Presse : pourquoi la Tchéquie n’a pas dit non au blé ukrainien
Cette nouvelle revue de la presse tchèque se penche d’abord sur la position de différents pays de l’Europe centrale sur les importations de blé ukrainien. Elle s’intéresse également à la polémique autour de l’énergie nucléaire, au faible taux d’emploi des femmes avec enfants, ou encore à la possible limitation de vitesse à Prague à 30 km/h.
« Le blé ukrainien bon marché a balayé l’idée selon laquelle l’influence de l’Europe centrale et orientale au sein de l’Union européenne et de l’OTAN allait, à cause de son autorité morale proclamée à voix haute, considérablement augmenter. ». C’est ce que l’on pouvait lire dans une récente édition du quotidien Hospodářské noviny qui s’est penché sur la décision de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie de suspendre temportairement l’importation du blé ukrainien dans leurs pays. L’auteur de l’article écrit :
« Certes, l’Europe centrale et orientale a fait beaucoup pour l’Ukraine. Mais aujourd’hui, il s’avère que la peur des agriculteurs locaux prévaut sur la volonté d’aider le pays qui continue à se défendre bravement. La prétendue supériorité morale que certains politiciens de la région se plaisaient à afficher s’est évaporée. Le fait que les céréales ukrainiens ne soient plus les bienvenus dans certains de ses pays a de quoi amuser les dirigeants à Paris et à Berlin. Pire encore: des failles dans l’unité européenne doivent être joyeusement saluées au Kremlin. »
La Tchéquie, quant à elle, n’a pas suspendu l’importation de produits agricoles ukrainiens. L’éditorialiste du quotidien économique replace la polémique autour de ce sujet dans un contexte plus large :
« Cette situation confirme l’absurdité des appels à ce que l’Ukraine devienne au plus vite possible membre de l’Union européenne qui se font entendre notamment en Europe centrale. On s’est habitué à prétendre que les Ukrainiens doivent être membres de l’UE, parce qu’ils en ont le droit moral. Bien que justifié, cet argument ne suffit pas. Cette adhésion exige des changements fondamentaux se rapportant non seulement à l’Ukraine, mais aussi au fonctionnement de l’UE. La politique agricole européenne en est un exemple marquant. »
La Tchéquie face à la polémique sur le nucléaire
Qui a raison ? Les partisans ou les adversaires du nucléaire ? L’éditorialiste du journal Deník s’intéresse à la polémique au sein de l’Union européenne :
« La position de la Tchéquie est délicate, car ses deux voisins, l’Allemagne et l’Autriche, occupent sur le front énergétique imaginaire la position anti-nucléaire. S’agissant de ses autres pays voisins ou proches, c’est seulement en Slovaquie et en Hongrie que des centrales nucléaires sont en activité. Au sein de l’Union européenne, c’est notamment la France qui se tourne, tout comme la Tchéquie, vers l’énergie nucléaire. Or les intérêts de la France dans le domaine énergétique sont pourtant bien plus larges et l’atome n’y représente, à la différence de la République tchèque, que l’un des piliers de la future production énergétique. »
Le journaliste souligne que la Tchéquie doit prochainement réaliser une construction économiquement raisonnable de trois nouveaux grands réacteurs, trouver un centre de stockage de déchets nucléaires et mettre en place une production en série de petits réacteurs ou réchauffeurs pour ses centrales thermiques.
« Pourtant, les choses n’avancent pas comme il faut, comme si nous ne croyions pas nous-mêmes pleinement à l'énergie nucléaire. Et comme si nous ne voulions pas être du côté des perdants dans l'UE », remarque le journaliste du quotidien Deník.
