Covid-19 : dans les Ehpad tchèques, le dépistage devient systématique
A compter de ce mercredi, un dépistage systématique du Covid-19 sera opéré sur les résidents et le personnel de toutes les maisons de retraite et autres centres de soins pour personnes âgées dépendantes en République tchèque. Des millions de tests antigéniques seront mis à disposition de ces établissements. Si le gouvernement évoque la nécessité de protéger les personnes âgées, des voix critiques s’élèvent pour lui reprocher la mise en œuvre tardive d’une mesure pourtant décidée en avril dernier.
En République tchèque comme ailleurs, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes sont rapidement devenus des structures particulièrement vulnérables à la propagation du coronavirus. C’est pourquoi, dès le début du mois d’avril, le gouvernement a voulu y imposer un dépistage systématique dans l’idée de contenir l’épidémie. A raison d’un prélèvement tous les quinze jours, il appartenait alors aux régions de fournir les tests-Covid en question. Encore fallait-il en trouver en quantités suffisantes pour satisfaire les besoins...
Or, pas plus tard encore que dimanche dernier, le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček, en direct à la Télévision tchèque, a reconnu que la stratégie gouvernementale n’avait pas pu être mise en œuvre plus tôt précisément en raison de la pénurie de tests. Ce n’est d’ailleurs que dimanche que deux millions de ces tests antigéniques, certes moins fiables mais plus rapides que les tests virologiques dits PCR, sont arrivés en République tchèque. Dans le même temps, le ministère de la Santé annonçait que huit millions d’autres exemplaires avaient été commandés, sans que l’on en apprenne beaucoup plus.
Trop tard selon Jiří Horecký, président de l’Association des prestataires de services sociaux en République tchèque, pour qui « la situation est bien pire qu’elle ne l’était au printemps. En avril, lorsque la situation a été la plus critique, le Covid était présent dans une trentaine d’établissements. Aujourd’hui, nous en sommes à 550. Rien qu’actuellement, environ 3 000 résidents et plus de 2 000 employés sont contaminés. »
Forcément, la question se pose de savoir pourquoi ce dépistage systématique n’a pas été appliqué bien plus tôt, alors que dès cet été les experts avaient averti à plusieurs reprises que l’évolution de la situation dans les centres d’hébergement des personnes âgées constituait une bombe à retardement et qu’il convenait de réagir le plus rapidement possible.
Quoiqu’il en soit, à compter de ce mercredi et d’ici à une semaine, puis ensuite une fois tous les cinq jours, l’ensemble des résidents et du personnel de ces centres d’accueil devront se soumettre au test. Au total, on estime à 200 000 le nombre de soignés et de soignants concernés. Mais pour les aides-soignants notamment, qui comme les infirmières dans les hôpitaux manquent cruellement, la question se pose aussi du bien-fondé de ce dépistage.
Directeur d’une maison de retraite à Velké Březno, commune de Bohême du Nord, Tomáš Kříž, se demande ainsi ce qu’il adviendra et ce qu’il lui faudra faire « si le résultat est que la moitié du personnel, qui porte déjà masque, gants ou encore surblouse, est positive tout en étant asymptomatique. On appelle l’armée en renfort ? Ou les pompiers ? »
Par ailleurs, trois millions de masques filtrants de type FFP2 provenant des stocks stratégiques de l’Etat et dont le port est désormais obligatoire seront mis à disposition du personnel de ces établissements, ne serait-ce que pour couvrir les besoins dans les semaines à venir.