2014 en émotion(s) (3e partie)
Suite et fin de notre retour sur l’année 2014 à travers certaines des rencontres que nous avons faites autour du sport tchèque tout au long de l’année. Voici donc quelques extraits d’entretiens, tous en français, qui ont émaillé l’année sportive de Radio Prague. Et pour cette troisième et dernière partie, c’est de football avec le buteur français du Dukla Prague Jean-David Beauguel et l’ancien Lensois et Bordelais Vladimír Šmicer, de tennis avec la défaite de la République tchèque en demi-finale de la Coupe Davis à Roland-Garros, et enfin… de pétanque dont il sera question.
« Oui, battre les Tchèques est quelque chose de prestigieux, surtout ici sur le central de Roland-Garros. C’est un moment qui est rare. Vous savez, nous avons tous, les joueurs comme moi, énormément de respect pour ce que Berdych et Štěpánek ont réalisé ces dernières années. Gagner coup sur coup en n’utilisant quasiment que deux joueurs, rarement un troisième, est tout simplement phénoménal. Alors, battre ces gars-là… On s’était préparés à une rencontre très dure et ç’a bien tourné pour nous. Tous nos points ont été amplement mérités, mais pas si faciles que ça à gagner même si certains scores disent autre chose. En tous les cas, on est très heureux et très fiers de nous être qualifiés pour la finale en battant les Tchèques. »
Cette finale rêvée contre la Suisse de Federer et de Wawrinka ne s’est donc pas disputée à Prague, mais à Lille. Tant pis pour les Tchèques se disait-on alors, et tant mieux pour les Français dont le capitaine Arnaud Clément a tenu à rendre hommage aux Tchèques et plus particulièrement aux deux grands artisans de leurs succès ces dernières années :
« Ce que je leur ai dit ? Bravo ! Bravo… Bravo pour ce que vous avez réalisé. Berdych et Štěpánek sont deux gars auxquels je tire un grand coup de chapeau. Bien sûr, dans ma position, je suis heureux que nous ayons fait tomber cette équipe tchèque, mais ce qu’ils ont réalisé quasiment à eux deux pendant deux ans et demi… Je ne sais pas s’il y a déjà une équipe dans l’histoire qui a réussi à le faire. Ça prouve l’amour qu’ils ont pour cette compétition, l’engagement par rapport à leur pays, et je trouve ça magnifique. C’est ce que j’aime dans la Coupe Davis. En tout cas, j’ai énormément de respect pour eux et on a pu voir leur état d’esprit jusqu’au bout, même aujourd’hui dans la défaite. Pour moi, ce sont deux immenses champions. »
Mi-novembre, dans une froide soirée d’automne, c’est la révélation française du championnat tchèque de football depuis le début de saison que nous rencontrions à l’issue d’un derby entre le Dukla et le Slavia Prague. Totalement inconnu du public tchèque il y a encore seulement quelques mois de cela, Jean-David Beauguel s’est révélé en enfilant les buts. Grand par la taille (1,92 m), l’attaquant français formé à Toulouse et arrivé cet été en provenance de Waalwijck aux Pays-Bas, continue de grandir dans un club dont il avoue qu’il ne savait…
« Honnêtement pas grand-chose (rires)… C’est mon agent qui m’en a parlé. J’ai donc fait quelques recherches sur Internet et j’ai appris que c’était un grand club à une certaine époque, que c’était le club de l’armée jusqu’à la séparation avec celle-ci. Je sais que c’est un club qui est parti de très bas pour remonter saison après saison jusqu’à la première division. C’est un bon petit club avec des installations pas mal. Le coach a un projet intéressant, il veut et aime jouer au ballon. Nous les joueurs, on s’efforce d’appliquer ses consignes du mieux possible pour être performants sur le terrain. »
Depuis votre départ de Toulouse il y a trois ans, vous avez passé une saison à l’Espérance de Tunis, la suivante au RKC Waalwijk aux Pays-Bas, et vous voilà désormais dans le championnat tchèque. Avez-vous envie de vous poser ou ne considérez-vous la République tchèque que comme une étape ?
