchées par cette maladie, le chiffre le plus important en dix ans. 34 cas en tout ont été diagnostiqués depuis le début de l’année et un décès est à déplorer des suites de cette grave maladie.
Ces chiffres ont été rendus publics par Rastislav Maďar, membre d’un groupe de travail européen sur l’encéphalite à tique. Le pourcentage de personnes vaccinées contre la maladie reste assez faible en République tchèque, contrairement à d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne voisine, alors que le nombre de cas d’encéphalites à tique est un des plus importants sur le continent. Tentative d’explication de Rastislav Maďar :
« A l'origine, il y avait essentiellement deux foyers de contamination : la Moravie du Sud et les Jeseníky. Mais ils tendent à se propager ailleurs. Ce ne sont plus seulement les gens qui font des randonnées dans la nature qui sont des cibles potentielles, mais aussi les personnes qui ont leurs habitudes bien ancrées : ils ont leur petit coin à champignons, ils pêchent aux mêmes endroits, ils passent du temps dans leur jardin. Ils ne se rendent pas compte que si leur mode de vie n’a pas changé, les tiques, elles, se sont rapprochées d’eux et qu’on peut même les trouver dans des parcs en ville. »La maladie de Lyme, autre maladie transmise par les tiques, n’a à l’heure actuelle aucun vaccin, mais peut être soignée par des antibiotiques. Certains chercheurs, en Tchéquie notamment, ont toutefois découvert, ou soupçonnent, que les tiques peuvent être à l’origine d’autres maladies. La prévention reste donc la première des protections estiment les spécialistes : éviter autant que faire se peut les zones à risque, se prémunir des tiques en portant des vêtements longs et couvrants, et surtout, en utilisant un répulsif.
La carte recensant les « localités à tiques » :