Plzeň, capitale européenne de la brassiculture ET de la culture tout court

Plzeň, photo: CzechTourism

Plzeň veut montrer qu’elle a d’autres attraits que la bière de type pils à laquelle elle a donné son nom. Ville de 170 000 habitants avec une longue tradition industrielle, la nouvelle capitale européenne de la culture 2015 partage son titre avec Mons, en Belgique, et célèbre ce week-end le lancement officiel de cette année pas comme les autres. Reportage, à Plzeň, juste avant le début des festivités.

Photo: YouTube/ Plzeň 2015
Le clip officiel ne pouvait se faire sans bière. C’est donc dans la mousse que se cachent les monuments de la ville et les personnages célèbres nés à Plzeň, dont le gardien de but Petr Čech.

Mais si la bière est indissociable de cette ville de Bohême située entre Prague et la frontière allemande, les organisateurs du projet de capitale culturelle espèrent marquer les esprits avec d’autres ingrédients que le houblon.

Homme de théâtre et de cirque, et fils du réalisateur Miloš Forman, Petr Forman est le directeur artistique de Plzeň 2015 :

« Peu de gens savent que c’est une région riche en monuments baroques. Tous les gens qui viennent ici vont directement à la brasserie. Elle est magnifique, la bière est magnifique, on y mange bien, mais les visiteurs ne voient pas le reste de cette jolie ville avec un centre assez petit pour être visité à pied. »

Petr Forman,  photo: YouTube/ Plzeň 2015
« Cette année est une opportunité pour le public et pour les artistes locaux d’être confrontés à la qualité et à la richesse de la culture européenne. »

Forman a invité bon nombre de ses amis artistes étrangers à participer. C’est le Suisse David Dimitri qui sera la vedette samedi de la soirée d’inauguration, avec un exercice de funambule à couper le souffle, au-dessus de la place principale :

« Petr Forman a eu cette idée géniale de tendre un câble du cloître à la tour de la cathédrale: environ 260 mètres de longueur à 60 mètres de hauteur… »

David Dimitri,  photo: Mario del Curto / Plzeň 2015
« Pour moi c’est incroyable, un peu un flashback. J’ai voyagé un peu dans l’Est de l’Europe et étudié dans les années 1970 à Budapest. Plzeň est une petite ville sympa, où on sent un enthousiasme incroyable pour réaliser ce projet ensemble. Une ville industrielle aussi, très intéressante avec beaucoup de choses qui se sont passées ici ; je suis toujours en train d’apprendre l’histoire de cette ville… »

Cette histoire de la ville de Plzeň peut être contée sous diverses formes sur un téléphone portable grâce à l’une des nouvelles applications et à des guides personnalisés, pour visiter par exemple le tristement célèbre pénitencier de Bory, où le régime communiste a enfermé de nombreux prisonniers politiques, dont Vaclav Havel.

A quelques mètres de la grande synagogue de Plzeň, sur la place de la République, les préparatifs se terminent avant le lancement officiel de cette année et des premiers événements culturels sur les 600 expositions, concerts, représentations et autres performances prévus cette année.

Certains, comme Jiří, retraité de 67 ans, ne sont pas tout à fait convaincus par les bienfaits de ce projet :

« Ça ne va rien apporter à Plzeň. Il faudra voir à la fin de cette année pour faire un bilan mais, parti comme c’est parti, peu de gens vont profiter de ce titre de capitale européenne de la culture dans le monde culturel local. Nombreux sont ceux qui n’en profiteront pas du tout. »

Plzeň,  photo: CzechTourism
Kateřina, elle, est née l’année de la révolution de velours qui a mis fin au régime communiste, il y a 25 ans. Elle travaille dans un des cafés du centre-ville, et elle a hâte que Plzeň se fasse connaître davantage :

« Enfin on va entendre un peu parler de nous, parce qu’en général on ne parle que de Prague. Cela va ramener des touristes et des clients pour les commerces. Plzeň sera sur la carte culturelle mondiale, c’est une bonne nouvelle. La seule chose qui me fait un peu peur, c’est la menace terroriste après ce qui vient de se passer en France et avec la foule qu’il va y avoir ici, mais tout devrait bien se passer. »

Contrairement à sa bière, la culture à Plzeň est à consommer sans modération, jusqu’à la fin de l’année.

www.plzen2015.cz