Le gouvernement tchèque refuse la directive européenne instaurant des quotas de femmes dans les directions d’entreprise
Cette semaine, le Conseil des ministres a refusé de soutenir la directive européenne proposée par l’ancienne commissaire européenne en charge de la justice, Viviane Reding, qui a notamment pour objectif de fixer à 40% la proportion de femmes dans les fonctions non exécutives des conseils d’entreprises cotées en bourse. Seuls trois ministres sociaux-démocrates ont soutenu cette initiative au contraire de leurs collègues issus du parti chrétien-démocrate et du mouvement ANO. Paradoxalement, ce texte est à l’heure actuelle défendu par Věra Jourová, commissaire européenne en charge de la justice, de la protection des consommateurs et de l’égalité des sexes, par le passé ministre pour le Développement régional et membre du mouvement ANO.
Le gouvernement de droite libérale de Petr Nečas avait bloqué cette proposition en 2012. En 2014, la coalition tripartite présidée par Bohuslav Sobotka a inscrit le soutien à l’égalité des sexes et à la représentation des femmes dans les postes décisionnels dans sa déclaration de programme gouvernemental. Le ministre en charge des droits de l’homme Jiří Dienstbier et la ministre du Travail et des Affaires sociales Michaela Marksová Tominová ont ouvertement soutenu la directive européenne en question. Si le cabinet s’est finalement opposé à ce texte, c’est notamment à cause du refus des ministres du mouvement ANO du vice-Premier ministre Andrej Babiš.
Paradoxalement, le texte de la directive leur a été soumis par Věra Jourová, issue de ce même parti. Opposée aux quotas, elle a hérité malgré elle de ce dossier de son prédécesseur Viviane Reding. Néanmoins, le revirement spectaculaire qu’a opéré l’eurocommissaire tchèque, après qu’un député européen lui a recommandé la lecture de Judith Butler, philosophe féministe notoire, n’a pas été suivi par son propre parti. Au micro de la télévision publique, Věra Jourová a déclaré qu’il s’agissait d’un défi pour elle de convaincre les membres de son parti de l’opportunité d’une telle mesure, sachant que la République tchèque se trouve en-dessous de la moyenne européenne avec seulement 9% de femmes dans les administrations non-exécutives des entreprises cotées en bourse.