24 ans après, la Rencontre européenne de Taizé de retour à Prague
Un an après Strasbourg et trente-six ans après la première, la traditionnelle Rencontre européenne de Taizé se tiendra à Prague du 29 décembre au 2 janvier prochain. 25 000 jeunes pèlerins catholiques, protestants et orthodoxes en provenance de tout le continent sont attendus dans la capitale tchèque pour ce grand rendez-vous œcuménique devant leur permettre de célébrer, avec la population locale, l’arrivée de la nouvelle année dans la paix. A désormais un peu moins de deux semaines du début de cette rencontre de retour à Prague après une première historique dans l’enthousiasme postrévolutionnaire de 1990, les préparatifs battent leur plein, comme l’a expliqué au micro de Radio Prague frère Benoît de la Communauté de Taizé :
-Quels étaient ces défis que vous évoquez par rapport à Prague ? Pourquoi était-il compliqué selon vous d’y revenir après la rencontre de 1990 ?
« On entendait souvent dire que les communautés chrétiennes étaient petites, que la société était très sécularisée avec des enjeux compliqués autour de la restitution pas réglée des biens aux Eglises par l’Etat. Tout cela créait un contexte qui était quand même assez complexe à envisager. On se demandait ce qu’on allait bien pouvoir faire avec nos petits moyens dans ce contexte parfois tendu entre les Eglises et la société. Au fond, on s’attendait aussi à avoir beaucoup de difficultés à impliquer des jeunes. Or, il y a de cela quelques semaines, quand nous avons eu notre rencontre avec les paroisses d’accueil au centre d’accueil à la Maison Kafka (à deux pas de la place de la Vieille Ville), nous avons été très surpris de voir le nombre de jeunes Pragois qui se sont engagés dans la préparation. Dans certains cas, les groupes locaux étaient constitués principalement de jeunes âgés de 16 à 24 ans. C’est là une très bonne nouvelle de notre point de vue. »-La préparation des rencontres européennes diffère-t-elle selon les villes où elles se tiennent ?
« Bien sûr, il y a des éléments qui se retrouvent, par exemple le défi du logement, l’organisation des transports, les commandes de nourriture, la logistique, etc. Il y a un certain nombre de points sur lesquels les questions sont très proches d’une ville à l’autre. En même temps, chaque préparation est différente parce que nous sommes vraiment en résonnance avec ce que les chrétiens vivent localement. Préparer une rencontre européenne à Prague, ce n’est pas la préparer à Strasbourg ou à Berlin. Même si, géographiquement, les distances ne sont pas toujours considérables, chaque rencontre est marquée par des préoccupations et des enjeux différents. A Prague, une des choses qui nous a frappés est le désir des chrétiens de différentes Eglises de travailler ensemble. Ce n’est pas toujours le cas de manière si visible. Lorsque l’on organise une rencontre dans une ville à très forte majorité catholique par exemple, il n’est pas toujours facile de faire comprendre aux catholiques qu’il faut trouver des moyens d’impliquer les orthodoxes et les protestants qui sont tellement minoritaires. Ici à Prague, dès le départ, l’invitation est venue de toutes les Eglises ensemble. »-Le fait qu’à un peu moins de quinze jours du début de la rencontre, pour laquelle vous attendez 25 000 pèlerins, il vous manque des familles d’accueil pour quelque 7 000 jeunes, alors que votre priorité est justement de les loger dans des familles, constitue-t-il une déception pour vous ?
« Non, nous sommes loin d’être déçus. D’abord parce que nous savions dès le départ que ce serait plus difficile à Prague en raison du contexte que nous avons évoqué et de la sécularisation importante de la société, et aussi parce que c’est toujours plus difficile d’organiser une rencontre comme celle-là dans une grande capitale que comme dans une ville comme Strasbourg il y a un an, où les informations passent beaucoup plus vite. Lorsque l’évêque, le pasteur, le maire et le journal vont tous dans le même sens, tout le monde est tout de suite informé. Les défis sont beaucoup plus importants dans une grande ville, et c’est quelque chose que nous avons déjà vécu à Rome ou à Berlin, et maintenant à Prague. Nous ne sommes donc ni surpris, ni déçus. »« Ceci dit, nous lançons encore un appel à tous ceux qui hésitent. Bien sûr, nous aurons un toit pour tout le monde. Nous avons des écoles et des salles de sport prêtes à accueillir tous les jeunes. Mais l’expérience de l’hospitalité est tellement importante… En particulier aujourd’hui où, bien souvent, nos sociétés sont marquées par la méfiance et la peur de l’autre. Faire cette expérience pour les jeunes qui vont venir, qu’une famille ou une personne âgée soit prête à ouvrir ses portes à des inconnus, c’est très souvent l’expérience la plus marquante au fond de ces rencontres. Les familles hôtes décident d’accueillir des jeunes qu’ils ne connaissent pas à l’avance. C’est le message que nous nous efforcerons de faire passer jusqu’au bout. Il n’est pas nécessaire d’avoir un lit, il suffit d’un petit coin de quelques mètres carrés où les jeunes peuvent dérouler leur matelas de sol pour dormir au chaud. C’est tellement plus sympathique d’être accueilli à deux ou trois chez quelqu’un, même dans des situations précaires, que d’être à cinquante dans une salle de sport. C’est vraiment notre message, même si après, si nous n’avons pas assez de familles d’accueil, l’expérience de la rencontre pour les jeunes qui participeront sera très belle aussi. »
Les familles qui souhaitent donc accueillir des jeunes, peuvent se renseigner dans leur commune ou s’informer auprès de l’équipe organisatrice à Prague : taizepraha.cz.
Par ailleurs, une émission spéciale consacrée aux rencontres européennes de Taizé à Prague sera diffusée et mise en ligne sur notre site le 26 décembre.