« Oui, je considère la République tchèque comme un tremplin. Je ne compte pas faire ma carrière ici. J’aimerais bien revenir dans le championnat français ou aller en Angleterre. Mais la saison est encore longue, il reste du temps. Je travaille pour essayer de marquer le maximum de buts et on verra en fin de saison. Les entraîneurs le savent et me l’ont dit. Pour eux aussi, le but est que franchisse un palier ici. »
Malgré tout, vos performances ne passent pas inaperçues en République tchèque. Si un club un peu plus huppé que le Dukla, comme le Sparta ou Viktoria Plzeň, s’intéressait à vous, quel intérêt porteriez-vous à une éventuelle proposition ?
« Non, je n’y pense pas. Je sais ce que je veux et je travaille pour y arriver. L’intérêt de clubs comme le Sparta ou Plzeň qui jouent la Ligue des champions ou l’Europa Ligue est flatteur, mais je ne pense pas que je resterai ici. Autrement dit, si j’ai le choix entre une offre par exemple du Sparta ou d’un club français, je pense que je choisirai de retourner en France. »
Football toujours, en mai, le plus vieux club de football au monde, le club anglais du Civil Service FC, était à Prague. Aussi appelés les footballeurs du prince William depuis un match organisé sous les yeux du futur roi d’Angleterre dans les jardins du palais de Buckingham, le Civil Service FC a disputé une rencontre de gala dans la capitale tchèque et dans la plus pure tradition de l’amateurisme. Parmi les invités à ce match de gala : l’ancien international tchèque bien connu du public français Vladimír Šmicer. La bouche encore pleine du goût de la traditionnelle grosse saucisse sans laquelle le football tchèque ne serait pas ce qu’il est, Šmicer nous avait expliqué quelle était sa vision du football :
« J’aime beaucoup connaître l’histoire des clubs. C’est important de la connaître, de savoir ce qui s’est passé, parce que c’est quelque chose qui ne s’achète pas. Aujourd’hui, on a des cheiks qui viennent avec leur argent et essaient d’acheter le succès, mais ils ne pourront jamais acheter l’histoire. C’est vraiment ce que j’apprécie : les vieux clubs avec une longue tradition, pas les clubs qui sont nés il y a quelques années et dont certains pensent qu’ils sont les plus importants au monde. Moi, je préfère un petit club avec une grande histoire. »
Côté terrain, la bonne humeur et le rire, en plus du bonheur inaltérable de taper dans le ballon, sont les raisons qui font que Vladimír Šmicer, à 41 ans et cinq ans après la fin de sa carrière professionnelle au Slavia, joue encore au football…
« Oui, je prends toujours beaucoup de plaisir et c’est pour ça que je joue encore dans mon petit village. J’aime jouer avec les copains qui habitent à côté de chez moi. On fête les anniversaires, et plein d’autres choses, ensemble. Après ma carrière professionnelle, je suis heureux de pouvoir continuer dans un club comme celui-là. On joue seulement pour le saucisson (sic) et la bière. Mais les petits clubs, c’est le vrai foot, c’est la passion! J’aime vraiment tout ça... C’est un vrai club amateur avec des conditions modestes, mais on joue chaque samedi, et ça suffit. »
Et puis voir à l’œuvre à Prague un champion du monde de pétanque, qui plus est triple champion du monde, cela n’arrive pas tous les jours. Eric Sirot était l’invité d’un tournoi qui s’est tenu dans les jardins du château de Troja. Si la pétanque est le dixième sport en France par le nombre de licenciés (un peu plus de 300 000), en République tchèque, en revanche, elle reste encore essentiellement un loisir assez représentatif de l’art de vivre à la française comme se l’imaginent les Tchèques. L’ancien champion du monde en question, Eric Sirot, nous avait alors confié ce qu’évoquait pour lui en tant que joueur français de pétanque la République tchèque :
« Au niveau de la pétanque, la République tchèque est un des pays qui émergent et qui essaient de faire leur trou. Pierre, les autorités et la fédération tchèque essaient de sortir des bons joueurs pour pouvoir s’améliorer, progresser, etc. La République tchèque fait partie des pays émergents qui peuvent, à mon avis, dans quelques années, rapidement progresser si on leur en donne les moyens au niveau humain, financier et au niveau de la détection et de la formation. Ils sont assez motivés et c’est un des pays qui commencent à arriver sur la planète pétanque. »