Plzeň 2015 : « On s’est tout de suite demandé s’il serait possible de continuer » (2ème partie)

Photo: Niels Benoist / Plzeň 2015

Suite et fin de l’entretien avec Petr Forman, directeur artistique de Plzeň 2015, événement organisé dans le cadre du projet « capitale européenne de la culture ». Dans cette deuxième partie, Petr Forman présente au micro de Radio Prague l’avenir du projet et des perspectives culturelles dans cette ville de Bohême de l’Ouest. Mais avant tout cela, il revient sur la saison du nouveau cirque dont il était le principal organisateur et qui a amené à Plzeň plusieurs compagnies françaises. Petr Forman :

Photo: Niels Benoist / Plzeň 2015
« Le monde du nouveau cirque est actuellement très attractif en République tchèque, d’autant plus que pendant cinquante ans, sous le régime du communisme, rien ne se passait dans les rues. Aujourd’hui, il y a beaucoup de compagnies en France mais il y en a bien sûr ailleurs également. Mais lors de nos voyages avec mon frère et le Théâtre des frères Forman, on a beaucoup travaillé en France grâce aux relations avec le Théâtre National de Bretagne à Rennes. Et cela nous a permis de rencontrer beaucoup d’artistes français. Il était donc pour moi plus simple de contacter et d’inviter ces gens-là parce que je connaissais leur travail, je les même connaissais personnellement, et je savais que ce monde serait très attractif pour les visiteurs de Plzeň qui n’ont jamais vu des disciplines et des spectacles pareils. Mais ce projet est né également grâce à la collaboration avec l’Institut français et l’Alliance française. De plus, du point de vue général, la France est un pays qui soutient la culture non seulement sur son territoire mais qui la fait présenter également dans d’autres pays. Cette politique culturelle n’est pas évidente dans tous les pays. Nous avons donc réussi à avoir une aide parce que la France considère comme important de se présenter à travers ses artistes et sa culture. »

Pour faire un dernier bilan, il est nécessaire de parler de Prague, qui était, pour sa part, la capitale européenne de la culture en 2000. Avez-vous vu des différences quelles qu’elles soient dans l’approche des autorités locales, des organisateurs ou du public ?

Photo: Anne-Claire Veluire
« En 2000, j’ai fait partie du projet mais de l’autre côté. On a réalisé un grand projet dans le cadre de cette initiative, un théâtre sur la péniche. Je peux donc parler plutôt de mon expérience en tant qu’artiste engagé dans le projet. Il est vrai que grâce à cette initiative, on a réussi à réaliser notre grand projet, même si c’était également grâce à la contribution du Théâtre National de Bretagne ou de « La Volière Dromesko » (une création des artistes Igor et Lilly Dromesko, née dans le cadre d’une résidence au Théâtre National de Bretagne, ndlr). Prague 2000 avait donc assez d’argent et de courage pour soutenir même de grands projets. Mais il faut souligner qu’après l’an 2000, toutes les activités se sont arrêtées. Nous, on avait du mal à maintenir notre projet. C’était très difficile et on a dû se battre pendant des années pour pouvoir continuer à travailler dans ce théâtre dans la péniche. Et je garde cela en mémoire… »

Plzeň s’efforce de continuer à faire cette promotion de la culture même pour l’avenir. Quels sont ces futurs projets ?

Depo 2015,  photo: Plzeň 2015
« Depuis le début du projet, je vois qu’il y a beaucoup plus d’attention consacrée à cette question. On soutient un nombre importants de projets. On s’est donc tout de suite demandé s’il serait possible de continuer avec ces activités, comment cela pourrait se faire et si on pourrait, nous ou la ville, puisque cette question devrait être adressée plutôt aux autorités de la ville, aider en quelque sorte certains projets. Je voudrais mentionner un lieu, né en 2015 et qui va certainement perdurer. Il s’agit de « Depo 2015 », un lieu envisagé comme une « zone créative ». Ce n’est pas seulement un endroit industriel où vous pouvez présenter différents concerts, spectacles ou expositions. C’est avant tout un lieu où les citoyens de Plzeň peuvent continuer à faire leur métier d’artiste ou effectuer leur première expérience dans ce domaine. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un lieu vivant. Je ne peux pas dire qu’en République tchèque il n’en existe pas d’autres, mais on les trouve très rarement. »