La Czech Team ou les volontaires tchèques contre la xénophobie

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De jeunes volontaires tchèques aident les réfugiés à la frontière entre la Serbie et la Croatie. Les décorations remises par le président de la République à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre ont une nouvelle fois été la source de controverse, tout comme la décision de la Chambre des députés de faire du Vendredi saint un nouveau jour férié. Et puis les départs des médecins tchèques à l’étranger sont une source d’inquiétude dans les milieux concernés. Tels sont les titres de cette revue de presse hebdomadaire qui consacrera quelques mots aussi au Festival international du film documentaire qui se déroule à Jihlava.

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Le quotidien Mladá fronta Dnes a publié récemment un long reportage réalisé à Bapska, un poste-frontière entre la Serbie et la Croatie par lequel des milliers de migrants sont passés ces derniers jours. Il présente le travail de volontaires tchèques qui, vêtus de vestes de couleur orange portant l’inscription Czech Team, sont établis sur le terrain. Organisés par les réseaux sociaux, ils sont de trente à cinquante jeunes prêts à accorder leurs soins aux réfugiés. Leur efficacité est très appréciée par les témoins. Le journal cite une journaliste croate qui s’est rendue sur place :

« Tout ce que les Tchèques font ici est digne d’admiration. Ils arrivent dans un no man’s land, loin de chez eux, et ils s’organisent parfaitement afin d’accorder leur aide de façon désintéressée. Je trouve cela étonnant compte tenu notamment des déclarations des politiciens tchèques. »

Améliorer l’image de leur pays, critiqué pour son attitude à l’égard des migrants, est une des principales motivations des Tchèques qui offrent leur aide. C’est ce que confirment les propos de l’un d’eux, un jeune cuisinier d’Ostrava qui prétend même que, face aux déclarations xénophobes dont il est témoin en République tchèque, cette aide constitue dans une certaine mesure « une façon de s’excuser ». L’auteur du reportage, Martin Biben, a également écrit :

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« En me rendant à Bapska pour voir les volontaires tchèques, j’en avais une idée préconçue, car je m’attendais à trouver des jeunes gens appartenant au mouvement alternatif, avec des opinions idéalistes, des libres-penseurs qui ont une faiblesse pour le multiculturalisme, avec des bras grands ouverts à tout le monde. Mais je me suis complétement trompé. La composition des gens qui se rendent dans cet endroit peu attrayant menacé par une catastrophe humanitaire est beaucoup plus variée. Il s’agissait en premier lieu d’étudiants avec des options différentes, mais aussi d’hommes et de femmes d’affaires. Il y avait aussi, par exemple, une femme médecin. Leurs opinions sont donc assez différentes, tout le monde ne considérant pas la migration comme quelque chose de positif. Toutefois, ils ont un trait commun : pour eux, aider les gens en détresse est devenue une priorité. »

Les décorations honorifiques, pour ou contre ?

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A la veille de la fête nationale qui a été célébrée ce 28 octobre en République tchèque et à l’occasion de laquelle le président de la République, fidèle à la tradition, a remis des distinctions d’Etat à des personnalités choisies, l’hebdomadaire Respekt a lancé une mini-enquête auprès de plusieurs figures de la vie publique pour connaître leur regard sur cette coutume. Petr Zídek du quotidien Lidové noviny a été catégorique :

« Les distinctions d’Etat, cela n’existe pas. Ce que l’on appelle ainsi, ce ne sont en fait que des distinctions de l’actuel establishment politico-bureaucratique. Pour moi, il s’agit d’une relique des temps passés, d’une relique féodale qui aurait dû être supprimée depuis très longtemps. »

L’un des interrogés dans cette enquête, le pédagogue Šimon Heller soutient pour sa part l’idée que ces distinctions devraient être attribuées à des gens qui ont fait preuve du courage pour défendre les valeurs de notre société. Et non pas donc aux gens qui savent, par exemple, bien chanter, jouer au football ou bien qui ont collaboré avec le régime totalitaire. Selon ses paroles, « ils sont nombreux ceux qui aujourd’hui s’engagent en faveur de la défense des valeurs démocratiques ».

