Un rappel discret de la fondation du Parti civique démocrate (ODS)
Le 25ème anniversaire du Parti civique démocrate (ODS) a permis aux éditorialistes tchèques de réfléchir sur la position plus faible que jamais de ce parti phare de la droite tchèque. Nous vous en présenterons un exemple. Le cinéma tchèque sera de nouveau absent, ou presque, au festival de Cannes. Plus de détails dans cette revue de presse qui offrira en outre une information sur l’intérêt porté par les lecteurs tchèques au livre Mein Kampf récemment tombé dans le domaine public, et quelques extraits des nombreux articles qui sont régulièrement consacrés au rappel du règne de Charles IV, à l’occasion du 700e anniversaire de sa naissance.
« On pourrait dire avec un brin de joie maligne que les festivités qui ont accompagné le 25eanniversaire du Parti civique démocrate ont parfaitement reflété la situation dans laquelle celui-ci se trouve actuellement. Très discrètes, ces festivités auraient pu passer presque inaperçues. Modestes ont été également les réflexions des principales représentants du parti sur son avenir. Or, même les vingt-cinq ans d’existence du premier parti de droite en Tchéquie n’ont pas provoqué d’intéressante discussion sur l’orientation ultérieure non seulement de l’ODS, mais aussi de l’ensemble de la droite locale émiettée. Comme si une telle discussion était synonyme d’une perte de temps ».
Ce sont non seulement les résultats faibles, mais aussi les démarches de la direction de l’ODS qui auraient pu décourager ses membres d’un débat sérieux. Aujourd’hui en effet, le sujet des réformes que les représentants du parti avaient auparavant l’habitude d’afficher a fait place aux sujets qui sont propres aux petites formations d’extrême droite, comme la fermeture des frontières aux réfugiés ou celle des écoles aux enfants handicapés. Et l’auteur de l’article de constater que « d’extrême et d’outrageant peut être caractérisé également le discours de certains représentants de l’ODS à l’adresse des alliés et de leurs leaders, son chef ne cherchant pas à les corriger ».Une présence tchèque à Cannes, mais...
A en croire un texte publié par l’hebdomadaire Týden, la présence des Tchèques à l’édition 2016 du Festival du Film de Cannes sera cette fois-ci exceptionnelle en dépit de la traditionnelle absence du cinéma tchèque dans la compétition. Nous citons :« La cinématographie tchèque sera représentée dans plusieurs sections importantes du festival. A noter notamment la participation du court-métrage d’animation intitulé Happy End de Jan Saska à la Quinzaine des Réalisateurs. Le cinéma tchèque aura également quatre titres inscrits au Marché du film et il sera également une nouvelle fois représenté au pavillon tchéco-slovaque. Et encore, le chef de production tchèque d’origine française, Artemio Benki, présentera au festival deux coproductions réalisées avec la France, dont en particulier le film Personal Shopper d’Olivier Assayas. La section Un Certain Regard présentera en outre le film La Danseuse qui a été tournée, en partie, dans la capitale tchèque. Le film d’animation Superbia a été pour sa part tourné en coproduction hongroise tchèque et slovaque ».
L’hebdomadaire rappelle également la présentation du film tchèque de science-fiction Ikarie XB 1 dans la section Cannes Classics, un film réalisé en 1963 et aujourd’hui numériquement restauré. Toutefois, Mirka Spáčilová du quotidien Mladá fronta Dnes porte sur la présence tchèque à Cannes un regard beaucoup plus sceptique en disant :
« On peut prétendre que des films tchèques seront, enfin, présents à Cannes. Mais en réalité, la véritable nouvelle création tchèque est représentée uniquement par le film d’animation Happy End réalisé par un étudiant de la Faculté ce cinéma, la FAMU. A part ça, il n’y a aucun film d’un réalisateur tchèque à avoir été inscrit au programme officiel de la compétition. »
Mein Kampf sort en République tchèque
Le livre Mein Kampf rédigé dans les années 1920 par Adolf Hitler et tombé récemment dans le domaine public, est sorti ce mois d’avril en Tchéquie. La maison d’édition Naše vojsko qui a publié cette « bible de l’idéologie nazie » a d’abord hésité à le faire, mais a finalement fléchi pour répondre à l’intérêt des lecteurs. Depuis sa sortie, Mein Kampf est l’un des titres les plus sollicités par les clients. Le site echo24.cz a qui a apporté à ce sujet plus d’informations a aussi donné la parole à un expert universitaire sur les questions d’extrémisme, Miroslav Mareš, selon lequel la publication du livre ne constitue pas un fait inquiétant. Il a expliqué pourquoi :« Je pense que la société est aujourd’hui à tel point résistante que la publication d’un livre vieux de quatre-vingt-dix ans ne devrait pas la menacer. Par ailleurs, tout ceux qui voulaient connaître la version tchèque du livre Mein Kampf pouvait le faire déjà auparavant sur internet. A mon sens, à l’heure actuelle, le livre n’a pas le pouvoir d’orienter quelqu’un vers le nazisme. Ceci dit, il est clair que les gens qui soutiennent des idées non démocratiques peuvent y puiser la confirmation de leurs opinions. En revanche celui qui défend une pensée démocratique peut y puiser une inspiration pour comprendre les sources des idées extrémistes ».
