Prague s’engage pour l’économie circulaire
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la municipalité de la capitale tchèque veut motiver les acteurs privés et publics à une gestion et une consommation responsables des ressources.
La municipalité de Prague a récemment décidé de s’engager plus pour l’environnement avec une stratégie clé qui permettra de réduire progressivement l’empreinte écologique et carbone de la ville. Sa nouvelle stratégie adoptée la semaine dernière vise une transition vers une économie circulaire, à savoir la minimisation de la production de déchets ou – lorsque celle-ci ne peut être évitée – la conversion de ces déchets en ressources. « Au lieu d’extraire, de traiter, de réutiliser et de jeter les matières premières, l’accent sera mis sur la prévention des déchets et le maintien en circulation des matières premières et des produits le plus longtemps possible », d’après l’adjoint au maire de Prague Petr Hlubuček (STAN). Il y voit par ailleurs « une opportunité de taille pour la création de nouveaux services, produits, emplois, processus et innovations ».
Directrice de l’Institut d’économie circulaire, une institution non gouvernementale, Soňa Jonášová a expliqué à la radio tchèque les avantages de l’économie circulaire :
« L’économie circulaire est un système dans lequel le gaspillage n’existe pas, les déchets étant considérés comme des ressources précieuses. Chaque déchet peut être réintégré au système sans pour autant endommager l’environnement. De plus, d’un point de vue économique, c’est un système sensé. Car le tri et le recyclage des matières premières par les particuliers – mais aussi par l’industrie – pourrait se voir récompensé. C’est d’autant plus intéressant pour les industries, qui étaient jusque-là contraintes de payer pour l’élimination de leurs déchets. »
La stratégie de Prague comprend un total de sept objectifs thématiques avec 73 mesures proposées et 34 projets concrets. Outre les chiffres, en pratique, c’est dans les quatre domaines présentant le potentiel d’économies de matériaux et d’émissions le plus important que la ville souhaite mettre en œuvre les principes de l’économie circulaire : la construction, la gestion des déchets, la gestion de l’eau, et enfin l’agriculture et l’alimentation.
Ces déclarations sur le papier pourraient prendre la forme de la collecte des déchets alimentaires des cantines scolaires, de la construction d’une usine de biogaz ou encore d’une ligne de tri haute technologie, a précisé Petr Hlubuček, tout en rappelant que plusieurs métropoles occidentales modernes telles que Amsterdam, Londres, Paris, Copenhague et Glasgow mettaient déjà en application les principes de l’économie circulaire.
Concrètement, le document évoque, dans le secteur de la construction, la création d’une banque de matériaux offrant aux constructeurs des informations sur les matériaux exploitables afin d’éviter qu’ils ne deviennent des déchets. Soňa Jonášová :
« On parle trop peu du fait que l’industrie énergétique génère des millions de tonnes de sous-produits énergétiques qui peuvent être utilisés dans le secteur de la construction. C’est par exemple le cas du fraisil, qui résulte de la combustion du charbon de bois. Chacune de ces tonnes – qui sont autrement portées à la décharge ou utilisées pour combler les mines – représente une économie de ¾ de tonne d’émissions de CO2. »
Par ailleurs, la ville de Prague devrait également promouvoir la durabilité des constructions dans ses marchés publics. En termes de gestion de l’eau, la ville souhaite mettre en place des mesures visant à économiser l’eau et prévenir les fuites, mais aussi mettre à profit l’eau de pluie. Le document évoque également la promotion de l’agriculture biologique régionale, notamment par l’utilisation de produits bio dans les cantines scolaires. Enfin, en matière de tri des déchets, le document fixe un objectif de tri et de traitement de 60 % des déchets biodégradables, qui seraient ensuite réutilisés, entre autres, par une usine de biogaz également prévue. De plus, Prague devrait voir se développer des « centres de réutilisation » proposant des articles qui seraient autrement jetés. Petr Hlubuček a également déclaré que la ville souhaitait rétablir les « železné neděle » (« dimanches du fer »), une collecte régulière des déchets métalliques.
Cette nouvelle stratégie s’inscrit dans la lignée du Plan climat 2030 voté par Prague l’an passé, selon lequel la capitale devrait investir 230 milliards de couronnes (près de 9,5 milliards d’euros) dans 69 mesures visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030. Une somme importante qu’elle prévoit de rassembler par le biais de fonds européens.
Le terme technique « économie circulaire » désigne un comportement simple et évident, qui relève en fait du bon sens : le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Cependant, la Stratégie pour une transition vers une économie solidaire ne fait pas l’unanimité : les partis ODS et ANO n’ont pas soutenu ce plan, qu’ils estiment irréaliste et insuffisamment préparé. Ainsi, si la bonne volonté environnementale de la ville de Prague est louable, reste à voir comment ces mesures vont se matérialiser.