Migrants – Quotas : pour les Tchèques, non, c’est non !
Avant la réunion des ministres de l’Intérieur des Vingt-huit de ce mardi à Luxembourg puis le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement mercredi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays du Groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne, Slovaquie) et leurs homologues letton et luxembourgeois étaient rassemblés une dernière fois à Prague lundi pour évoquer la crise migratoire et la question des quotas. Sans surprise, tous les protagonistes ont campé sur leur position, qui reste négative pour la République tchèque.
Si certains en doutaient encore, la position commune qui doit être défendue par les pays du Groupe de Visegrád devant leurs partenaires européens ces mardi et mercredi est bien celle du « non ». Non aux quotas et non au diktat de la Commission européenne. Avant même la tenue de la réunion lundi, le Premier ministre tchèque avait prévenu tout le monde. Cette nouvelle réunion, une de plus à Prague relative à la crise migratoire, devait servir uniquement à peaufiner la position commune de ce camp du refus des quotas, dont font partie également les pays baltes ou encore la Roumanie.
Mardi encore, Bohuslav Sobotka l’a répété une énième fois sans chercher à tourner autour du pot : « la République tchèque rejette sans équivoque tout effort en vue d'introduire un mécanisme permanent de redistribution de réfugiés ». Tout en continuant à se déclarer prêt à accueillir un certain nombre de migrants selon des conditions qu’il aura préalablement établies, le gouvernement estime que les priorités pour régler la crise migratoire se situent ailleurs. C’est ce qu’a confirmé le chef de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek, à la sortie de la réunion avec ses collègues :
« Je pense que la meilleure option serait de trouver un consensus et de commencer à discuter, tout en sachant que nous souhaitons que le principe de volontariat pour l’accueil des réfugiés que nous prônons fasse partie de ce consensus. Mais l’idéal serait d’abord d’entamer enfin des négociations. Je suis quand même surpris : la République a fait savoir il y a déjà quelque temps de cela qu’elle était prête à accueillir 1 500 réfugiés, et depuis aucune démarche allant dans ce sens n’a été entreprise. Les centres d’enregistrement des réfugiés en Grèce et en Italie n’ont même pas encore commencé à fonctionner. Cela me gêne qu’aucune discussion n’ait encore été entamée alors qu’il y a matière à travailler, mais rien ne se passe. »Si la République tchèque rejette donc formellement le principe d’une prise en charge des réfugiés se trouvant en Grèce et en Italie selon des quotas, elle ne se ferme pas pour autant tout à fait au reste du monde, ou ne ferme pas ses frontières en tous les cas. Et pour cause : les migrants transitant par la République tchèque et restant sur son territoire sont très peu nombreux depuis le début de la crise.
Même si le chiffre de 1 500 a été annoncé par le gouvernement, celui-ci serait en mesure d’accueillir davantage que les quelque 3 000 réfugiés qu’entend lui imposer la Commission européenne. Encore faudrait-il que cela puisse se faire selon ses propres conditions. Ne serait-ce donc que pour ce qui est de la ligne Prague-Bruxelles, les échanges font parfois penser à un dialogue de sourds. Secrétaire d’Etat en charge des affaires européennes, Tomáš Prouza en convient et explique pourquoi en défendant bien entendu la position du gouvernement :
« La position tchèque reste la même. Nous continuons à penser qu’il convient de se concentrer sur des choses plus importantes que seulement la répartition de gens à travers l’Europe contre leur volonté. Notre politique reste la même : la République tchèque est ouverte à tout un chacun qui souhaite y venir. Mais nous sommes dans une situation où tous n’ont qu’un seul et unique but, qui est l’Allemagne. Jusqu’à présent, nous avons accordé l’asile à tous les ressortissants syriens qui en ont fait la demande ces derniers mois, et ce sans la moindre exception. Mais la République tchèque n’intéresse pas la très grande majorité des réfugiés. Ceux-ci souhaitent obtenir le droit d’asile dans d’autres pays que la République tchèque, la Pologne ou encore par exemple le Portugal. »Concrètement, le gouvernement tchèque estime qu’il n’existe actuellement aucun instrument en Europe pour contraindre des réfugiés à rester dans un pays s’ils souhaitent vivre ailleurs. Par ailleurs, Prague prône une meilleure protection des frontières extérieures de l’espace Schengen pour limiter la vague migratoire. Une vision des choses partagée à sa manière par la Hongrie notamment, mais toujours nettement moins par les pays situés plus à l’ouest…