Migrants : en Jordanie, Bohuslav Sobotka a voulu démontrer que la mauvaise réputation tchèque n’est pas justifiée

Bohuslav Sobotka en Jordanie, photo: ČTK

Tandis que le président Miloš Zeman a fait de nouvelles déclarations anti-migrants en affirmant, entre autres, que la majorité d’entre eux ne méritaient aucune compassion et qu’ils utilisaient les enfants comme des boucliers humains, Bohuslav Sobotka était, lui, en Jordanie samedi et dimanche, où il a effectué sa première visite dans le monde arabe dans ses fonctions de Premier ministre. Reçu par le roi Abdallah II ainsi que par son homologue Abdullah Ensour, le chef du gouvernement a promis une augmentation de l’aide tchèque à la Jordanie, destinée notamment au camp de Zaatari, où des dizaines de milliers de réfugiés qui ont fui la guerre civile en Syrie voisine vivent actuellement.

Bohuslav Sobotka en Jordanie,  photo: ČTK
Si elle reste opposée au principe de leur répartition selon des quotas imposés à chaque pays par la Commission européenne, la République tchèque n’est cependant pas indifférente au sort des réfugiés. C’est en somme le message qu’a tenu à transmettre son Premier ministre lors de son passage en Jordanie, quelques jours après la critique adressée par le haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/infos/lonu-critique-les-declarations-xenophobes-de-milos-zeman-et-le-traitement-des-refugies-en-tchequie). Tout en estimant que les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur ne faisaient pas suffisamment la promotion des programmes d’aide déployés depuis Prague en faveur des réfugiés, Bohuslav Sobotka a estimé que la réputation de la République tchèque, en la matière, ne correspondait pas à la réalité :

« Si chaque pays de notre taille réalisait autant de projets concrets que la République tchèque ici en Jordanie, je pense que la situation de milliers de réfugiés s’améliorerait nettement. »

Bohuslav Sobotka à Zaatari,  plus grand camp de réfugiés au Proche-Orient,  photo: ČTK
Durant sa visite à Zaatari, plus grand camp de réfugiés au Proche-Orient dans lequel sont regroupés quelque 80 000 Syriens, Bohuslav Sobotka a pu constater que les moyens tant financiers que matériels mis à disposition de la Jordanie par la République tchèque avaient abouti à des résultats concrets. Ainsi, 1,7 million d’euros a été consacré cette année à l’amélioration de l’approvisionnement en électricité du camp, tandis que les missions sur place de médecins tchèques ont permis le traitement de plusieurs centaine de patients gravement malades. Plus anecdotique, un terrain de football équipé d’une pelouse synthétique a même été installé dans le camp. Au total, la République tchèque compte donc parmi les dix pays les plus généreux pour ce qui est de l’aide humanitaire octroyée à Zaatari. Cette aide, qui prend aussi la forme d’une formation de militaires locaux par des spécialistes tchèques, ne s’arrêtera pas là puisque le Premier ministre a indiqué que plus de 100 millions de couronnes (3,7 millions d’euros) seront envoyés à Amman en 2016 pour aider les autorités jordaniennes à faire face à l’afflux de réfugiés :

Le camp de réfugiés de Zaatari,  photo: ČTK
« Si je m’en tiens à ce que j’ai entendu de la bouche du roi et du chef du gouvernement jordaniens, mais aussi surtout des représentants de l’ONU et des ONG présents ici dans le camp, l’important est que les donateurs poursuivent et intensifient leur aide et n’oublient pas les réfugiés en Jordanie. La guerre en Syrie continue et les gens qui ont fui leur pays n’ont plus de chez eux et ne peuvent pas rentrer. »

Bohuslav Sobotka et le roi Abdallah II,  photo: ČTK
La crise migratoire n’a pas été le seul sujet d’actualité abordé par le chef du gouvernement tchèque lors de ce voyage. La lutte contre l’Organisation de l’Etat islamique et l’intensification ces derniers jours des violences entre Israéliens et Palestiniens ont été les deux autres principaux thèmes qui ont figuré au menu des discussions. Tout en exprimant ses regrets pour les victimes dans les deux camps du conflit, Bohuslav Sobotka a informé le roi Abdallah II que la République tchèque se tenait prête à coopérer diplomatiquement à la reprise des négociations de paix entre Israël et la Palestine et rappelé que Prague restait sur le long terme favorable au principe de l’existence de deux Etats, juif et arabe.