Eurobasket : Américain naturalisé de la sélection tchèque, Blake Schilb profite de la nouvelle loi sur la double citoyenneté

Blake Schilb, photo: ČTK

Bien que défaite par la Lettonie (65-72) à Riga, lundi, pour son troisième match de poule, la République tchèque a réalisé une entrée en manière encourageante au championnat d’Europe de basket. Avec un bilan provisoire de deux victoires pour une défaite, la Reprezentace figure à la première place du groupe D avant son prochain match contre la Belgique, ce mercredi. Ces performances honorables, l’équipe coachée par l’Israélien Ronen Ginzburg la doit en partie à un joueur américain bien connu du public français. Récemment naturalisé, Blake Schilb profite de la nouvelle loi sur la citoyenneté entrée en vigueur en République tchèque. En effet, depuis début 2014, cette loi permet d’être tchèque et étranger à la fois, autrement dit d’avoir une double nationalité*. Du coup, comme de nombreuses autres équipes participant à cet Euro, la République tchèque possède elle aussi dans ses rangs « son » Américain naturalisé. Radio Prague l’a rencontré.

Blake Schilb,  photo: ČTK
« My czech language is dobře, dobře ». Blake Schilb a beau faussement essayer de nous convaincre que sa maîtrise du tchèque est bonne, il ne se vexera probablement pas si l’on affirme que l’on connaît à Prague quelques-uns de ses compatriotes dont les progrès dans l’apprentissage de la langue de Čapek sont plus évidents. Si celui qui a été élu meilleur joueur étranger de la Pro A française en 2011-2012, sacré champion de France avec Chalon en 2012 et qui évoluait encore à Paris-Levallois la saison dernière, se comprend avec ses coéquipiers tchèques sur et en dehors du terrain, c’est plus grâce à la qualité de son shoot et sa capacité d’intégration que pour ses talents linguistiques.

Mais qu’importe. Ce n’est pour causer grammaire et conjugaison que Blake Schilb, dont l’épouse tchèque lui a donné trois enfants, a été sollicité pour représenter la République tchèque à cet Euro. Et pour lui, c’est un vrai honneur que de porter le maillot frappé du lion de Bohême :

« Oui, cela signifie beaucoup pour moi. C’est la première fois que je participe à un championnat d’Europe et que joue pour la République tchèque. C’est forcément un moment particulier. Je connais bien le basket européen, je suis donc vraiment très heureux de pouvoir être parmi tous ces formidables joueurs sur le terrain. »

S’il est un habitué des parquets français, Blake Schilb connaît bien également le basket tchèque de l’intérieur. Avec Nymburk, le meilleur club national de ces dernières années, il a remporté le championnat tchèque les deux années suivant son arrivée en Europe, en 2008 et 2009. A 31 ans, et avant de rejoindre la Turquie et Galatasaray la saison prochaine, l’ailier-arrière américain sait donc assez précisément ce que la Reprezentace attend de lui :

« Mon expérience en premier lieu, je dirais. C’est désormais ma neuvième saison en Europe et beaucoup de mes coéquipiers sont plus jeunes que moi. Ce sont des joueurs talentueux et pleins d’énergie, mais il faut aussi parfois savoir les encadrer et les conseiller, y compris en dehors du terrain. Après, j’espère pouvoir apporter un plus dans certains secteurs de jeu, je pense à mon shoot par exemple. Il ne faut pas douter, je suis convaincu que cela peut nous aider à nous qualifier dans notre groupe à l’Euro. »

Pour ce championnat d’Europe, la République tchèque peut compter sur ce qui est probablement sa meilleure équipe depuis longtemps, avec son meneur de jeu Tomáš Satoranský et son ailier fort ou pivot Jan Veselý en vedettes. Et c’est avec des objectifs relativement élevés et sans complexes que Blake Schilb et les Tchèques ont attaqué la compétition :

« Oui, je suis et nous sommes très ambitieux. Les matchs de préparation n’ont pas été une franche réussite et ne sont pas tout à fait passés comme nous l’aurions souhaité, mais ils n’ont pas reflété notre véritable potentiel. Même perdus, les matchs contre la Grèce et l’Espagne ont permis de quoi nous sommes capables. Nous pouvons rivaliser avec des équipes de ce niveau et c’est pourquoi il faut disputer ce tournoi dans un état d’esprit positif. »

Un sportif naturalisé défendant les couleurs d’un pays autre que celui dont il a la nationalité d’origine, ce n’est pas tout vraiment une nouveauté. Les exemples sont multiples, et celui du Qatar, finaliste du Mondial de handball contre la France en janvier dernier, est un cas extrême, jusqu’à poser la question de savoir si la présence du petit émirat du Golfe à ce stade de la compétition était légitime. En République tchèque, la chose est cependant beaucoup moins courante. Avant Blake Schilb, seul Maurice Whitfield, légende américaine du basket tchèque, avait participé à l’Euro 2007. Mais à la différence de ce dernier à l’époque, Blake entend bien participer aux play-offs à Lille la semaine prochaine, comme il s’est efforcé, à la fin de notre rencontre et dans un grand éclat de rire, de nous le confier en français :

« Bonjour ! Euh… No, I can’t. See you soon in France hopefully… Au revoir! »

*Pour en savoir plus sur la loi sur la double citoyenneté en République tchèque, cf : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/double-citoyennete-etre-tcheque-et-etranger-cest-desormais-possible