Matthias, volontaire français à Prague : « Les rencontres de Taizé n’existeraient pas sans l’accueil des familles »

Du 29 décembre au 2 janvier se tiendra à Prague la 37e Rencontre européenne de jeunes de Taizé. A cette occasion, 25 000 jeunes chrétiens en provenance de toute l’Europe sont attendus dans la capitale tchèque pour célébrer dans la paix et la joie l’arrivée de la nouvelle année. A une dizaine de jours du début de ce grand et traditionnel rassemblement œcuménique qui se tient chaque année depuis 1978 dans une ville européenne différente, les préparatifs battent leur plein. Parmi la quinzaine de volontaires de différents pays travaillant dans l’équipe chargée de l’organisation de la rencontre figure un Français. Originaire de Belfort, Matthias Bertin, 25 ans, est présent à Prague depuis septembre. Pour Radio Prague, il a expliqué comment se passait la préparation de cette rencontre :

« Au début, j’avais l’impression que tout était un peu lent. On arrivait et on a d’abord commencé par rencontrer des gens et tisser des amitiés. Lentement, on a pris conscience de la situation à Prague, et de comment ça se passait. Là, depuis décembre, tout s’accélère, on sent que la rencontre approche. Il y a de plus en plus de volontaires qui arrivent de Taizé pour nous aider et de plus en plus de Tchèques, ici à Prague, qui viennent nous proposer leur aide. C’est beau. Nous sommes comme une grande famille qui se retrouve pour préparer cet événement. »

Pourquoi avez-vous décidé de participer en tant que volontaire à l’organisation de cette rencontre à Prague ?

« On me l’a d’abord proposé et au début je ne voulais pas. D’une part parce que je ne parle pas tchèque, et d’autre part parce que je ne suis jamais parti aussi longtemps de mon pays, de la France. Et puis finalement je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment besoin de quelqu’un et que c’était une expérience à tenter. Je me suis dit que j’allais découvrir quelque chose et c’est comme ça que je suis venu. Je ne le regrette pas du tout, c’est très sympathique, et pour le tchèque, j’ai appris à me débrouiller un peu. »

Photo: Facebook de Taizé - 2014: Evropské setkání mladých v Praze
Vous êtes de Belfort, vous connaissez donc bien la communauté en France et avez participé à différentes rencontres européennes. Par rapport à votre expérience personnelle de Taizé, quelle présence de la communauté avez-vous découverte en République tchèque ? Selon vous, Taizé, est-ce quelque chose d’important aussi pour les Tchèques, un phénomène que l’on retrouve dans d’autres pays, notamment en Pologne voisine ?

« J’ai l’impression que le lien avec Taizé est un peu différent. Pour moi en France, Taizé finalement, c’est très proche en termes de distance. J’y vais assez facilement, alors qu’ici je me rends compte quand je discute avec les gens que quand on pense Taizé, on pense beaucoup à la dernière rencontre d’il y a bientôt vingt-cinq ans. Les gens l’associent beaucoup à la chute du communisme juste avant, et pour moi c’est important, parce que je suis né à peu près exactement à ce moment-là, en octobre 1989. Je me rends compte que j’ai le même âge que cette révolution. En France, quand on parle de révolution, c’était il y a plus de deux cents ans, c’est loin. Mais là, de se dire qu’il y a une révolution encore présente pour les gens et que, dans leur esprit, la rencontre de Taizé est associée à toute cette vague de jeunes de l’Ouest et de l’Est réunis ensemble à Prague il y a vingt-cinq ans, c’est… Voilà… »

Quelles sont, selon vous, les attentes des Tchèques par rapport à Taizé et à cette rencontre qui approche ?

Photo: Facebook de Taizé - 2014: Evropské setkání mladých v Praze
« J’espère que pour toutes les familles qui vont accueillir des jeunes, cette rencontre permettra de vivre un bel échange de cinq jours, parce qu’il y a un peu de temps au petit-déjeuner et au soir, quand les jeunes rentrent dans les familles, pour échanger. De mon expérience à Prague, je me rends compte que les Tchèques sont un peuple très accueillant. Un peu réservés au début, peut-être comme les Français d’ailleurs, ils ont un peu peur, mais après une demi-heure, les gens sont plus ouverts… Et j’aime beaucoup le ‘jablkový koláč’ ici (tarte aux pommes). »

Vous avez mentionné l’accueil dans les familles. A quelques jours du début de la rencontre, il manque encore pas mal de places pour accueillir des jeunes (6 000 selon le site de l’organisation ce jeudi 18 décembre). Cela a-t-il été le principal souci dans l’organisation de cette rencontre ?

Photo: Facebook de Taizé - 2014: Evropské setkání mladých v Praze
« C’est un grand souci car sans cet accueil la rencontre ne peut pas se faire. En ce moment, surtout dans les dernières semaines, nous sommes sans cesse en train de regarder nos tableaux et de vérifier le nombre de places qu’il reste encore à trouver dans les familles. Mais j’aime beaucoup me dire et me redire qu’à chaque fois que nous recevons l’accord d’une famille pour accueillir deux ou trois jeunes chez elle, c’est bien plus qu’un chiffre. Derrière, il y a surtout une rencontre de cinq jours qui va se passer entre des jeunes et des habitants de Prague et de ses environs. De toutes mes expériences ces dernières années, cela a toujours été quelque chose de magnifique. Je me souviens notamment de ma première rencontre en Pologne à Poznań, c’était ma première rencontre avec les peuples de l’Est, et c’était… Je n’avais jamais vécu un accueil aussi chaleureux avec des gens qui nous refaisaient à manger le soir, qui nous amenaient du thé… Et puis le petit-déjeuner polonais ! Il est tellement différent de celui que nous avons en France et cela m’avait beaucoup marqué aussi. »

Les familles qui souhaitent donc accueillir des jeunes, peuvent se renseigner dans leur commune ou s’informer auprès de l’équipe organisatrice à Prague : www.taizepraha.cz.

Par ailleurs, une émission spéciale consacrée aux rencontres européennes de Taizé à Prague sera diffusée et mise en ligne sur notre site le 26 décembre.