L’assistance sexuelle pour les personnes handicapées désormais une réalité en Tchéquie
L’assistance sexuelle pour les personnes handicapées est désormais une réalité en République tchèque. Avec le blanc-seing du ministère de l’Intérieur, cinq femmes viennent de parachever une formation élaborée par l’association Rozkoš bez rizika (Le Plaisir sans risque). Un service, critiqué par certaines associations féministes, qui recouvre deux aspects, un conseil aux personnes handicapées et une assistance sexuelle active.
La partie tchèque s’est appuyée sur l’expérience étrangère et en particulier sur celle de la Suisse, où des formations existent depuis déjà plus de dix ans. L’association alémanique InSeBe (pour Initiative SexualBegleitung) et la sexopédagogue Catherine Agthe Diserens ont ainsi prêté main forte à Rozkoš bez rizika pour encadrer les apprenties assistantes sexuelles et certains professionnels du soutien aux personnes handicapées. L’assistanat sexuel s’articule autour de deux orientations. Il y a d’une part un accompagnement des handicapés dans leur sexualité par le conseil et l’information, par exemple à propos des jouets sexuels adaptés à leur situation, un service qui était déjà rendu jusqu’à présent par des « assistantes intimes », et d’autre part les prestations sexuelles. Légalement, l’association n’a pas le droit de joueur le rôle d’intermédiaire entre ces professionnels et leurs clients potentiels sous peine d’être considérée comme un proxénète. Un point que regrette Lucie Šídová :
« En République tchèque, à l’heure actuelle, il est légalement possible de fournir des services sexuels contre rémunération. Nous avons évidemment fait les vérifications nécessaires et demandé l’avis juridique du ministère de l’Intérieur, une expertise sur laquelle nous nous appuyons. Donc nous pouvons former des assistantes sexuelles mais nous ne pouvons pas ensuite les mettre en contact avec des clients. Nous pouvons fournir une liste de leurs noms mais c’est aussi un sujet controversé. Quoi qu’il en soit, ces femmes existent désormais et des personnes souffrant d’un handicap se tournent vers elles. Donc je pense qu’il ne sera pas difficile de les trouver sur internet. »Même avec la meilleure volonté du monde, il sera en revanche très complexe de trouver des hommes. L’association, qui travaille exclusivement avec des travailleuses du sexe, des personnes qui ont déjà l’expérience du contact des corps indique Lucie Šídová, n’envisage pas à moyen terme de former des assistants sexuels. Elle précise cependant que les assistances interviennent également auprès de femmes, « pour les aider à découvrir leur sexualité ». La position de Rozkoš bez rizika ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les organisations féministes, dont certaines condamnent toute forme de prostitution en tant qu’elle constitue une marchandisation du corps des femmes.