Harlem Désir à Prague : « On ne choisit pas ses réfugiés »
Harlem Désir a effectué une visite à Prague ces jeudi et vendredi. Le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes a été reçu par le ministre tchèque des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, qui se rendra, lui, à Paris, mercredi prochain, et son homologue en charge des affaires européennes, Tomáš Prouza. Au-delà des relations franco-tchèques, aujourd’hui bien meilleures qu’il y a de cela quelques années suite à l’exclusion d’Areva de l’appel d’offres pour l’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín, les questions d’actualité qui divisent l’Union européenne depuis plusieurs mois ont bien entendu été abordées.
Entre Prague et Paris, qu’on se le dise : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Harlem Désir l’a confirmé lors de son passage en République tchèque, et s’il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il affirme autre chose, cela n’empêche pas néanmoins de rappeler que les relations étaient quand même sensiblement plus froides dans un passé pas si éloigné que cela.
Pour autant, certains thèmes d’actualité, en premier lieu bien entendu la crise migratoire qui divise l’Europe, font l’objet de positions divergentes. Celle du Groupe de Visegrád, qui réunit la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, quatre pays très peu enclins depuis le début à accueillir des réfugiés et opposés aux quotas de répartition imposés par la Commission européenne, est ainsi perçue à Bruxelles et dans les capitales des pays de l’Ouest comme un manque de solidarité.
Si dans ce Groupe de Visegrád, dont elle assure la présidence tournante jusqu’à fin juin, la République tchèque fait figure d’élément modéré, ce n’est pas le cas notamment de la Hongrie et de la Slovaquie. Concernant cette dernière, où il se rendait ce vendredi et qui assurera la présidence de l’UE à compter du mois de juillet, Harlem Désir a donc rappelé qu’elle avait, elle aussi, des obligations à respecter :« La Slovaquie aura certainement à cœur de contribuer à l’unité européenne et à des positions communes. Concernant l’accueil des réfugiés, chaque Etat membre a formulé ses propositions et conceptions, mais à la fin nous avons pris des décisions qu’il convient maintenant de mettre en œuvre. Ces décisions ont quand même permis de commencer à juguler cette crise. Le plan avec la Turquie a permis une baisse très importante du nombre d’arrivées en Grèce. Du coup, il y a beaucoup moins de naufrages. Désormais, nous devons faire face à la situation au large des côtes siciliennes et de la Libye et nous devons nous concentrer sur la bonne réponse à apporter. »
A Bratislava, le Premier ministre Robert Fico, qui avait axé sa campagne électorale à l’automne dernier sur la migration et la protection des frontières, a clairement fait savoir que la Slovaquie ne voulait pas de réfugiés musulmans chez elle. Un point de vue qui, là non plus, ne laisse pas insensible Harlem Désir :
« Les réfugiés sont des gens qui relèvent de la protection internationale, des conventions de Genève. Par définition, on ne choisit pas ses réfugiés. On ne peut donc pas établir de critères qui seraient basés sur la religion, d’autant que, parfois, ces gens sont réfugiés précisément en raison de leur religion. Ensuite se pose, c’est vrai, la question dans tous nos pays de la question de leur intégration pour ceux qui ont vocation à rester un certain temps. C’est une question difficile : on le voit en France, en Suède ou en Allemagne. Il faut travailler à la scolarisation des enfants, permettre aux gens d’apprendre la langue et s’assurer qu’ils comprennent les valeurs du pays. Un réfugié qui est accueilli dans un pays de l’UE a donc des droits, mais il a aussi des devoirs. Cela, nous le comprenons tout à fait et nous n’avons pas de divergences de vue sur ce point avec la Slovaquie ou d’autres pays. Mais nous devons offrir une protection internationale aux gens qui sont dans ce besoin. »