Les maisons pour seniors illégales, épine dans le pied pour les services sociaux
Des dizaines de maisons illégales à destination des seniors existent actuellement en République tchèque. Bien qu’elles disent offrir les mêmes services que les établissements assermentés, elles ne disposent pas de licence dont l’attribution est soumise à certains critères. De plus, les contrôles effectués dans ces institutions ont montré que les soins fournis aux personnes âgées sont souvent insuffisants ou qu’ils sont exercés par un personnel non-qualifié.
Les autorités ont également enregistré quelques cas de maltraitance. Ainsi, certains clients étaient par exemple empêchés de sortir de l’établissement et les portes de leurs chambres étaient fermées à clé la nuit. Outre les mauvais traitements, les seniors sont souvent victimes de différentes fraudes financières. C’est d’ailleurs le cas de la maison pour seniors Petruška à Šestajovice près de Prague. Sa directrice, Petra Brožová a été condamnée, en mars de l’année dernière, à six ans de prison pour avoir détourné plus d’un million de couronnes (37 000 euros) appartenant à des personnes placées dans son établissement. Directeur du Département des services sociaux auprès du ministère du Travail et des Affaires sociales, David Pospíšil indique que cette pratique n’est pas exceptionnelle :
« Par exemple, le gérant de l’établissement leur confisque leur carte d’identité ou d’autres documents. Ce personnel a aussi souvent accès à leurs comptes personnels. »Les conditions de vie dans certaines maisons pour seniors et hospices font depuis un certain temps aussi l’objet des critiques du bureau de la médiatrice de la République. Avocate du bureau, Marie Lukasová précise :
« Parmi les manquements constatés, il s’agissait souvent de la prévention insuffisante de la sous-alimentation et des douleurs. »
Depuis l’an dernier, l’Etat s’efforce de résoudre ce problème en augmentant le nombre de contrôles dans ce type d’établissement. A compter d’août prochain, les autorités régionales en charge de ces questions n’auront plus besoin d’une autorisation spéciale afin de pouvoir entrer dans les maisons de retraite soupçonnées d’être illégales. De plus, le montant maximal de l’amende infligée pour la violation des règles va doubler et s’élèvera à deux millions de couronnes (74 000 euros).
Le ministère du Travail et des Affaires sociales a également préparé un manuel à destination des seniors dans lequel il explique les choses auxquelles il faut faire attention avant de choisir un établissement. Ainsi, les seniors devraient notamment insister sur la nécessité de signer un contrat et ne devraient jamais donner à personne l’autorisation d’accéder à leur compte en banque par exemple. Directeur de l’Institut des services sociaux du IVe arrondissement de Prague, Jan Schneider, pour sa part, recommande :
« Il faut visiter l’établissement et discuter avec des résidents et avec le personnel. »Un autre renforcement des mesures visant à diminuer le nombre de maisons pour seniors illégales est envisagé pour l’année prochaine dans le cadre d’un amendement à la loi relative aux services sociaux. L’existence de ces établissements va cependant de pair avec un autre problème, la pénurie de places dans les maisons assermentées qui ont dû refuser, au cours de l’année dernière, plus de 60 000 demandeurs. Cette situation s’avère encore plus grave à entendre les pronostics des démographes qui soulignent que la population tend à vieillir et estiment que près de 600 000 personnes âgées de plus de 80 ans pourraient vivre en République tchèque d’ici neuf ans.