Les intérêts russes et chinois de l’ancien président Miloš Zeman
Les soupçons concernant la prétendue servilité de Miloš Zeman envers la Russie et la Chine se concrétisent. C’est ce dont fait part la dernière édition de Respekt qui a obtenu la correspondance de l’ancien président tchèque avec les chefs des deux Etats concernés, Vladimir Poutine et Xi Jinping. La chancellerie présidentielle l’a rendue publique conformément à la loi sur l’accès libre aux informations. L’hebdomadaire écrit à ce propos :
« Au cours de ses deux mandats présidentiels s’étendant sur dix ans, Zeman cherchait à faire de ses homologues russe et chinois ses alliés politiques les plus proches. Il s’est entretenu à plusieurs reprises avec eux et ils avaient également des contacts écrits fréquents. Dans les dix lettres adressées à Poutine et dans la douzaine de celles envoyées à Xi Jinping, sorties des archives, Zeman se présente effectivement comme un défenseur des intérêts russes et chinois. »
Ainsi, par exemple, Zeman plaidait en faveur d’une alliance énergétique nucléaire plus étroite avec la Russie. Le tout au moment où le gouvernement a lancé un appel d’offre pour l’élargissement de la centrale nucléaire tchèque de Dukovany, qui a intéressé entre autres la société russe Rosatom. Respekt rappelle que contrairement à cette approche, les services de renseignements tchèques ont averti du risque qu’un contrat avec un Etat autoritaire aurait signifié pour la République tchèque.
Ces femmes qui manquent sur le marché du travail
En Tchéquie, le taux d’emploi des femmes avec enfants est plus bas que dans les autres pays européens. C’est ce que rapporte un texte publié dans le journal en ligne forum24.cz. Son auteur explique:
« Les données publiées par l'OCDE révèlent que le taux d'emploi des mères tchèques ayant un enfant âgé de moins de six ans est deux fois moins élevé que celui des mères sans enfant. (…) Le gouvernement devrait sérieusement s’occuper de cette disparité, en raison, entre autres, de la mauvaise forme de l'économie. »
Pourquoi une grande partie des mères tchèques n’entendent pas aller travailler même au bout de quelques années qui s’écoulent depuis leur accouchemenrt ? Pour le chroniqueur du journal, c’est la mentalité et les habitudes ancrées dans la société qui en sont responsables et qui sont contraignantes même pour les femmes qui ne veulent pas renoncer si longtemps à leur activité professionnelle.
« Un manque de places dans les écoles maternelles, l’absence de crèches, un soutien presque nul de contrats à temps partiel, autant d’autres causes de cette situation. Tout indique que l’Etat ne tient pas pleinement compte de ce que les femmes capables de travailler manquent tant dans le processus économique que dans le milieu concurrentiel », ajoute-t-il.
30 km/h à Prague ?
La plus violente bataille culturelle qui se déroule actuellement sur le twitter tchèque concerne la limitation de vitesse à Prague à 30 km/h. C’est du moins ce qu’estime le site echo24.cz qui indique que cette bataille évolue également dans les rues et sur les principales voies dans la capitale, leur trafic étant régulièrement bloqué par des militants. Le site aktualne.cz écrit à ce sujet :
« Les mentalités changent et on voit émerger une nouvelle génération qui dénonce la circulation automobile rapide en ville. L’action organisée régulièrement par l’initiative La dernière génération et appelée ‘30 pour Prague’, pendant laquelle les jeunes occupent la jonction qui traverse la capitale, en est une preuve. Ses promoteurs sont souvent étiquetés de néo-marxistes, de gauchistes ou de semeurs de troubles, bien qu’une telle limitation de vitesse soit déjà en viguer, par exemple, en Finlande et en France. »
Le magazine Reflex a indiqué à ce même propos :
« Lorsque les marches à travers Prague en faveur de la limitation de vitesse à 30 km/h ont commencé il y a quelques semaines, on aurait pu les prendre pour une affaire marginale. Il s’avère cependant que cette protestation apporte ses effets, car le maire de Prague tout comme d’autres représentants municipaux se déclarent prêts à négocier avec les militants. Pourra-t-on donc s’attendre à 30 km/h également dans la capitale tchèque ? »