Semaine tchèque du mariage : et ils vécurent « heureux »… 13 ans en moyenne
Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants, enfin pas plus de 1,5 par femme tchèque en moyenne en 2012, et vécurent heureux, sinon jusqu’à la fin des temps, au moins jusqu’à la fin de leurs jours… Exception faite des statistiques, ainsi se terminent généralement les contes de fées. C’est aussi ce que les parents aiment raconter le soir à leurs enfants pour que ceux-ci fassent de beaux rêves. Et « Šťastně až do smrti » - littéralement « Heureux jusqu’à la mort », est le thème retenu pour cette année par les organisateurs de la Semaine nationale du mariage, dont la 9e édition a démarré lundi en République tchèque. Mais si à l’approche de la Saint-Valentin, samedi, une large place sera une nouvelle fois réservée dans les prochains jours aux amoureux, la réalité diffère cependant en République tchèque, où près d’un couple marié sur deux divorce.
Après tout, la question mérite d’être posée. La « durée de vie » d’un couple uni par le sacrement de mariage en République tchèque est d’environ treize ans. Et encore, il ne s’agit là que d’une moyenne. En effet, même si le nombre de séparations au sein des couples possédant plus de vingt-cinq ans de vie commune a augmenté ces dernières années, tendance confirmant une certaine évolution de la conception traditionnelle du mariage, des mentalités et plus généralement du mode de vie, la majorité des couples divorcent dans les trois à cinq ans suivant la célébration de leur mariage. En 2013, le taux de divortialité s’est élevé à 47,8%. Un chiffre légèrement inférieur à celui de 2010 (50%), mais qui ne reflète en rien une quelle que évolution que ce soit.
Aujourd’hui, non seulement les Tchèques divorcent nettement plus qu’il y a vingt-cinq ou trente ans de cela, mais ils se marient aussi beaucoup moins : 43 500 unions ont été célébrées en 2013 contre près de 91 000 en 1990. Selon le psychiatre Cyril Höschl, les explications à ce phénomène sont diverses :« L’une d’entre elles est la diminution du prestige social de l’institution du mariage. Cette diminution est liée entre autres à la sécularisation de notre société et à la disparition progressive de l’influence protectrice de la religion, et ici essentiellement de l’Eglise catholique pour laquelle le mariage avait un caractère indissoluble. Aujourd’hui, divorcer n’est plus un martyre comme autrefois et ce ne n’est plus non plus un acte grave. Le sentiment de responsabilité vis-à-vis de la vie des autres est nettement moindre qu’il ne l’était. »
Autre explication clef selon Cyril Höschl, l’émancipation de la femme. Deux tiers des demandes de divorce en République tchèque sont déposées par des femmes.
« Les femmes gagnent mieux leur vie aujourd’hui et sont donc beaucoup moins dépendantes de leur partenaire, autrement dit du père de la famille. A leurs yeux, divorcer est nettement moins risqué, car elles savent qu’elles seront en mesure de subsister à leurs besoins. Elles se disent que, finalement, elles n’ont même pas besoin d’un mari pour pouvoir vivre. »Morale de l’histoire : pour vivre heureux, il faut, paraît-il, non seulement vivre cachés, mais aussi donc seuls, ou en tous les cas pas mariés. Même si ce serait oublié qu’un couple marié sur deux vit aussi heureux, ou du moins reste ensemble, jusqu’au bout. Bref, plutôt que de le voir à moitié vide, on peut aussi considérer le verre à moitié plein.