Foot et hockey : dimanche noir pour le Sparta, Plzeň et Liberec sacrés champions à Prague
Depuis dimanche soir, la République tchèque connaît son champion de hockey sur glace. Elle connaît aussi à 99% son champion de football. Et elle sait enfin que ce ne sera pas le Sparta Prague pas plus en Tipsport Extraliga qu’en Synot Liga. En hockey, Liberec a été sacré pour la première fois de son histoire en remportant (4 victoires à 2) la série de la finale des play-offs de l’Extraliga aux dépens du Sparta Prague, tandis qu’en football, le Viktoria Plzeň a fait un pas quasi-décisif dans sa quête d’un deuxième titre consécutif, le quatrième en six ans, en s’imposant (3-0) sur la pelouse de son grand rival. Reportage.
Mais c’est déçus que la majorité des 17 000 spectateurs et des 19 000 autres qui avaient rempli respectivement l’O2 Arena, le temple du hockey tchèque des temps modernes, et le stade de Letná, sont rentrés chez eux. Au contraire des supporters de Liberec et de Plzeň qui, que ce soit depuis leur Bohême du Nord ou de l’Ouest, avaient fait le déplacement long d’une petite centaine de kilomètres jusque dans la capitale.
Et un, et deux, et trois zéro…
Il est bientôt 22 heures. Sur le traditionnel air des lampions, les 2 500 fans de Plzeň parqués dans un coin du stade, chantent à tue-tête depuis un bon moment déjà qu’ils seront à nouveau « šampioni ». On joue alors la deuxième minute du temps additionnel, le Viktoria mène tranquillement 2 à 0, quand Michael Krmenčík, profitant des boulevards laissés par les défenseurs pragois, file seul vers le but et lobe d’une petite balle piquée le gardien David Bičík trop avancé… Le troisième et dernier clou dans le cercueil d’un Sparta qui espérait pourtant, avant le coup d’envoi, mettre fin à la série de quatorze victoires de Plzeň en Synot Liga et ainsi redonner un peu de suspense à la lutte pour le titre.
Au contraire, avec ce quinzième succès d’affilée, record égalé dans l’histoire du championnat, le club de Bohême de l’Ouest, nouvelle place forte du championnat tchèque depuis son premier sacre en 2011, est désormais quasiment assuré de conserver son bien. Avec onze points d’avance à quatre journées de la fin, le Viktoria, qui n’a peut-être jamais si bien porté son nom, pourra officiellement faire la fête avec son public samedi prochain lors de la réception du Baník Ostrava. Tout autre résultat qu’une défaite face à la lanterne rouge permettra aux hommes de Karel Krejčí de faire sauter les bouchons de champagne aussitôt le coup de sifflet final. Mais avant d’envisager cette perspective alléchante, l’entraîneur de Plzeň préférait savourer le moment présent en conférence de presse après le match :« Je suis satisfait ce soir, c’est vrai. Non seulement nous avons remporté notre quinzième match d’affilée, mais aussi le vingt-et-unième sur les vingt-deux derniers matchs. Je pense pouvoir affirmer que ce sont là des chiffres d’une équipe digne d’être championne. Il ne faut pas oublier que le début de saison a été très compliqué (sur le total de huit points abandonnés par Plzeň depuis le début de saison, cinq l’ont été au mois d’août, ndlr). Nous avons égalé un record (en 2000, le Sparta avait également réalisé une série de quinze victoires consécutives, ndlr) et nous entendons désormais le battre contre Ostrava. »
Autre série qui parle d’elle-même : dimanche soir, Plzeň a battu le Sparta pour la quatrième fois consécutive en championnat. Malgré les onze points qui séparent les deux équipes après vingt-six journées, une simple lecture des chiffres permet de constater que si les Pragois avaient mieux maîtrisé ces confrontations directes toujours très tendues, la situation en tête du classement pourrait être tout autre aujourd’hui. Meilleur buteur du championnat (15 buts), Michal Ďuriš, l’attaquant international slovaque de Plzeň qui figure sur les tablettes de plusieurs clubs européens, explique ce qui, selon lui, fait pencher la balance en faveur du Viktoria ces deux dernières saisons :
« Nous avons une équipe expérimentée et avons déjà joué un bon paquet de rencontres importantes ces dernières années. Nous savons comment nous préparer pour ce type de rendez-vous. Ce soir, nous savions aussi que le Sparta était dans l’obligation de gagner pour garder un espoir. Nous avons d’abord bien défendu, même si le Sparta a poussé en deuxième mi-temps. Mais nous avons résisté et su marquer quand il le fallait. »
Une histoire de penaltys
Marquer quand il le fallait, cela a d’abord été sur penalty. Car la première mi-temps de ce Sparta – Plzeň a été une histoire de coups de pied de réparation. Et si Ondřej Vaněk a froidement transformé le sien dès la 11e minute, Bořek Dočkal, pourtant un des meilleurs joueurs pragois dimanche soir, a lui envoyé le cuir dans les tribunes à la 27e. Ce penalty (complétement) raté a probablement constitué le tournant du match, comme le reconnaissait le milieu de terrain international du Sparta :
« Je pense que le score final est cruel pour nous et ne reflète la physionomie du match. En même temps, ce n’est pas du patinage artistique. Peu importe qui joue mieux. Ce type de matchs ne se gagne pas grâce à une meilleure possession de balle ou au nombre d’occasions. Il y a des moments-clefs qu’il faut savoir bien gérer. Aujourd’hui, les deux penaltys en première mi-temps ont constitué ces moments-clefs. Si je marque le mien, on revient à 1-1 et ce n’est plus du tout le même match… »
Peut-être. Toujours est-il que mené au score, le Sparta n’est ensuite jamais parvenu à mettre la défense de Plzeň suffisamment en difficulté pour dire de recoller. Poussifs et en manque d’imagination par instants, les Pragois, peut-être plus marqués moralement et physiquement par leur élimination en quarts de finale de la Ligue Europa qu’ils ne veulent bien l’avouer, sont apparus comme au bout du rouleau. Et tant pis si leur défenseur Jakub Brabec ne partageait pas cet avis :« Je ne dirais pas ça. Nous sommes contents d’avoir tant de matchs à jouer. Nous avons disputé la Ligue Europa pour faire le plus beau parcours possible et en avons profité au maximum. Nous n’avons aucun regret là-dessus. Les blessures, les absences et la fatigue font partie du jeu. Ça ne peut pas être une excuse. Nous sommes payés pour jouer au foot, on ne va donc quand même pas se plaindre d’avoir des matchs en plus à notre programme parce que nous avons réalisé de bonnes performances en coupe d’Europe. Je ne parlerais pas non plus d’une usure mentale. Ces derniers mois, nous avons joué la plupart de nos matchs dans des stades pleins, aujourd’hui encore. Les supporters ont toujours été derrière nous, même quand cela a moins bien tourné. Non, il faut savoir profiter de ces moments dans une carrière, même si, malheureusement, les résultats ne suivent plus. »
Pour le Sparta, il ne reste donc désormais plus que la coupe nationale pour sauver une saison certes riche en émotions et chargée mais qui, une nouvelle fois, s’achèvera sans le seul titre qui compte véritablement à Prague. Qu’il s’agisse de foot ou de hockey…