La nouvelle obligation de trier les déchets organiques et les métaux scrutée à la loupe
Selon un nouvel amendement à la loi relative aux déchets, les communes tchèques seront dans l’obligation, à compter du 1er avril, d’assurer le tri des métaux et des déchets organiques. Si liberté est laissée aux municipalités sur les moyens mis en œuvre pour collecter les déchets, certaines d’entre elles sont néanmoins confrontées à une situation pratique compliquée.
« Le but de ce décret est d’empêcher que les déchets organiques terminent dans les sites d’enfouissement, et donc dans les poubelles destinées aux déchets ménagers, et ainsi de satisfaire aux exigences européennes selon lesquelles il faut réduire de 65% le déversement des déchets organiques sur ces sites d’ici à 2020. »
En janvier dernier, le ministère de l’Environnement avait organisé un « biotour » à travers la République tchèque afin de répondre aux questions concernant le nouveau tri de ces déchets organiques et des métaux. Le ministre de l’Environnement, Richard Brabec, s’est prononcé sur les répercussions constatées jusqu’à présent dans les villes :
« Nous savons qu’un grand nombre de communes ont déjà mis en place ce système de tri, par le biais de dépôts ou de containeurs volumineux. Il s’agit d’environ un tiers des communes. Bien évidemment, certaines communes critiquent ce décret. Même si cela peut paraître quelque peu excessif en République tchèque, en raison de la faible demande liée aux métaux, nous devons respecter cette directive européenne dans la mesure où il est surtout question des petites pièces métalliques, comme les canettes ou les couvercles, qui terminent dans les décharges communales. Nous voulons donc faire notre maximum pour mettre en place un système permettant aux communes de réaliser ce tri. »Les déchets organiques pourront ainsi soit être déposés dans les dépôts créés à cet effet, soit jetés dans des containeurs de grand volume ou dans des poubelles de couleur marron similaires à celles existantes déjà pour le verre, le carton ou le plastique. Dès la fin de l’année 2014, les Tchèques se sont familiarisés avec cette nouvelle obligation, et le volume des déchets organiques déposés dans les décharges installées à cet effet avait alors légèrement augmenté. Conseillère municipale en charge des questions environnementales de la ville de Prague, Jana Plamínková rappelle quelles sont les composantes qui peuvent être jetées dans ces nouveaux containeurs :
« Il s’agit des feuilles, du gazon, des mauvaises herbes, des restes de fruits et légumes, des sachets de thé, du marc de café, des sciures ou des copeaux de bois, des branches d’arbres ou d’arbustes, ainsi que de vieille terre, donc tous les restes d’origine végétale. »
A la question de savoir si d’éventuelles sanctions pourraient être instaurées en cas de non-respect de cette obligation, le ministre de l’Environnement a répondu que la priorité était de laisser un délai de transition et d’adaptation de plusieurs semaines aux villes et villages. Dans ce sens, l’Inspection tchèque de l’environnement veut concentrer son activité de contrôle avant tout dans les établissements rachetant les métaux et où est constatée une activité illégale : pour lutter contre les fréquents vols de plaques d’égout, les métaux ne peuvent plus être rachetés en espèces depuis le 1er mars. Désormais, toute personne physique déposant des métaux est tenue de donner ses coordonnées bancaires.Si Prague remplit ses obligations légales par le fonctionnement de dix-sept dépôts spécialisés, toutes les villes ne sont pas sur un même pied d’égalité. A Ústí nad Labem, en Bohême du Nord, par exemple, il n’existe pour l’instant qu’un seul endroit de dépôt des déchets organiques. A l’inverse, un système de collecte a été mis en place à Ostrava il y a quatre ans déjà, et même dix à Teplice avec des dépôts gratuits qui transforment les déchets en compostage. Les habitants qui souhaitent disposer de leur propre poubelle doivent verser un supplément d’une centaine de couronnes par mois, soit environ 3,60 euros.
Toutefois, certaines municipalités sont dans l’impossibilité pratique d’installer ces containeurs notamment pour des raisons d’hygiène, comme dans les banlieues. C’est pourquoi les directions des communes se sont engagées à mettre à disposition des habitants des décharges proches de leur domicile. Inversement, les habitants des villages, qui ont l’habitude de pratiquer le compostage par eux-mêmes, considèrent l’installation de containeurs inutile. Or, les composteurs domestiques, fournis par les autorités locales, sont perçus comme une mesure insuffisante par le nouveau décret.Un des principaux devoirs des municipalités est également de lutter contre les décharges sauvages. Le 18 avril prochain aura lieu la deuxième édition de l’initiative écologique « Ukliďme Česko » (Nettoyons la République tchèque) qui compte organiser le nettoyage bénévole de près de 400 de ces décharges illégales à travers tout le pays.