La version tchèque du livre est accompagnée de trois préfaces, dont l’une est signée par l’Union tchèque des combattants pour la liberté. L’article publié sur le site echo24.cz rappelle aussi que le texte original du livre Mein Kampf a été publié en Tchéquie il y a quinze ans déjà, suite à quoi son éditeur a été accusé de propagation du nazisme. Passible d’une peine de trois ans avec sursis, il a vu son verdict cassé en 2005.
L’épanouissement de Prague sous Charles IV
Depuis plusieurs semaines, le quotidien Lidové noviny publie une série d’articles retraçant les divers chapitres de la vie de Charles IV, roi de Bohême et empereur du Saint-Empire romain, en les resituant dans les différents contextes de l’époque. Ainsi, son édition de mercredi s’est penchée sur l’épanouissement qu’a connu la ville de Prague sous son règne alors que le souverain est perçu au sein de la population comme « le plus grand des Tchèques » et dont on célèbre cette année le 700e anniversaire de la naissance. Dans un texte qui est consacré à ce sujet et qui rappelle qu’à la différence de son père, Jean de Luxembourg, qui ne s’est jamais vraiment identifié avec le milieu tchèque, Charles IV a renoué avec l’idéologie et la tradition de la famille des Přemyslides, dont sa mère Eliška était issue, on a pu lire :« En réfléchissant sur le concept de la ville résidentielle des rois de Bohême et à la fois de la ville qui était la sienne, Charles IV pouvait puiser une riche inspiration dans ses expériences françaises et italiennes acquises précédemment. Fortement engagé en faveur de l’épanouissement de la ville, il a à son actif beaucoup de réalisations, dont le renouveau de l’espace du Château de Prague, l’édification de la cathédrale Saint-Guy, la fondation de la Nouvelle-Ville de Prague, celle de l’Université et de monastères, ainsi que l’édification d’un pont qui allait porter son nom. Entre les années 1340-1360, il a réussi à transformer Prague en une des plus grandes et des plus importantes métropoles européennes ».
La question de savoir dans quelle mesure le pragmatisme et le rationnalisme de Charles IV ont été liés à des éléments symboliques demeure à ce jour ouverte. Le journal suggère que Charles IV considérait Prague comme « une troisième Rome » ou encore comme « une nouvelle Jérusalem » du monde chrétien ce dont témoigne sa passion pour la collecte de reliques saintes et leur exposition en public. Lidové noviny note qu’il est on ne peut plus symbolique que c’est également Prague qui a été en 1378 le témoin de l’ultime chemin de Charles IV. L’itinéraire du passage de sa dépouille mortelle qui a été déposée, quelques jours plus tard, dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Guy a, dans une grande mesure, prédestiné la route de couronnement des rois de Bohême.
Dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes, l’historien Vlastimil Vondruška a tenu pour sa part à souligner qu’aussi impressionnant fût-il, le nombre de châteaux et de villes royales fondés sous Charles IV ne constitue qu’un fragment de ce que la dynastie des Přemyslides avait déjà bâti au XIIIe siècle. Et de remarquer, en rapport avec le chaos de la révolution hussite dans lequel les pays tchèques ont sombré après sa mort:
« Même si chaque nation est appelée à honorer ses prédécesseur, il est à la fois souhaitable de demeurer réaliste et de ne pas trop fabuler ».