Approfondir une coopération pragmatique et renforcer l’interconnexion mutuelle : c’est en ces termes que Xi Jinping a résumé un des principaux objets du partenariat stratégique qu’il a signé avec le chef de l’Etat tchèque, Miloš Zeman, au Château de Prague. Après une première journée au caractère essentiellement informel suite à son arrivée lundi, le président chinois remplissait ce mardi la partie officielle du programme de sa visite historique de deux jours en République tchèque.
Xi Jinping et Miloš Zeman, photo: ČTK
C’est peu dire que le président chinois était très attendu en République tchèque. Accompagné d’une importante délégation ministérielle, Xi Jinping, premier président chinois à effectuer une visite officielle en République tchèque, était attendu non seulement par son homologue Miloš Zeman et le gouvernement tchèque dans son ensemble, mais aussi par un certain nombre d’opposants. Ceux-ci contestent la politique menée par leurs plus hauts représentants et regrettent que leur pays ait abandonné certains idéaux en matière de défense des droits de l’homme pour donner la priorité au développement des affaires avec un pays communiste et totalitaire. Là où certains parlent de diplomatie économique, d’autres au contraire affirment avoir honte des positions défendues par leur président et leur gouvernement.
Xi Jinping et Miloš Zeman, photo: ČTK
Néanmoins, ces voix critiques se sont essentiellement fait entendre lundi. Car ce mardi, l’heure était aux rencontres au sommet. D’abord au Château de Prague, donc, où Xi Jinping et Miloš Zeman ont scellé l’accord de partenariat stratégique entre les deux pays. Comme l’avait déjà expliqué le Premier ministre Bohuslav Sobotka lors de sa visite à Pékin en novembre dernier, visite qu’il avait alors qualifiée de « confirmation du développement dynamique des relations tchéco-chinoises », la République tchèque souhaite devenir une porte d’accès à l’Europe pour les institutions financières et les investisseurs chinois, et notamment à l’Europe centrale et de l’Est. Les contrats, nombreux et dans de multiples secteurs d’activité, seront signés ce mercredi mais, d’ores et déjà, le président Zeman a indiqué que le montant du volume des investissements chinois en République tchèque rien que pour 2016 devrait atteindre les 95 milliards de couronnes (3,5 milliards d’euros), soit 50 de plus que ce qui avait été initialement annoncé. Dans le sens inverse, le constructeur automobile Škoda devrait investir quelque 60 milliards de couronnes (2,2 milliards d’euros) en Chine dans les cinq ans à venir.
Photo: ČTK
Pour autant, la Chine n’est pas parvenue à imposer toutes les conditions qu’elle souhaitait dans le texte du partenariat stratégique. Si la République tchèque indique bien « respecter la souveraineté et l’unité territoriale de la Chine », en revanche aucune mention ne figure selon laquelle le Tibet, Taiwan et Xinjiang feraient partie intégrante de la Chine unifiée. Il y a pourtant quelques semaines de cela, le conseil municipal de Prague, dans le cadre de la signature d’un accord de partenariat avec Pékin, s’est prononcé en faveur de la reconnaissance de la politique d’une seule Chine, une position politique du gouvernement chinois selon laquelle Hong Kong, Macao, Taïwan, le Tibet et Xinjiang font partie de cette Chine unifiée.
Par ailleurs, la République tchèque a également refusé d’intégrer dans l’accord, comme le souhaitait la partie chinoise, la déclaration selon laquelle elle considèrerait la Chine comme une économie de marché. La reconnaissance d’un tel statut aurait certes apporté certains avantages commerciaux à la Chine, notamment dans le domaine des droits de douane, toutefois seule l’Union européenne est en mesure de se prononcer sur la chose.
De son côté, la Chine n’a pas donné de suite favorable à la demande tchèque de créer une commission ministérielle commune. L’accord signé par Xi Jinping et Miloš Zeman range donc ainsi la République tchèque « seulement » au niveau de pays comme la Pologne, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Pas de quoi cependant ombrager l’excellence confirmée des relations tchéco-chinoises.