Le départ des médecins tchèques à l’étranger – une menace pour l’avenir

Photo illustrative: imagerymajestic / freedigitalphotos
Au cours des dernières années, beaucoup de médecins tchèques, surtout les jeunes, ont saisi l’occasion que leur offre la libre circulation pour aller travailler à l’étranger. C’est en premier lieu l’Allemagne voisine qui est la plus prisée. Cette question a été une de celles qui ont été soulevées dans un entretien avec Julius Špičák, médecin en chef de la clinique de gastroentérologie du prestigieux hôpital IKEM de Prague, publié dans le quotidien Mladá fronta Dnes. Ayant lui-même travaillé dans plusieurs pays, il a tout de même exprimé à ce sujet sa profonde inquiétude en disant :

« Pour moi, la situation est tragique même si certains pays comme la Pologne, la Russie et la Hongrie sont encore plus concernés par ce phénomène. Nous nous sommes habitués à prendre ces départs comme un fait accompli qui ne semble guère préoccuper les politiciens. Toutefois, nous allons en ressentir bientôt les conséquences car, désormais, notre pays ne constitue pas une destination attrayante même pour les jeunes médecins de l’Europe de l’Est. Comme le taux de vieillissement des médecins tchèques augmente de façon dramatique, on peut s’attendre à ce que, dans dix ans, on affrontera un immense problème, d’autant plus que ce sont souvent les médecins de pointe qui partent. »

Ce sont en premier lieu des raisons financières qui poussent les médecins tchèques à aller travailler à l’étranger. De meilleures possibilités dans le domaine de la formation continue jouent également un rôle non négligeable.

Le Vendredi saint – une fête nationale en Tchéquie ?

Photo: Archives de Radio Prague
La semaine dernière, la Chambre des députés a donné son aval à la proposition selon laquelle le jour du Vendredi saint serait une fête nationale. Jusqu’ici, seul le lundi pascal constitue en République tchèque un jour férié s’inscrivant dans les fêtes de Pâques. Dans une analyse publiée dans le supplément du quotidien Lidové noviny, Česká pozice, Přemysl Houda s’est penché sur les différents aspects de cette décision. Il a entre autres noté :

« Le vote des parlementaires peut suggérer une renaissance de la foi chrétienne dans le pays, mais il s’agit là d’une impression fausse. Ce n’est pas la foi comme telle, mais c’est son cadre symbolique institutionnel qui vit une renaissance... Ceux qui disent que ‘moins il y a d’esprit chrétien dans la société, plus il y a de fêtes chrétiennes’ ont raison. »

L’auteur du texte constate que pour une grande partie de la société tchèque, le christianisme ne représente qu’une métaphore vague de quelque chose qu’elle ne connait guère et sur quoi elle ne réfléchit pas. Pour cette raison, la notion de christianisme peut servir à certaines tendances politiques islamophobes en rapport avec la question migratoire. Přemysl Houda insiste dans ce contexte sur la nécessité de savoir déceler les vraies valeurs chrétiennes, par exemple d’ordre caritatif, mises dans ce contexte en valeur. Plus loin, il écrit :

« Mais en fin de compte, le Vendredi saint en tant que fête nationale pourra plaire à tout le monde. Avoir un jour férié de plus pour le passer en famille, c’est quand même assez agréable. Les sondages prouvent d’ailleurs que les fêtes nationales sont considérées par la grande majorité des Tchèques, ni plus ni moins, comme un simple jour férié pouvant prolonger le week-end. »

Le paysage varié du film documentaire tchèque

Un supplément spécial de l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny a été consacré au Festival international du film documentaire qui se tient du 27 octobre au 1er novembre à Jihlava et qui est le plus grand festival du film documentaire en Europe centrale. Dans son éditorial, Tomáš Stejskal a tenu à souligner le caractère d’auteur des films documentaires locaux. Il a à ce sujet écrit :

« Cette caractéristique signifie que le film documentaire est désormais une discipline artistique comparable à celle de la fiction, car il met en valeur les mêmes critères esthétiques. Or, le film documentaire n’est pas un simple petit frère d’un reportage télévisé. Les documentaristes tchèques offrent aux spectateurs maints témoignages de ce que les films documentaires constituent un terrain très varié et qu’ils méritent de ce fait d’être présentés en salle. »

Selon l’auteur de ce texte, la variété de styles et de thèmes des films documentaires tchèques serait due en majeure partie à l’environnement fructueux et dynamique de la chaire de la création documentaire à la FAMU de Prague, l’Ecole supérieure du Film. La compétition du Festival international qui se déroule à Jihlava, intitulée La Joie tchèque, est appelée à en apporter de nouvelles preuves.