Discorde gouvernementale à propos de la réforme de la police
Le 1er juillet prochain, c’est la date à laquelle devrait commencer une grande réorganisation de la police tchèque qui est censée s’achever par la création d’un Centre national de lutte contre le crime organisé en 2020. Cette structure, qui vise à centraliser les efforts de la police et assurer ainsi sa plus grande efficacité, veut regrouper cinq départements consacrés à la criminalité organisée, au terrorisme, à la cybercriminalité, à la criminalité économique et à la corruption. Le projet est pourtant vivement critiqué chez les unités de police concernées et jusqu’au sein de la coalition gouvernementale.
Pourtant, les changements proposés par le président de la police tchèque, Tomáš Tuhý, bénéficient du soutien de celui qui est chargé de les approuver, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec. Le social-démocrate considère la critique issue du mouvement ANO comme une « attaque à l’indépendance de la police » et comme une politisation d’une question qui est entièrement du ressort du président de la police et de son ministère. La même opinion est partagée également par le troisième parti de la coalition, les chrétiens-démocrates.
De plus, selon une analyse préparée pour le ministre de l’Intérieur, les enquêtes en cours ne devraient pas être affectées. C’est d’ailleurs ce que confirme également le président de la police, Tomáš Tuhý :« J’ai assuré tous les membres de cette unité que les policiers travaillant actuellement sur des affaires resteraient à leur places. Il y a des appréhensions sur le fait que cette réorganisation pourrait mettre à mal des enquêtes en cours mais celles-ci sont sous le contrôle du procureur, et cela ne changera pas. »
Tomáš Tuhý ajoute que la réforme est élaborée par des professionnels sur la base des expériences d’autres pays étrangers. C’est aussi ce qu’il veut prouver aux adversaires du projet à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité d’Etat convoqué par le premier ministre, Bohuslav Sobotka, pour ce mardi prochain. Un acte qui déplaît aussi à Andrej Babiš, qui refuse de participer à cette réunion car il juge la conduite du ministre de l’Intérieur comme allant à l’encontre de l’accord de coalition et souhaite aborder le sujet lors d’une rencontre spéciale de la coalition ce mercredi :
« Nous voulons que nos partenaires au sein de la coalition reconnaissent que la réforme n’est pas prête et que c’est la raison pour laquelle le président de la police devrait démissionner. Celui-ci a en effet intentionnellement liquidé une unité d’élite de la police qui n’avait pas peur d’intervenir jusqu’au Bureau du gouvernement et qui frappaient indistinctement, même les politiciens. »C’est la principale source de conflits, mais pas la seule, au sein de la coalition à l’heure actuelle : le ministre de l’Intérieur considère qu’attendre de nouvelles négociations avec les partenaires de coalition est inutile et entend signer la réforme controversée mardi après la réunion du Conseil de sécurité d’Etat. Dans ce cas de figure, le mouvement ANO veut appeler à la démission du ministre…
Par ailleurs, cette affaire n’a pas fini de faire parler d’elle, car on apprend ce lundi que les changements préparés font l’objet d’une enquête du ministère public à Olomouc (Moravie). Les procureurs vérifient si cette réforme ne représente pas seulement un moyen pour le présidium de la police de se débarrasser du directeur de l’Unité de lutte contre le crime organisé, Robert Šlachta.